Pirouettes, à 10 000 mètres (1/2)

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Love Is In The Air - John Paul Young

23 Décembre.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Du moins, c'est ce qu'on dit.

Une fois par mois, les navigants sur long courrier se voient octroyer sept jours de repos consécutifs. C'est censé nous aider à nous remettre des décalages horaires incessants, compenser le travail de nuit et durant les weekends. Mais voilà, après une semaine d'oisiveté, à trainer à la maison et à écumer les bars avec les amis, il est temps de reprendre mon envol. Raison qui suffit à elle seule à expliquer l'expression boudeuse sur le visage d'Hugo...

— Tu savais que je serais partie pour Noël...

— Oui, mais c'est nul, décrète-t-il avec des yeux de chien battu qui me feraient presque culpabiliser d'aller bosser.

Comme si j'avais expressément réclamé ce vol...

Une main sur la poignée de ma valise, je regarde ma montre. Si ça continue, je vais être en retard.

— Moi aussi j'aurais préféré rester avec toi, tu sais bien... Mais c'est comme ça, c'est le métier ! On se rattrapera à mon retour, tenté-je avec un sourire pour l'amadouer.

— Mais ça sera pas pareil... Et en plus, c'est rebelote pour le Nouvel An !

Je prends alors une grande inspiration.

— Écoute, c'est ma première année, je ne suis pas prioritaire. C'est normal, non ?

— Ouais, bien sûr. Je me dis juste que quand on aura des enfants...

Pas si, mais quand ; j'entends la nuance. Et devant sa gueule d'ange, je fonds complètement. Même si on n'en est pas encore à ce stade, et que je ne suis pas certaine de vouloir des enfants (famille dysfonctionnelle bonjour !), qu'il s'imagine fonder une famille avec moi m'attendrit.

— On trouvera bien un moyen ! Vous me suivrez en escale.

— Mouais...

Cette perspective le laisse de marbre.

— Allez, fais pas la tête !

Tandis qu'il continue de grommeler sur le canapé, je vais chercher ses cadeaux que j'avais planqués dans l'armoire, au fond d'un vieux sac à dos. En plus de la casquette achetée à New York et des places pour le concert de Coldplay que j'ai réservées il y a plusieurs mois, j'ai trouvé cette semaine sa dernière surprise : une chemise de chez Tommy Hilfiger. En revenant dans le salon, je dépose les paquets à côté de lui et ses traits se détendent un peu. La vue de ces présents semble le consoler.

— Je te les donne maintenant, mais tu te rappelles :  tu ne les ouvres pas avant demain soir !

— OK !

— Tu promets ?

— Promis.

En échange, il se lève et me remet une enveloppe qu'il avait rangée dans le tiroir du meuble TV, entre deux classeurs. Je l'embrasse tendrement, il me serre fort contre lui. Je voudrais ne jamais quitter la chaleur de son étreinte, mais il est l'heure... Me détachant de lui, je glisse l'enveloppe dans mon sac à main et me mets en route.

Direction l'aéroport.

Ou plutôt, Rio de Janeiro.

***

Quand j'arrive à la Cité PN – cette partie du siège social de la compagnie destinée aux navigants –, je m'empresse de déposer ma valise sur le tapis bagage puis de badger sur les ordinateurs. L'écran m'indique alors la salle allouée au briefing de mon vol : elle est située à l'étage supérieur.

Ciel, Amour et TurbulencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant