Bleu Azur

Chapitre 10

Lassée de me voir toujours dans la chambre royale, je finis par quitter, ses appartements doucement, alors qu'il était partit faire son conseil ! Je me faufilais dans le couloir avant que je remarque que la porte était entrouverte.  Je jetais un œil et vit Mellin qui essayait de faire face à Lylwin. Je serrais les dents et quand je la vis jeter un vase au sol, je poussais avec mes forces les portes qui claquèrent.  Elle se retourna et nos regards s'affrontèrent. 
-" Qu'est-ce qu'il se passe ici ?" demandais-je froidement, m'approchant pour voir que Mellin semblait légèrement effrayée. 
-" Oh... j'ai remarqué que vous n'étiez plus dans vos appartements... Pia Onna ! Et quand j'ai sû où vous étiez... j'ai voulu demander plus de précision !" répondit Lylwin, souriant légèrement. 
-" J'étais dans les appartements du roi, cela vous suffit-il ? Où vous souhaité importunez ma nourrice encore longtemps ?" répliquais-je. Elle fronça les sourcils. 
-" Voilà donc que vous prenez la grosse tête, petite chose !". je serrais les poings. 
-" Dois-je entendre que j'ai de l'orgueil ? " demandais-je. 
-" Votre nourrice à renverser ce vase ! Que le roi a déposé avec les fleurs. Qu'elle le ramasse !" déclara Lylwin, fixant avec froideur Mellin. Je fixais les bouts de verre au sol. Je vis que Mellin allait obéir, je la retins. 
-" Hors de question ! Ne faites pas ça Mellin !" 
-" Je lui ai donné un ordre !". Je poussais une grande inspiration. 
-" je vais le faire." dis-je. Et c'est ce que je fis. Je m'abaissais à ramasser ses bouts de verre, me blessant les mains. le rire qui éclata sembla sauvage. 
-" Voilà qui est si gentil, elle te protège Mellin... une si petite chose ! Ha ha ! Voilà tout ce que je veux voir. Tu n'es qu'une enfant... alors je te conseille une chose Pia Onna !  Eloigne le roi, blesse le ! D'ailleurs tu pourrais le faire non ? Il va y avoir ton père ... humain je crois bien ! Voilà déjà une belle perche que je te tends ! Je t'offre le moyen d'apaiser mon courroux... Réfléchis-y !" et je l'entendis s'éloigner. La douleur et surtout l'humiliation me fit la même morsure au cœur. Mais je n'avais pas eu le choix ! 
-" Vous n'êtes pas obligé de faire ça !" s'écria Mellin, essayant de me retenir. 
-" Parce que vous vouliez les ramasser à mains nues ? je préfère que ça soit mes doigts qui soit blessées que les vôtres Mellin !" répondis-je sèchement.  Je terminais de ramasser les derniers morceaux, mes doigts étaient en sang. Ma fierté aussi. Alors que Mellin s'approchait pour venir me soigner, je vis le roi passer et s'arrêter. Son regard passa des morceaux de verre à mes doigts. 
-" Vous êtes aussi maladroite que ça Peneth ?" demanda-t-il froidement. Je le fixais totalement figée. 
-" Je... je n'ai pas fait exprès... je ferais attention... la prochaine fois..." dis-je. 
-" Et soignez moi ça. Je n'ai pas envie que Bard voit ça !" lança-t-il avant de partir. Je fixais la porte là où il avait été.  Plutôt de s'enquérir... il rejetait la faute sur moi ?  Je me retrouvais avec les mains bandées.  Je me retrouvais avec une jolie robe simple et j'attendis pour que Feren arrive et m'annonce que Bard se trouvait dans le Hall. Je le suivit en silence. Il regarda mes mains. 
-" Voulez-vous que je fasse quérir un guérisseur ?" demanda-t-il poliment. Juste de la politesse... rien d'autres... Je cachais mes mains dans ma robe. 
-" Non ça ira. Merci." répondis-je, détournant le regard. Je refusais de montrer ma faiblesse. et quand j'arrivais dans l'escalier, je vis la silhouette de mon père adoptif et mes larmes montèrent.  Il n'aurait jamais été comme ça !  je laissais tomber les paroles de Lylwin et me précipitais vers lui, courant de mes petites jambes. Je finis par me retrouver dans ses bras, où je pleurais.  La chaleur de ses bras m'avait tant manqué. 
-" Tout va bien Eleanor... je suis là maintenant !" murmura-t-il me réconfortant. Je pus me calmer et on partis vers le jardin intérieur. 
-" Tu as un peu grandit... tu vas bien ?" demanda-t-il avec gravité. 
-" Est-ce que j'ai l'air d'aller bien Bard ?" dis-je, voyant que ses cheveux avait poussés. 
-" Promis... je ferais tout mon possible pour récupérer ma position et te ramener à la maison !" déclara-t-il. Y arrivera-t-il ? Je serrais mes doigts bandés, essayant de les cacher. Mais le regard d'un père est très acéré. Et surtout d'un archer !  Et en une fraction de seconde mes mains se retrouvèrent emprisonnées dans les siennes. Il regarda en silence, mais je sentais qu'il se faisait du soucis pour moi. Mon émotion finit par me submerger et les sanglots secouèrent ce petit corps dont j'avais honte. 
