Chapitre 21 : Loin de là.

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FATIMA ZAHRA BAH




Une ambiance tendue, un stress, à son comble ainsi qu'un religieux silence environne la salle d'attente dans laquelle je me trouvais avec lui.

Retiré dans son coin, le père de ma patiente avait les mains croisées sur ses genoux. Il fixe le sol, sans rien dire : pas un geste, pas un mot. En fait, aucune parole n'a franchi ses lèvres depuis qu'on a été forcé de fouler ensemble, le sol de cette salle, à l'attente du verdict des médecins.

Il est là, dans son coin, imperturbable, solide comme un roc, scotché sur sa chaise.

Blottie dans le mien, mes deux bras étreignant mon corps, j'ai cette impression d'être un enfant qu'on venait de soumettre au silence. Aucun mot n'a, non plus, réussi à atteindre la barrière de mes lèvres, car à chaque fois que je lève la tête vers cet homme, je me heurte à ce visage aussi fermé qu'un mur, me dissuadant clairement d'émettre le moindre petit mot.

Pendant un petit moment, je me surprends à le détailler en profondeur. Comme souvent, dirai-je, ça m'arrive de faire lorsque je me trouve en sa présence et que je ne suis pas le centre de ce regard déstabilisant dont il semble doté.

Que doit-il penser ?

Que doit-il bien ressentir en ce moment ?

J'ai bien envie de savoir...

Bien que la présente situation ne donne pas trop de réflexion pour aboutir à une réponse convenable.

C'est sûr, il doit être mort d'inquiétude.

J'imagine cette douleur qui doit étreindre son coeur, suivi d'une tristesse qui le poigne. Il doit brûler d'une angoisse silencieuse tout en espérant que tout aille bien.

Des émotions qu'il doit subir mais qu'il refoule et cache derrière ce masque de fer qui ne semble jamais se fissurer.

Néanmoins, cet homme reste un énorme énigme pour moi. Il est bien trop complexe pour que je puisse me contenter de ma propre perception des choses.

J'essaie de deviner, de lire à travers le peu qu'il me montre, mais je n'en mène pas large.

Je ratai soudain un battement lorsqu'il planta le noir de ses yeux, qui viennent pile tomber dans les miens, sauf qu'il les dévia tout aussi vite.

Ça me choque, le temps de quelque seconde.

C'était une première ça...

Enfin, me concernant.

Puisque embarrasser une personne sous un regard insistant, n'est pas chose qui fait sourciller monsieur

Mais alors là, cherche-t-il à cacher son inquiétude ?

J'ai trouvé ses yeux quelque peu dilatés, ses épaules sont tendues. Il revient fixer le sol après avoir laissé ses yeux errer tout autour, perdu dans ses pensées, comme si le monde extérieur n'existait pas.

Comme si je n'existais pas pour être précise.

Ses mains croisées viennent se serrer, signe d'une anxiété contenue. Chaque minute qui passe, semble étirée à l'infini, et une impatience palpable nous couvre alors que, l'attente n'en finie plus.

Cet instant est coupé par les vibrations, accompagnée d'une sonnerie basse provenant de son téléphone et ça a sonné bien longtemps avant qu'il ne décide finalement de raccrocher.

Puis il sembla déverrouiller le portable, à en juger le son qui me parvint, pour ensuite tapoter à grande vitesse sur l'écran. Sûrement un message, qu'il venait d'envoyer à la personne qui s'acharnait visiblement à l'appeler.

FATIMA ZAHRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant