Suite From The Devil Wears Prada - Theodore Shapiro
10 mars
À raison de trois ou quatre vols mensuels – cinq lorsqu'ils sont courts – les derniers mois ont filé ; je n'ai pas vu le temps passer. L'hiver touche presque à sa fin dans l'hémisphère nord, même si aucun frémissement dans la météo maussade ne laisse entrevoir ici les prémices du printemps...
Depuis les couacs et tensions des premières séparations, Hugo et moi avons enfin pris nos marques. Nous sommes maintenant sur un rythme de croisière. Ainsi, chacun de mes retours à Paris est l'occasion d'organiser des activités. Avec les amis quand c'est possible, ou seulement tous les deux. C'est loin d'être évident, car mes repos tombent régulièrement en semaine, quand Hugo est en stage. Au moins, à la fac, il pouvait parfois sécher les cours. Un absentéisme que son père ne saurait tolérer à l'étude notariale...
Du coup, on se débrouille on peut ! Il essaye de finir plus tôt et nous profitons de sorties nocturnes : restaurants, cinéma (popcorn obligatoire – sucré, bien entendu), théâtre si une pièce nous fait envie dans la salle près de chez nous, expos à la noix lorsqu'il parvient à m'y trainer, ou soirée Netflix quand on est tous les deux trop fatigués...
Des bonheurs simples.
Le mois dernier, mon désidérata a payé : j'ai réussi à obtenir un vol San Francisco avec Oli ! En plus, un 4 ON (c'est-à-dire avec quatre jours d'engagement). Nous avions quarante-huit heures d'escale, de quoi avoir un bon aperçu de la ville.
Le premier jour, nous avons pris un bateau pour visiter Alcatraz – c'était génial de découvrir son histoire avec l'audioguide – puis nous avons sillonné les quartiers phare : Lombard Street connue pour ses fameux lacets, Fisherman's Wharf où nous avons mangé un délicieux fish and chips en observant les lions de mer, mais aussi Chinatown et Castro, haut lieu de la communauté LGBT. Le lendemain, le soleil était par chance au rendez-vous, alors nous avons loué des vélos et roulé du Golden Gate Park – encore plus joli que Central Park – jusqu'au Golden Gate Bridge.
Vu l'inclinaison des rues, nous aurions été inspirés de choisir des modèles électriques...
En dépit des courbatures, cette escale était fabuleuse ! Dès que j'en aurai l'occasion, j'y retournerai en vacances pour explorer davantage les environs : Berkeley, Carmel-by-the-Sea, Napa Valley...
En attendant, c'est reparti pour un tour !
Après des mois de rodage, j'arrive au terme de ma période d'essai. Aujourd'hui, c'est mon vol d'instruction. Chaque navigant s'en voit programmer un par an, mais pour moi, il est crucial ; il validera mon intégration définitive dans la compagnie. Tout au long de celui-ci, je serai sous l'étroite surveillance d'un instructeur.
C'est un passage obligé. Une formalité, en réalité. Mais ça me stresse. Plus encore que le rendez-vous annuel chez le dentiste – c'est dire... Il faut que je me surpasse pour me faire bien voir ! Car en plus d'entériner mon embauche, l'évaluation des instructeurs est versée au dossier professionnel. Cela aura son importance si dans quelques années je souhaite devenir cheffe de cabine. C'est la raison pour laquelle je pars de la maison avec une grosse avance ; je préfère rouler tranquille !
Le temps que le moteur s'échauffe, ma Twingo crachote ses poumons. Bruit familier à mes oreilles. C'est un peu comme vivre avec un fumeur : à force, on ne l'entend plus tousser.
Passant la seconde, je m'élance dans la circulation et remonte le grand boulevard : les voies sont saturées de voitures, scooters et camionnettes de livraison. Sans parler des trottinettes et vélos qui manquent de m'arracher un rétro... et des piétons à moitié suicidaires !
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Ciel, Amour et Turbulences
RomanceElle, est hôtesse de l'air. Lui, est pilote de ligne. Entre eux, il y a bien plus que cette porte blindée qui sépare la cabine du cockpit. Il y a surtout... un immense fossé. Laurine est discrète ; Armand a le monde à ses pieds. C'est simple : ils...