Queen of Disaster - Yigiit4k, xFixxy, Lana del rey
— Franchement, t'as grave abusé...
— Quoi ?! m'insurgé-je. Il m'a manipulé toute la journée pour parvenir à ses fins. Tu trouves pas que c'est lui qui a abusé ?!
À travers le filtre de l'écran, Oli a une teinte verte. Olive, précisément. J'espère pour lui que c'est à cause de la lumière, mais de ce qu'il m'a dit, il n'a rien avalé de la journée. Je me demande par quel miracle il sera en mesure d'opérer le vol retour demain après-midi...
— Il t'a proposé un verre...
— Arrête, on sait tous ce que ça veut dire.
Oli soupire et je vois la caméra bouger alors qu'il se lève pour aller chercher un coca dans le mini bar.
— Il sait que je suis en couple en plus, ajouté-je face à l'absence criante de réaction de mon ami.
— T'avais qu'à dire non !
— Je l'ai fait ! Mais quand même, c'est pas correct de sa part.
Je l'entends décapsuler la canette et verser le contenu dans un verre. L'agacement se lit sur son visage fatigué.
— Lau', désolé, mais sur ce coup-là, t'es un peu psychorigide. Il a tenté sa chance, t'as refusé. Voilà. Fin de l'histoire.
Depuis tout à l'heure, j'essaye de me convaincre que je suis dans mon bon droit, mais peut-être qu'Oli n'a pas tout à fait tort. Je le reconnais, j'ai une vision carrée et désuète des relations et des convenances. Je n'aime pas que ça déborde du cadre. Ça me déstabilise, et ne pas savoir sur quel pied danser m'est très inconfortable.
Cela fait-il de moi une gamine ?
Ce qui m'embête réellement dans cette histoire, c'est l'impression qu'il a joué avec moi. Qu'il se mette ça dans le crâne, je ne suis ni un jouet ni une pièce de viande. Lui et moi sommes collègues. Il aurait dû garder ses distances dès le départ...
— À part ça, comment c'était les visites ? reprend Oli, avec plus d'entrain. Raconte-moi tout, fais-moi rêver ! Car de mon côté, je n'ai vu que ces quatre pauvres murs aujourd'hui. Ah, et ceux des chiottes, pour dégueuler...
Je grimace, culpabilisant à présent d'avoir passé la dernière demi-heure à me plaindre. J'entame alors un récit exhaustif de la journée. Je lui raconte en détail chaque endroit que j'ai découvert, et ce que j'en ai pensé.
— C'était vraiment incroyable. Comme dans les films, mais en plus froid, genre très froid... Demain on pourrait aller se balader avant le vol si tu te sens mieux ?
— Carrément, ouais ! Parce que si je repars sans avoir vu autre chose que cette chambre, je vais criser !
Il bâille en se frottant les yeux.
— Je devrais aller dormir, histoire de récupérer un peu.
— Ça roule. On se tient au courant pour demain ! Repose-toi bien.
L'image se coupe, la communication s'interrompt.
Dans le silence retrouvé de la chambre, mon ventre gargouille : j'ai une faim de loup. Il faut croire que le froid m'a creusé. Les calories dépensées, tout ça tout ça... D'une main devenue paresseuse, je m'empare du menu posé sur la table de chevet et arrête rapidement mon choix sur un club sandwich avec des frites. 40 dollars. Une calculatrice dans la tête, j'opère la soustraction et visualise mon compte se vider inexorablement...
L'appel de la nourriture étant néanmoins plus fort que ma peur des agios, j'appelle le room service pour passer commande. D'après la dame au téléphone, il y en a pour trente minutes. Je suis déjà douchée, en pyjama. J'ai bien envie de regarder un film sur Netflix, mais je préfère le lancer pendant le repas. L'habitude... Alors, je me mets à zoner sur mon téléphone. J'échange quelques messages avec Hugo qui est en soirée apparemment. Ses réponses sont sporadiques, et son orthographe de plus en plus aléatoire... À la fin, il me laisse en « vu ».
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Ciel, Amour et Turbulences
Storie d'amoreElle, est hôtesse de l'air. Lui, est pilote de ligne. Entre eux, il y a bien plus que cette porte blindée qui sépare la cabine du cockpit. Il y a surtout... un immense fossé. Laurine est discrète ; Armand a le monde à ses pieds. C'est simple : ils...