Bleu Azur

Chapitre 8

Mes nouvelles robes étaient là, mais aussi des tenues qui se composaient de pantalons, de bottes, de chemises et de gilets. j'avais aussi des capes pour toutes les saisons. Mellin, était la meilleure elfine, elle s'occupait de moi avec douceur et restait maternelle. Je voyais tous les jours Legolas qui venait me voir et on partageait nos repas ensemble dans la petite salle à manger improvisé. Je ne voyais plus le roi et cela me rassurait un peu quand même.  Mais je me contentais de mon nouveau frère... car c'était ce qu'il m'avait dit. Malgré mes quatre ans... il était intrigué et je le savais. Je n'arrivais pas  à rester enfantine. 
-" Eleanor ! Viens on va se balader ! J'ai un poney pour toi !" s'écria-t-il, en arrivant dans mes appartements. Je levais le nez de mon livre de jolis dessins. 
-" Le roi a -t-il autorisé cette promenade ?" demandais-je calmement. Il fronça les sourcils. 
-" Je ne lui en ai pas parlé... il est occupé avec ses ministres !". Je grognais avant de décider de me lever de ma chaise et partir me changer à l'aide de Mellin qui souriait. 
-" Vous vous entendez très bien avec le Prince ! Je trouve ça merveilleux !"  dit-elle me coiffant. 
-" C'est le seul avec qui je m'entends... je pense..." dis-je me rendant compte que c'était vrai. 
-" Cela viendra ! J'essayerai de trouver quelques elfons d'à peu près votre âge !". Je partit rapidement, me dirigeant vers les écuries avant de croiser soudain, un groupe d'elfine. Mais je ne fis pas attention à elles. Peut-être aurais-je dû ? 

Je vis Legolas tenir son cheval blanc et mon petit poney baie. On partit rapidement vers la forêt. Je regardais autour de moi, tout en apprenant aussi à me tenir à cheval.  Legolas souriait. 
-" C'est bien tu as fais des progrès !" me dit-il. Il était presque fier.
-" Merci..." dis-je concentrée à ne pas laisser mon poney se dérober.  
-" Alors ? Tu veux faire quelque chose de particulier ?" demanda-t-il brusquement. Je poussais un soupir. 
-" Apprendre à parler l'elfique !" marmonnais-je. Il arrêta son cheval et me regarda. 
-" Vraiment ?" sa question me fit raidir. 
-" Bien sûr que non ! Je suis humaine... apprendre cette langue... ne me sera..." commençais-je avant qu'il me coupe. 
-" Bien sûr que si... je peux t'apprendre ! Eleanor... si je te l'apprends... promet moi... de ne pas en parler à quiconque... et de faire comme si tu ne comprenais rien d'accord ?" dit-il. Sa demande me fit tiquer. 
-" Ah... donc ton père.. ne te veux pas ?" depuis quelques temps je m'efforçais à le tutoyer... une demande de sa part... où une exigence...  Je lançais mon poney  au petit trot avant de le faire galoper. Legolas me suivit au trot. Puis on se retrouva dans cette clairière qui me fit toujours la même sensation. Les arbres étaient plus sombres. A moins que ça soit à cause des nuages gris qui annonçaient de la pluie ?  Je poussais un soupir et descendit de mon poney avant de m'approcher des arbres. Leurs troncs noirs  me rendait triste. 
-" Eleanor... il faut qu'on rentre !" me prévint Legolas.  
-" Le roi ne peut rien faire pour supprimer ça ?" demandais-je assez étonnée qu'il n'est pas tenté de sauver la forêt. 
-" Il n'est pas assez puissant... seul ! Et la forêt couvre des milles à la ronde ! Il faut être extrêmement puissant pour cela ! Il faudrait être un maiar je pense !" dit-il. Je revins pour remonter sur mon poney. 
-" Un maiar ?" 
-" c'est le serviteur d'un Vala ! Il possède des pouvoirs qui peuvent aider et soutenir en cas de conflits !" 
-" et tous les Valar en ont un ?" demandais-je surprise. 
-" Non... Manwë et Varda n'en ont pas ! Mais les autres Valar si !  Même... Melklor..." 
-" Qui est Melklor ?" . Ce nom n'a jamais été prononcé ce qui me surprit.
