Eilleen Bremen
Je n'ai pas réussi à dormir tant je suis perturbée par les paroles froides et détachées de mon frère. Je n'ai fait que me retourner dans mon lit, ne sachant pas dans quelle position me mettre pour me sentir à l'aise. Ne sachant pas à quoi penser. Ne sachant pas comment réagir. Ne sachant pas ce que je vais faire.
Je me sens si faible... incapable d'affronter mon propre frère que j'ai presque élevé après la mort de nos parents. Je n'ai pas fait ce qu'il fallait, je ne l'ai pas protégé. Je suis la pire des grandes sœurs. À cause de moi, il a fichu sa vie en l'air. Je ne sais ni ce qu'il fait ni où il va, mais ce qui est sûr, c'est qu'il passe à côté de pleins de bonnes choses et tout ça par ma faute ! J'aurais dû être avec mes parents le jour de l'accident. J'aurais dû mourir avec eux. Il aurait peut-être eu un meilleur avenir avec grand-mère, sans moi. Il aurait peut-être fait des études, et il aurait peut-être même eu une petite amie. Je pense que je le répugne tant qu'il en évite la gent féminine un maximum.
Est-ce de ma faute ? "Oui Eilleen, ça a toujours été de ta faute, même enfant, surtout enfant".
Je me décide enfin à quitter mon lit que je n'avais fait que froisser à force de gigoter. Mes pieds chauds se posent délicatement sur le sol glacé de ma chambre, ce qui me fait frémir. Il neigera sûrement pour mon anniversaire.
Mon anniversaire... je vais le passer encore une fois seule, sans mon frère. "De toute manière, cela ne te change pas grand-chose, même petite, personne ne te fêtait ton anniversaire, ni celui de ton frère d'ailleurs. C'était deux jours comme les 363 autres."
Pourquoi m'a-t-il fait cette demande ? Pourquoi veut-il couper les ponts ? Je regarde ma montre, il est déjà vingt et une heures. Mon pouls s'accélère en crescendo lorsque je sens mon téléphone vibrer à l'intérieur de la poche avant de mon jean. Faites que ça ne soit pas mon frère.
Pour être honnête, je n'ai pas vraiment réfléchi à ma décision durant la journée. J'ai passé mon temps à me poser diverses questions mais à aucun moment je n'ai fait un choix. De dix heures du matin à neuf heures du soir je suis restée couchée à réfléchir, car il m'était impossible de dormir. Cela m'est déjà arrivé plusieurs fois, mais pas durant une si longue période. Le maximum d'heures à cogiter sans fermer l'œil était jusqu'alors de dix heures. Je suis de nature très nerveuse.
J'attrape mon téléphone en réalisant que je suis encore dans mes pensées. Je décroche, le cœur lourd après avoir vu s'afficher en grand la première lettre du prénom de mon frère avec un cœur.
— Bonsoir, sœurette, me salue-t-il aussitôt que j'ai décroché.
Mon cœur bouillonne. Il ose m'appeler "sœurette" après une demande aussi horrible qu'absurde !
— Tu m'ignores ? T'es vénère c'est ça ?
Je sens son sourire dans le coin à travers le téléphone. Il se fout de ma gueule ?! Une colère non-dissimulée s'empare de moi, de plus en plus forte à chaque seconde qui passe. Je ne tarderais pas à la laisser s'emparer de ma voix.
— Petite sœur ? Tu me réponds ? Si tu ne réponds pas je prendrais ta réponse pour un non et tu me verras dans l'obligation de faire quelque chose qui ne plaira ni à toi ni à moi.
— Ah oui ? Et que comptes-tu faire au juste ? Je m'exclame. Me tuer ? Tu oses me demander de t'oublier ! Mais pourquoi ?! Qu'est-ce que j'ai mal fait ?
Je reprends ma respiration, hors d'alêne, un tremblement secoue mes membres et je me crispe et m'asseyant sur mon lit. Un sanglot étouffé jaillit de mes yeux Hazel et je sens mon pouls s'accentuer encore plus.
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Les toiles rouges
Teen FictionEilleen Bremen, une jeune enquêtrice talentueuse de 22 ans, est confrontée à une affaire non résolue depuis six ans, avec seulement six mois pour la résoudre. Sa mission la plonge au cœur d'un gang notoire, étroitement lié à l'histoire trouble de sa...