Suivre le Soleil - Vanille
26 décembre.
Hugo vient à ma rencontre dès qu'il entend les roues de ma valise glisser dans l'entrée. C'est comme le chat que nous avions chez mes parents quand j'étais enfant – Caramel. À l'instant où j'insérais la clef dans la serrure de l'appartement, il miaulait derrière la porte : à croire qu'il avait passé la journée à attendre là !
— Tu m'as manqué mon amour !
Hugo me comble d'un long baiser, à la fois tendre et langoureux. Ses bras forts m'enserrent. Que c'est bon ! Je pourrais m'y endormir sur le champ tellement je suis fatiguée...
Encore un vol de nuit...
Heureusement, Armand ne m'a pas séquestrée dans le cockpit, sans quoi je me serais écroulée ; lorsque la fatigue m'emporte, j'ai besoin d'être active pour garder les yeux ouverts.
— Toi aussi, tu m'as manqué... Au moins autant que le soleil de Rio à présent, plaisantai-je en observant le ciel blafard à travers la fenêtre. (Il rit contre mon cou) C'était bien chez tes parents ?
— C'était parfait, comme chaque année.
— J'aurais aimé être là.
— L'année prochaine !
Je souris, mais j'évite de répondre. C'est une promesse que je ne suis pas en mesure de lui faire. Personne ne peut dire quel sera le planning l'année suivante, et je ne veux pas prendre le risque de le décevoir.
Doucement, je me dégage de ses bras et mon sourire se désagrège en découvrant le souk qu'il a mis en mon absence. Des restes séchés de nourriture reposent dans une assiette devant la TV (RIP la vieille escalope de dinde ! ) ; une tonne de vêtements est entassée sur les hauts tabourets du bar comme s'il s'agissait d'une armoire ; des chaussettes – sales sans aucun doute – trainent sur le canapé ; le parquet est crade, ça se voit qu'il n'a pas passé l'aspirateur ni la serpillère...
— Hugo... me lamenté-je en regardant le boulot qu'il m'a laissé.
Ça peut paraître ridicule, mais à l'heure actuelle je me sens si épuisée – physiquement et moralement – que je pourrais fondre en larmes... Mes batteries sont à plat. Je ne tiens que sur les nerfs (et grâce à la dizaine de cafés que j'ai avalés pendant le vol). Et le foutoir qui règne n'est pas de nature à les calmer !
— Quoi ? me demande-t-il en suivant mon regard, mais sans rien voir de ce qui pose problème.
— C'est le bazar...
— Tu ne m'avais pas demandé de ranger, avance-t-il sur la défensive.
— Je ne t'ai pas non plus dit de transformer l'appartement en porcherie, et pourtant...
J'ouvre les bras de façon éloquente.
Depuis que je le connais, Hugo a toujours eu tendance à être bordélique – je soupçonne Agnès d'avoir trop dorloté son fils unique –, mais comme je vivais avec lui H24, sept jours sur sept, je ne le laissais pas partir à la dérive. Je le reprenais au fur et à mesure. Sans cesse, en réalité : Range tes chaussures dans le meuble ! Ne laisse pas trainer ton manteau sur la chaise ! Mets tes chaussettes sales dans la panière. Un véritable rôle de mère qu'aujourd'hui, je n'ai, ni l'envie, ni l'énergie de tenir...
— Ah d'accord ! Donc tu rentres et tu me prends direct la tête...
Je veux à tout prix éviter de me disputer avec lui, mais... ça me met hors de moi !
— Eh bien désolée de te « prendre la tête » comme tu dis ! Je rentre de 11h de vol... Tu sais ce que sais de bosser plus de 12 h d'affilé ?!
— C'est pas moi qui l'ai choisi, ça !
VOUS LISEZ
Ciel, Amour et Turbulences
RomanceElle, est hôtesse de l'air. Lui, est pilote de ligne. Entre eux, il y a bien plus que cette porte blindée qui sépare la cabine du cockpit. Il y a surtout... un immense fossé. Laurine est discrète ; Armand a le monde à ses pieds. C'est simple : ils...