-" Elea... si tu veux je peux te ramener... maintenant... on dirait que personne ne s'occupe de toi correctement !" 
-" Si... j'ai Mellin et Legolas !"répondis-je secouant la tête. 
-" Mais ils ne sont pas avec toi... en ce moment, tu as quatre ans...!  Un enfant de quatre ans, on le garde à l'œil ! As-tu des jouets ?" demanda-t-il. Je me figeais. Et mon expression lui déplût. 
-" Je m'en doutais... par la barbe des nains... mais tu vis dans quoi ?! Dans une coquille de noix ?! Mais bon sang, à quoi pense cet abrutit d'elfe à la fin?!" s'écria-t-il totalement en colère.  Je n'avais pas de jouets... que des livres et des objets pour décorer... voilà tout.  
-" Ce n'est rien ! je peux m'en passer... Et puis je ne vais pas faire une crise... juste pour avoir un jouet !" protestais-je timidement. 
-" Une... crise ?! Mais enfin c'est normal à ton âge de demander un jouet bon sang !!" et son cri me fit sursauter. Je reculais instinctivement. Je sentais sa colère devenir noire. Et je butais contre des jambes. Je me tournais avant de lever la tête et voir que c'était Legolas. Il me regarda brièvement. 
-" Et bien... Moi qui croyais que vos retrouvailles seraient chaleureuses... je..."
-" Dis donc vous ! On vous a offert une gamine de quatre ans et vous ne savez pas quels sont ses besoins ?! Mais à quoi ça rime tout ça ?!" cria Bard. Il était effrayant. Je déglutis nerveusement, ne sachant pas où me mettre. 
-" Merci bien, je connais les besoins d'une enfant... je suis son frère adoptif !" 
-" Ha ha ne vous moquez pas de moi ! Ha ha ! Frère adoptif ? Vraiment ?  Et vous viviez comment quand vous étiez petit ? Sans jouets peut-être ?!  Vous aviez cet état là quand vous étiez comme ça à son âge ?  Vous avez vu ses mains bon sang ?! Où a-t-elle traînée à la fin ?! Une enfant ce n'est pas juste, on la prend de l'étagère puis on la range quand on en a plus besoin, c'est une surveillance constante ! Mange-t-elle bien au moins ?! Je la trouve très maigre ! Ses vêtements... sont piteux !" 
-" Cessez de criti..."
-" Taisez-vous ! Je suis père de famille, vous ne l'êtes pas ! A-t-elle des manteaux pour l'hiver qui approche ? Non il semblerait bien que non !  Alors votre père qui me fait la morale sur ses chaussures avez-vous vu les siennes !? Des ballerines ?! A cette époque de l'année ?! Sa robe, c'est quoi comme tissu ? Vous n'avez pas assez de richesses comme ça pour lui fabriquez une garde robe digne ?! J'ai l'impression de trouvée une mendiante et pas l'enfant que je vous ai laissée ! Tout ce dont j'ai envie c'est de la ramener à la maison !" . Legolas recevait sans fléchir les remarques et les observations, et moi je regardais avec de grands yeux. Quelques elfes étaient passés et avaient entendus. Je sentais la honte me submerger ! Les cris de colère de Bard étaient forts. Et plus il parlait et pointait du doigt ce qui n'allait pas, plus je remarquais, que moi même... je n'avais rien dit... je m'étais accoutumée.  
-" Vous savez comment ça s'appelle ce genre de traitement...?" 
-" J'en parlerais à mon père." répliqua Legolas. 
-" De la négligence !" et cela finit par achever sa colère. Son ton était devenu froid. Et Legolas garda le silence. 
-" Je suis navré... je n'ai pas... pensé à son bien-être..." murmura-t-il se rendant compte... semblait-il de la vérité. 
-" Je peux aller même pire, à des mauvais traitements ! Votre père est celui qui a assumer de l'emmener, alors qu'il assume que je l'emmène avec moi ! Viens Elea... on rentre !"
-" Si vous faites ça, le roi risque d'être furieux !!" s'écria Legolas totalement surprit et légèrement paniqué. 
-" Je m'en moque ! Il ne sait pas prendre soin d'une enfant de quatre ans ! Je refuse de la laisser entre vos mains !" cracha avec mépris Bard, me soulevant. Je ne disais plus rien. A quoi bon ? Si je tentais de prendre le parti de Legolas... soit je serais une hypocrite... soit cela voudrait dire qu'on m'a forcée à accepter ce genre de traitement. Mais de plus, je me rendais compte, que personne ne s'était pas préoccupé autant pour moi... alors j'avais gardé le silence, disant que c'était normal... en fait l'idée ne m'avait nullement effleuré l'esprit. Je n'ai jamais eu de jouets... que quelques poupées cassées par ma grande sœur, à force de marcher dessus... ou de les tordre dans tous les sens... Bard sortit du palais, rapidement. Il monta sur le cheval qu'un elfe tenait et me déposa devant. Legolas arriva en courant. 