-" C'est le Vala déchu... heureusement il est mort... mais... son serviteur est le plus dangereux !". Puis il me raconta l'histoire de ce Vala qui me fit froid dans le dos. 
-" Brr... a t'entendre... il devait être tellement laid...". Il se mit à rire. 
-" Oui et si tu n'es pas sage, il viendra  te voir !!". Je couinais de peur quand il se pencha d'un coup vers moi que même mon poney fit un écart, manquant de me faire tomber. Je lui lançais un regard noir quand il sourit fier de lui. 
-" Tss... Crétin..." marmonnais-je. Il me fit des gros yeux, mais je décidais de l'ignorer. Je partis au galop et on revint ainsi tranquillement vers le palais. En rentrant de l'écurie, je voulus me rendre dans mes appartements, mais je vis Feren s'approcher de moi, le visage toujours aussi calme. 
-" Dame Eleanor, le roi vous convoque dans son bureau immédiatement !" me dit-il. Je fronçais les sourcils. 
-" Vous savez pourquoi ?" demandais-je le suivant tout de même en trottinant. 
-" Il est assez... énervé !" voilà une réponse qui manque de précision. On traversa un couloir bien éclairé et enfin on s'arrêta devant deux portes travaillées avec toujours ce motif végétal. 
-" Aran nin, j'ai amené l'enfant !" annonça Feren. 
-" Faites-la entrer !" Ferne s'écarta et poussa la porte, pour me faire entrer. Pour la première fois, j'entrais dans le bureau du roi et je découvris qu'il possédait même un bassin où de l'eau coulait comme une petite rivière. Je vis trois portes, mais je me reconcentrais sur le bureau plutôt simple de Thranduil. Il était assit, penché sur des documents à écrire avec une plume, son expression était toujours aussi froide mais concentré, un pli entre ses deux sourcils se voyait.  Je m'approchais et le saluais avec une petite révérence. 
-" N'avez-vous rien à me dire Eleanor ?" demanda-t-il soudain. Je fronçais les sourcils surprise. 
-" Je me suis promenée avec le Prince Legolas... voilà tout..."
-" N'avez-vous pas ignoré une personne en passant ?". Il releva les yeux, me foudroyant de son regard glacial.  Je réfléchis et secouais la tête. 
-" A vrai dire... non... je ne pense pas... je ne crois pas !" répondis-je, me demandant où voulait-il en venir. 
-" Pourtant, on m'a dit que vous êtes passée sans saluer un groupe d'elfines !" . Et enfin ma mémoire revint. 
-" Oh oui j'ai entrevue un groupe d'elfine mais comme j'étais pressée, je suis passée !" dis-je. 
-" Il va falloir que vous sachiez où est votre place vraiment mortelle !" sa voix claqua, tranchante et sa colère me tomba dessus, sans que je comprenne vraiment pourquoi. 
-" Pardon, mais je ne comprends..."
-"  Il y avait parmi celle ci, une elfine a qui je tiens particulièrement ! Elle était la meilleure amie de mon épouse ! Le respect se doit que vous la saluiez !" 
-" On ne me l'a pas présenté !! Comment voulez-vous que je sache qui elle est si je ne l'ai jamais vu ?!" m'exclamais-je outrée de voir qu'il m'accusait de ne pas être polie. Sa main s'abattit sur son bureau dans un bruit sec et claquant, me faisant sursauter. Je me raidis quand je le vis se lever et contourner le bureau. 
-" Vous vous permettez des libertés... que je n'apprécie pas particulièrement ! Votre place..."
-" Je sais merci bien ! Je ne suis pas idiote tout de même !" m'énervais-je. Et je n'aurais pas dû car la gifle me fit tomber au sol dans un bruit sourd. La douleur qui irradia de ma joue s'ajouta à ma fureur intérieure. Je voulais bondir et lui hurler qu'il pouvait parfaitement m'ignorer mais de là à m'accuser faussement... Des pas s'entendirent. 
-" Adar ?" et je reconnus les bottes de Legolas. Je serrais les poings mais ne relevais pas la tête. 
-" Tu viens justement toujours quand cette gamine fais une idiotie !" répondit son père avec mépris. Legolas s'agenouilla pour attraper mon visage et voir la marque rouge. 
