You Belong With Me - Taylor Swift
Deadheading : pour un navigant, fait de voyager en tant que passager tout en étant considéré en service et payé par la compagnie.
La définition n'est donc pas aussi effrayante que le nom le laissait penser.
Tandis que l'équipage en fonction arme les portes, je sors des toilettes et retourne à mon siège avec mon nécessaire de rechange sous le bras.
Pour les phases d'embarquement et de débarquement, nous devons porter l'uniforme afin de pouvoir emprunter les circuits destinés aux équipages. Pendant le vol, cependant, il nous faut retirer les éléments reconnaissables (ailes épinglées sur la veste, badges, cravate ou foulard) afin de ne pas induire les passagers en erreur en cas d'urgence. Ou bien nous changer complètement. C'est le choix que j'ai fait : enfiler un gros sweat confortable par-dessus un legging.
Je m'assois au milieu d'une rangée de trois sièges, tout à l'arrière.
J'y suis seule : les pilotes, les cadres (Éric, donc) et les agents de maitrise (CC et CCP) sont systématiquement surclassés en Affaires. Quant à nous autres pouilleux, c'est quand il reste de la place. Étant celle avec le moins d'ancienneté, c'était cuit d'avance.
Toutefois, je m'accommode fort bien de la situation. Ça m'évite d'avoir l'instructeur dans mon champ de vision. Et comme la classe Éco est loin d'être remplie aujourd'hui, j'ai la rangée pour moi seule.
Que demander de plus ?
Alors que les consignes de sécurité s'affichent sur les écrans, je n'y prête pas attention, je les connais par cœur à présent. Je pourrais les réciter de mémoire. La petite musique en fond sonore aussi est devenue une rengaine familière. Souvent, je l'entends encore quand je me couche à l'hôtel, ou chez moi après un vol.
Par le hublot, j'observe distraitement les avions de la South African Airways qui occupent une grande partie du Terminal, lorsque je ressens une présence à mes côtés. Un parfum.
Du santal.
Je pivote alors sur moi-même, me retrouvant nez à nez avec l'importun gouailleur qui me sert de collègue (et guide touristique). Si bien que j'ai un mouvement de recul ; lui ne bouge pas en revanche. Au contraire, il me contemple avec amusement.
— T'es pas censé être à l'avant, toi ?
Je note que lui aussi préfère voyager en civil : il a passé un sweat à capuche et un jogging gris molletonné.
— J'ai laissé ma place à une hôtesse. Je suis galant.
Je le fixe avec suffisamment d'éloquence pour qu'il concède :
— OK, j'avoue. Je préfère être ici. Qu'est-ce que tu veux, suricate, tu me manquais trop...
Sur ce, il boucle sa ceinture, manière de dire : « j'y suis, j'y reste ». Au coin des lèvres, il a ce sourire d'emmerdeur dont il ne se départit jamais vraiment.
— Je comptais m'allonger pendant le vol. Alors si tu pouvais... aller ailleurs....
— Tu peux toujours dormir sur mes genoux.
J'arque un sourcil, en opposant :
— Vu les réactions que je provoque chez toi, je risque de me réveiller sur le toit d'un chapiteau. Avec une grosse douleur à la mâchoire.
Armand arbore une expression outrée qui lui sied très mal.
— Tu n'es qu'une perverse, suricate !
— Moi ? Bien sûr...
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Ciel, Amour et Turbulences
RomanceElle, est hôtesse de l'air. Lui, est pilote de ligne. Entre eux, il y a bien plus que cette porte blindée qui sépare la cabine du cockpit. Il y a surtout... un immense fossé. Laurine est discrète ; Armand a le monde à ses pieds. C'est simple : ils...