-" Bard ! revenez ! Mon père risque de ne pas laisser passer ça !" 
-" Qu'il ose venir avec une armée ! ça serait tellement ridicule... juste pour une enfant !" ricana l'archer. Puis il força son cheval à faire demi-tour. Je vis une dernière fois, l'expression de Legolas. La douleur, et surtout la peur. 
-" Elea !!!" Il hurla, mais on étaient déjà entrain de s'enfoncer dans les bois. Je ne vis plus le palais, ce fût comme si les arbres se remettaient derrière nous, pour préserver l'endroit secret. 

Il galopa un certain moment avant qu'un jeune adolescent l'attende. 
-" Prends-le ! Je rentre en barque !" ordonna-t-il, descendant et me soulevant. Il m'emporta, en silence et me déposa dans la barque. Puis il poussa et se mit à bouger les rames. Je ne savais pas quoi dire... ni où me mettre. 
-" Sigrid, va être contente de te voir ! Elle a beaucoup pleuré, quand je suis revenu... sans toi. elle a essayé de me convaincre d'y aller, mais je ne pouvais plus bouger de chez moi... sinon, je savais que j'aurais tenté de trouver ce maudit palais et je t'aurais ramener !" dit-il au bout d'un moment. 
-" Ai-je l'air si pitoyable que ça ?" murmurais-je au bout d'un moment. Il se figea avant de continuer de ramer. 
-" Tu étais en meilleure santé que ça... Eleanor... quand tu étais chez nous !" répondit-il sèchement.  Quand on approcha de la petite ville, il rentra et rangea sa barque parmi d'autres. L'odeur du poisson, de l'eau, du bois... m'avait manqué. Et je me sentis infiniment chez moi !  Il me souleva et m'emmena rapidement, sautant sur des barques, puis il gravit les marches de la maison en bois qui m'avait manqué, pour rentrer. Il me déposa au sol. 
-" Les enfants ! J'ai une surprise !" lança-t-il de sa voix grave, enlevant son manteau, pour l'accrocher et me pousser doucement au milieu de la pièce. Sigrid sortit la première. Et quand elle me vit, elle laissa son émotion se dévoilé et me serra dans les bras. Bain, arriva et resta stupéfait. 
-" Oh mais elle est maigre !" s'écria-t-elle, me tenant à bout de bras. 
-" Ouai... et regarde le reste..." marmonna Bard, prenant un bol, pour puiser de la soupe et le déposer sur la table. 
-" Ils ne s'en sont pas occupés... Oh tes mains Eleanor !" s'exclama-t-elle, les regardant. Les bandages étaient déjà rouges. 
-" Des coupures..." dis-je, ne sachant pas quoi faire, j'étais en pleine occultation.  
-" Je vais aller chercher de quoi stopper le sang ! Papa s'il te plaît fait la manger !". Avant que j'ai le temps de protester, il me souleva et me déposa sur la chaise face au bol de soupe. Je voulus prendre la cuillère, mais le grognement de la part de l'homme, me stoppa. 
-" C'est moi qui te nourris ! Tu as juste à ouvrir la bouche et manger !" dit-il.  il semblait maussade.  Sigrid revint avec des bandages et les changea. Elle serra fortement afin que le sang s'arrête et que les coupures les plus profondes... se referment rapidement. Après tout ça, je finis par demander d'aller me coucher. J'étais épuisée. Je les entendis parler au travers de la porte, après que Sigrid m'est couché. 
-" Comment va-t-on faire si il la réclame ?" demanda Sigrid à voix basse. 
-" Je lui mettrai mon poing dans la figure surtout oui ! Cependant... je n'ai jamais vu un elfe aussi bouleversé... de se séparer d'elle..." répondit Bard.  Le silence suspendu et Sigrid reprit. 
-" Le roi elfe, ne se laissera jamais faire papa... il tentera de nous intimider... ou nous obliger à la lui rendre par la force !" 
-" Tu veux que je lui rende Eleanor ? Non mais ça va pas ! Hors de question ! Elle n'avait aucun jouets... et quand je l'ai vu... elle était déprimée ! de la dépression à quatre ans !! Mais tout est démontré ! Il ne s'en est pas occupé ! Et ne s'en occupera pas ! Il s'en moque ! Donc... je pense qu'il ne viendra jamais la chercher ! Il s'en fiche d'elle, de ce qu'elle devient !" gronda l'archer, en colère. Je ne pus écouter la suite, mais au fond, je me sentis comme réconfortée, de voir que quelqu'un pensait à moi et s'inquiétait pour moi. Pas que je cherchais ça ! Non ! Mais... au fond... je tentais de retrouver mes souvenirs d'enfance...de ma vie passée et je ne trouvais rien... Peut-être que mon cerveau n'a pas voulu se souvenir, classant ça comme un élément non important !  Si je pouvais avoir une enfance qui soit plus chaleureuse, ou je serais un minimum heureuse, c'était tout ce que je désirais !