-" Vous lui avez blessé la joue !" dit-il avant de me tirer pour me soulever. Je me retrouvais dans ses bras. 
-" Et alors ? Apprends lui à être plus respectueuse envers ceux qu'elle croise et surtout avec moi ! Elle m'agace à faire sa forte tête ! La prochaine fois, je l'enfermerais pendant un mois dans une de mes geôles !" 
-" Qu'est-ce qui s'est passé ?" 
-" Elle n'a pas saluée Dame Lylwin ! Et tu sais bien qu'elle aime la politesse et l'étiquette ! Et elle est venue se plaindre en disant qu'elle était justement venue pour lui rendre visite et cette gamine l'a totalement ignorée avant de partir te rejoindre !" . Legolas se crispa. Je remarquais que son expression semblait devenir froide et même indifférente. 
-" J'ai demandé à ma petite soeur de se dépêcher ! C'est moi le fautif et non elle ! Et d'ailleurs, Eleanor n'a jamais rencontré Lylwin !" répliqua-t-il avec froideur. 
-" C'est Dame Lylwin  d'abord ! ne commence pas à être aussi irrespectueux qu'elle !!" hurla son père. Je crûs qu'il allait nous tuer, tant son regard brillait d'une lueur de rage et de colère noire. 
-" Je ne la considère pas comme une Dame mais une simple elfine de compagnie ! Ah oui c'est vrai qu'elle vous parle toujours du passé !" . Je tentais de comprendre d'où venait cette tension entre eux.  
-" Sors immédiatement de mon bureau !  Elle dînera avec moi !" 
-" Je viendrais !" 
-" Hors de question ! Tu sais que ça l'a fait souffrir de te voir !" Cette phrase se ponctua d'un silence. J'étais sous le choc. Un père ne parlerait jamais comme ça à son enfant, et cette relation ressemblait tant à mon ancienne vie que je sentis la morsure.  Legolas se détourna et s'en alla. 
-" Et pas de retard sinon je demande qu'on la fouette jusqu'à ce qu'elle implore mon pardon !" . Je détournais la tête, et le laissait marcher pour sortir de cet endroit.  La menace était claire et j'eus un léger frisson qu'il sentit; 
-" Ne t'inquiète pas ! Tout ira bien ! Tu vas aller te préparer immédiatement ! " Mais il semblait pas du tout sûr de lui. 
-" Eleanor... soit prudente quand tu lui réponds... et surtout quand tu seras face à elle ! J'espère que tu comprendras... mais fais tout pour ne pas attirer ses foudres ! Cette elfine... enfin tu verras bien !" me dit-il avant de voir Mellin nous attendre avec inquiétude. 
-" Mettez lui de la pommade pour sa joue... et habillez-là ! Il ne faut pas qu'elle soit en retard !" ordonna-t-il calmement. Je me retrouvais donc séparée de mon frère adoptif. Je remarquais son visage caché par la pénombre et ses yeux exprimait une peine qui me fit mal. 
-" Tout ira bien ! je ferais attention !" furent mes dernières paroles. Je fus apprêté d'une jolie robe bleu pâle avant que Mellin me coiffe.  Je me retrouvais avec de douces boucles.  Quand je sortis, portée dans ses bras, je sentis la tension de l'elfine aussi. 
-"Est-elle aussi effrayante que ça ?" demandais-je doucement. 
-" Elle est... quelqu'un de respectable... donc ne la cherchez pas...". Et on arriva devant la salle à manger. Je me retrouvais déposée devant les immenses portes fermées.  J'attendis, mais le temps s'écoulait et je trouvais ça assez bizarre. Alors je levais les yeux vers les gardes. 
-" Pourriez-vous pousser la porte s'il vous plaît ?" demandais-je. L'elfe me regarda avant de finir par pousser la porte et annoncer mon arrivée. Je me faufilais et découvris qu'ils étaient déjà à table. La sueur froide parcourut mon dos. Je m'avançais avant de voir le regard outré de Feren.  J'arrivais à ma place et grimpais à ma chaise avec difficulté avant de rencontrer enfin la paire de yeux verts qui me mirent mal à l'aise. Elle était magnifique ! Des cheveux d'un roux foncé ondulés, une peau blanche et des traits fins, mais les yeux étaient remplis d'animosité. 
