Bonne lecture les amours, <3.FATIMA ZAHRA BAH
Un,
deux,
trois,
quatre...
Mes doigts s'attardent sur cette pétale de fleur avec une forme un peu plus grande et plus allongée, avant de poursuivre mon décompte.
Cinq,
Six...
Au total, je compte douze pétales composant, chaque fleur qui orne le carrelage.
Je me suis prise dans cette activité pour faire passer le temps qui s'étire et mes pensées qui chavirent.
Les carreaux de cette chambre présentent une mosaïque de motifs très délicats. Des fleurs finement dessinées et leurs pétales viennent s'épanouir en arabesques gracieuses.
Leur surface légèrement texturée, offre une sensation de relief sous mes doigts, qui y passent et repassent. Je me laisse enchanter par les teintes qui varient subtilement, passant du bleu profond au blanc éclatant, avec des touches de doré qui capteraient certainement la lumière.
C'est beau, c'est fascinant et je crois que ces dessins sont les seules choses, qui portent un semblant d'éclat dans cette chambre.
Les quatres murs qui m'entoure, sont comme un gros nuage au dessus de ma tête, me causant cette sensation de lourdeur émotionnelle et d'inquiétude constante.
Noire est la nuit et le silence est porteur de nombreux secrets. Dans cette prison de pierre, je me retrouve dans mon coin, prisonnière de mes chagrins.
Un temps j'ouvre les yeux pour continuer mon activité. Un autre, je les clos pour laisser place à un rejeu de souvenirs amers, cherchant à taire mon regain d'espoir, tout frais.
Mes peurs s'amplifient et je me dois de m'occuper, mais je suis contrainte à subir ce silence accablant alors que je ne veux qu'une chose : m'évader un moment, ne serais-ce qu'une poignée de minutes.
Mon seul échappatoire, mon souffle d'air, se trouve être la légère brise provenant de la fenêtre ouverte, où passe la lumière froide de la lune, scintillant comme le plus beau des astres.
Le temps, lui, s'étend toujours. Chaque seconde est comme une éternité à suivre. Je ne peux m'empêcher de faire couler une larme par moment mais malgré cette tristesse : je la sens toujours, cette force qui éclot au fond de moi, avec une résilience douce, un espoir discret.
Je ressasse encore le souvenir amer de voir ma mère me tourner le dos sans un regard en arrière, m'abandonnant devant cette prison dorée, qu'est la villa qui se dressait devant nous comme un château lugubre, porteur d'un avenir sombre, prêt à m'accueillir à bras ouvert.
Tomber sur le regard satisfait de cet homme qui savourait avec une joie qu'il ne cachait même pas, l'éloignement de deux personnes que rien ne semblait pouvoir séparer au monde, m'a tout simplement, retourné les tripes. Je l'ai sentis cette rage sourde qui prenait place dans mon coeur un peu plus, chaque jour. Je n'en avais jamais ressenti autant et il arrive que cela me terrifie : je ne me reconnais pas du tout.
Sauf que cet écart que m'imposait ma mère, était tout simplement horrible à supporter. Maman m'était si cher que je détestais plus que tout, chaque chose qui m'éloignait d'elle, ou qui ferait qu'elle me gronde ou même me punisse d'une quelconque manière soit-elle. Son silence, sa colère, m'ont toujours été incapable à digérer.
VOUS LISEZ
FATIMA ZAHRA
RomanceUne guerre les unis, ils comptent la faire jusqu'au bout. Sauf que... Au creux des failles, tout craque. Au fil des batailles, tout se perd. Vont-ils en finir à mains nus ? «Je te fusille par folie, je te fusille par amour...» SPN