Jouer le jeu – The Pirouettes
25 décembre.
Je suis tirée du lit dès potron-minet.
À cette heure, même les oiseaux exotiques les plus braillards ont clos leurs becs, signe qu'ils pioncent encore dans leurs nids...
Pourquoi ne puis-je pas en faire autant, me direz-vous ?
Eh bien, parce qu'Armand a décidé de m'emmerder jusqu'au bout, semble-t-il – au moins, il a enfilé un short et un t-shirt ce matin !
Les cheveux en pétards, je l'envoie promener sans cérémonie, espérant le vexer. Manque de bol, il refuse de s'en aller.
Il toque furieusement à la porte que je viens de lui claquer au visage. Je me vois donc obligée la rouvrir. Malgré son air vaguement outré, il conserve un sourire tenace et n'en démord pas : il insiste pour qu'on parte en randonnée.
Est-ce que j'ai une tête à faire de la grimpette, sérieusement ?
— Allez, je te donne 10 minutes pour te préparer.
Trop bon, m'sieur !
Sans autre réponse qu'un soupir excédé, je referme la porte. Pourtant, moins d'un quart d'heure plus tard, je suis sur le pont comme un bon petit soldat : je ressors chaussée de baskets. De toute façon, j'ai compris qu'il ne lâcherait pas l'affaire, ce fichu pot de colle. Maintenant qu'il a ruiné mon sommeil, autant y aller...
Armand jette un œil impatient à sa montre, comme si nous avions pris du retard sur le programme.
— À la bonne heure !
S'ensuit un trajet en taxi au cours duquel je continue de somnoler. Si bien que je ne vois rien du paysage...
Finalement, la voiture pénètre dans un parc en centre-ville ; elle nous dépose sur le parking encore désert, au pied d'un massif verdoyant. Armand paye la course puis, sac à dos à l'épaule, m'invite à le suivre.
On se dirige vers la cabane des gardes forestiers, installée en évidence. On ne peut pas la rater avec ses inscriptions peintes en rouge sur la façade en bois. Ils enregistrent nos coordonnées, au cas où – des touristes se sont fait récemment braquer sur le sentier, disent-ils.
Formidable !
Même si je n'ai pas posé la question à Armand, notre destination m'apparaît évidente. Ce qui m'amène à lui demander plutôt :
— Tu sais qu'il existe un train pour arriver tout en haut ?
— Oui, mais ce serait moins amusant.
Je ne suis pas de cet avis. L'air est déjà lourd. Saturé d'humidité.
On va en baver. Enfin, je vais en baver.
Qu'importe, Armand resserre les sangles du sac à dos, et c'est parti : trop tard pour faire demi-tour. On s'engage sur le sentier qui monte en pente douce. C'est ainsi pendant la première demi-heure. Je prends confiance. Ça va, en fait !
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Ciel, Amour et Turbulences
RomantizmElle, est hôtesse de l'air. Lui, est pilote de ligne. Entre eux, il y a bien plus que cette porte blindée qui sépare la cabine du cockpit. Il y a surtout... un immense fossé. Laurine est discrète ; Armand a le monde à ses pieds. C'est simple : ils...