-" Je vous ai pourtant dit que si vous arriviez avec du retard, je demanderais à vous fouetter ?" la voix doucereuse du souverain, à ma droite, me mit en colère, mais je préférais, ne rien répondre. Je saisit la fourchette avant de voir qu'elles étaient en argent. Pas en bois pour moi. Et quand je tentais de soulever la fourchette, elle manqua de tomber. Elle était trop lourde pour ma petite main. J'entendis soudain, un gloussement puis un rire qui éclata. 
-" Aran nin, je ne savais pas qu'elle était aussi incompétente ! Mais elle est mignonne c'est vrai !" déclara l'elfine, regardant le roi avec douceur. 
-" Elle est humaine, c'est normal qu'elle soit incompétente ! Et puis, ce qui m'ennuie est qu'elle n'a que quatre ans !" la réponse fusa et ce fût comme un reproche directement diriger vers moi. Je finis par saisir la fourchette avec mes deux mains et réussir à piquer un morceau de viande et le porte à ma bouche. Il me fallut toute la force si petite elle soit, que je me retrouvais épuisée. Je mâchais ce morceau sans conviction.  
-" Comment se nomme-t-elle ?" demanda Lylwin. 
-" Eleanor." dit-il avec presque ennui. 
-" Joli prénom... Mais ça ne lui sied pas forcément... C'est le prénom d'une princesse... d'une reine pas d'une petite fille... si impolie !" glissa-t-elle comme une observation. 
-" Vraiment ? Comment l'appelerais-tu Lylwin ?" 
-"  Pia Onna ! C'est mignon comme nom non ?" dit-elle comme joyeuse. 
-" Petite créature ? Ha ha ! Tu as vraiment choisit le bon surnom !" 
-" Oh non Aran nin... ça sera son nouveau prénom ! " . Le roi cessa de rire et fronça les sourcils. 
-" Comment ça ?" 
-" Les humains sont si petits... et elle est petite... on donne des prénoms qui vont avec notre physique ou notre personnalité n'est-ce pas ? Je trouve que ça lui va bien ! Pia Onna... c'est joli à l'oreille !" répondit-elle avec douceur. Il me regarda et haussa un sourcil. 
-" mmh... c'est vrai... il lui faut un nouveau prénom... puisqu'elle est avec mon fils... Bien. Voilà un nouveau prénom pour vous !" me dit-il. 
-" Soit flatté Pia Onna, je t'ai donné ce nom en quenya ! Ce qui est un honneur !" déclara-t-elle me regardant avec un sourire qui semblait doux, mais sa voix était acéré. 
-" Merci." dis-je, avant me recevoir un regard courroucé. 
-" Merci Dame Lylwin..." précisais-je.  J'avais envie de partir, mais ma faim, finit par s'entendre et cela énerva le roi.
-" Mais bon sang ! Mangez à la fin !!". Sa voix était telle de la foudre. 
-" Je m'excuse... mais finalement... ce repas... est trop consistant... pour moi..." dis-je, essayant de rester la plus humble. 
-" Bien alors allez-vous-en !" lança le roi, faisant signe de me chasser.  Quand je quittais la salle, j'entendis leurs voix et leurs rires.  Je n'avais manger qu'un morceau de viande. Quand j'arrivais devant mes appartements, je sentit tout remonter et je fonçais vomir dans le jardin. Je restais quelques secondes au sol, à trembler avant que les larmes montent et tombent en petites gouttes. 
Legolas n'était pas là... il devait être partit, pour chasser les araignées... et j'étais seule. Je rentrais dans les appartements sans conviction, l'esprit presque ailleurs.  Les larmes continuaient de couler sans que je puisse les arrêter et la voix de Mellin, ne fit que briser cet instant de résistance. Je me mis à pleurer, de la pire des façons. J'étais blessée. Etre traitée ainsi... me rappelais déjà où étais ma place. Le bonheur que j'avais souhaité... n'étais pas là ! Ce n'était qu'une chimère ! Après avoir pleuré de toute mes larmes, je m'endormis épuisée, sans vraiment savoir que la fièvre était montée et que je restais ainsi pendant plus de deux jours.