Kyler Jones
Je pose ma main sur l'arrière du siège passager en tournant la tête vers l'arrière de la voiture pour reculer. Qu'est-ce qu'il fout putain ? Cela fait maintenant plus de quinze minutes que je l'attends alors qu'il m'a dit revenir au bout de cinq. Il sait très bien que je suis comme lui au sujet de l'impatience pourtant, mais il prend toujours plaisir à me contrarier. Il adore cela.
Je suis garé dans une petite ruelle adjacente à celle de la maison de sa sœur, mais je décide d'aller voir devant. On ne sait jamais quand ça va mal se passer. À tout moment, le gang adverse nous a suivis et c'en est pris à elle pour l'attaquer lui, après tout c'est à ce sujet que nous sommes là.
Je me place lentement en face du portail gris en acier assez imposant. Juste en face, de l'autre côté, on peut y voir une large porte blanche avec un sticker en forme de colibri solaris dont seulement les contours en noir sont visibles dessus. De part et d'autre de la porte, il y a deux Modicum Chionanthus couverts de neige. Je commence vraiment à m'ennuyer. Mais au moment où je prends mon téléphone pour jouer à un jeu, une grande silhouette sombre s'approche. Il arrive en fronçant les sourcils et en serrant les poings. Cela ne présage rien de bon. Il murmure un râle en s'installant puis ferme la portière en me regardant :
— Au centre !
Je m'exécute sans broncher de peur de finir démembré. Je fixe la route et lui regarde son téléphone. Je fais bien mieux de me taire, le voir en colère c'est comme se retrouver face à un colibri solaris, l'oiseau le plus perfide et menaçant de notre monde. Personne n'ose s'en approcher.
— Roule plus vite ! Si on arrive pas avant onze heures, je te jure que je t'arrache les ongles un à un et je te les fais bouffer juste après.
J'ignore sa menace, il vaut mieux ne rien répondre. Si je le fais, je signe mon arrêt de mort. Il ne veut visiblement pas rester ici une seconde de plus. Je crois que son entrevue ne s'est pas tout à fait passé comme il l'avait prédit, alors inutile de chercher la petite bête. Maintenant il veut rentrer le plus vite possible pour pouvoir se défouler sur quelque chose, ou plutôt quelqu'un, en claire, ce qui lui tomberait sous la main. Je n'aimerais pas faire partie de ses victimes...
Il est dix heures, c'est jouable en roulant vite, à double vitesse puisqu'il faut environ deux heures pour arriver au centre du chef du Nord-Ouest en respectant les réglementations. Je ne risque pas de me faire stationner puisque tout le monde-ou presque- s'en fiche de ce que peuvent bien faire les Autres, la plupart des gens n'essaient pas de nous chercher des noises, y compris la Cavalerie.
J'accélère la vitesse en souriant. Quel plaisir d'entendre son moteur gronder. Nous avons acheté la voiture plus tôt dans la matinée grâce à l'argent reçu dans nos affaires. Il faut dire que nous sommes plutôt satisfaits, 20 000 000 Diablotins en deux jours ce n'est pas trop mal. Certes ce n'est pas autant que ce que nous avions envisagé mais ça suffit amplement. En plus, avec quelques menaces, nous avons eu cette merveille pour seulement 30 000 Diablotins, "offre" non négociable.
Je me retourne dans sa direction, il est toujours concentré sur son écran, ne clignant que rarement des paupières. Je l'interroge du regard, mais il oriente son visage vers moi et me jauge froidement (pour changer).
— Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ? Un problème, peut-être ? Crie-t-il.
— Je me demande ce que tu as prévu...
Cette fois j'y vais au culot, je suis bien trop curieux de savoir ce qui va se passer. Il me dévisage, me faisant comprendre, rien qu'avec son regard assassin, que je ferais mieux de ne plus lui adresser la parole, ce que je fais. Je veux bien tester ses réactions de temps en temps, mais pas jusqu'à m'en faire arracher certains membres. Je le connais assez bien pour savoir qu'il n'hésiterait pas une seconde à mettre ses plans à exécution. Je préfère donc détourner mon regard du sien et le porter sur la route. En même temps, je ne tiens pas à causer un accident, les routes sont très dangereuses à cause de la neige et du verglas dans ce pays. C'est d'ailleurs la cause des accidents les plus meurtriers de notre Monde. "La gelée annuelle de Westalie". Je tue déjà assez de gens tous les jours et ça me suffit aisément. Et même sans cela, un accident en plus de son humeur de merde à gérer, non-merci, c'est déjà bien assez dur comme ça. Je passe l'éponge.
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Les toiles rouges
Teen FictionEilleen Bremen, une jeune enquêtrice talentueuse de 22 ans, est confrontée à une affaire non résolue depuis six ans, avec seulement six mois pour la résoudre. Sa mission la plonge au cœur d'un gang notoire, étroitement lié à l'histoire trouble de sa...