Chapitre 36

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Layke Bremen, quelques heures plus tôt

Je commence à sérieusement stresser. En l'espace de quelques jours il s'est passé un gros paquet de choses. L'attaque au chalet, notre fuite avec Keice, la découverte de l'enlèvement de Tate et ma sœur, la fugue de Willa Freiss, notre repli d'urgence dans les secteurs de Kaci et notre conversation pénible. J'ai réussi à localiser mon ami et ma grande sœur grâce au traceur que j'ai intimé à Jake de cacher dans ses vêtements l'autre jour.

— Il faut retrouver Willa. Mais je ne peux pas laisser Eilleen entre les mains de ses enfoirés...

— C'est bien logique, acquiesce le chef de l'Ouest, je comprends tout à fait. C'est pourquoi je te propose une chose.

Je m'attable en face de lui et croise les bras. Nous sommes dans une grande brèche servant de cuisine dans la grotte.

— Je t'écoute.

— Je te propose d'aller rejoindre Tate et Sarah avec une dizaine de mes hommes et que de mon côté, que je parte avec d'autres à la recherche de Willa.

— Mais on a encore un problème. Et si des Fratres-Sanguinum vous attaquaient ou bien nous ?

— Nous y serions préparés comme à chaque fois. Mais dans tous les cas, en faisant simultanément ces deux missions, nous aurons peut-être une chance inouïe de les vaincre. Je n'aime pas dire ça, mais heureusement que ta sœur s'est fait kidnappée...

Je me redresse vivement et lui attrape la gorge en le soulevant de sa chaise. Il ne fait rien, sachant pertinemment qu'il finirait six pieds sous terre.

— Ne redis plus jamais une telle chose ! Tu ne peux pas savoir ce qu'elle a vécu ! Elle a eu une enfance et une vie de merde alors ferme bien ta gueule ! C'est déjà de trop ! Tu ne peux pas imaginer comme je regrette de l'avoir fait kidnapper, de lui avoir caché de choses et menti pendant des années... Elle ne méritait pas ça ! Même quand j'étais enfant je n'ai pas été capable de la protéger... Je regrette tellement... S'il lui est arrivé malheur... je... je ne pourrais plus vivre...

Ma voix est faible, mais je ne pleure pas. Je le lâche et il toussote avant de se rasseoir comme si rien ne s'était passé.

— Ce n'est pas dans ce sens-là que j'ai dis cela, pardonne-moi. Je voulais dire que ça nous a permis de localiser leur repère et que ça nous offre l'occasion de les attaquer par surprise.

— Oui...

— En revanche, de mon côté... ça risque d'être plus compliqué, car on ne sait pas où elle est allée et nous n'avons aucun moyen pour la retrouver rapidement si ce n'est que de mener une enquête approfondie. Elle est partie il y a déjà plus de trois jours... William n'a aucune idée de l'endroit où elle est, mais il n'est pas rassuré du tout. Il a persisté sur le fait que ce à quoi elle pensait n'allait pas nous plaire. Cody a tenté de lui faire cracher le morceau, en vain.

L'intéressé fait justement irruption et s'attable à ma droite.

— Layke... ma sœur va faire une grave bêtise...

— Comment peux-tu en être certain ?

Il pose sa main sur mes tempes et je ne le repousse pas, je sais que les jumeaux ont hérité de certains dons, n'en sachant quand bien même pas la réelle étendue.

Soudain, il m'envoie par télépathie ses souvenirs d'enfance, lorsque leurs parents les obligeaient, lui et sa jumelle, à tuer des gens qu'ils avaient enlevés afin de se servir de leur sang pour peindre des tableaux sur des toiles qu'ils allaient ensuite vendre à des prix exorbitants dans des salons. Ses souvenirs me bouleversent réellement. Ils ont vécu eux aussi des horreurs... tout comme ma grande sœur et moi, mais à des degrés différents. Ce n'est pas comparable, hormis sur le fait que nous avons tous les quatre eu des parents monstrueux. Ensuite, il me fait visionner sa dispute avec Willa, la veille de son départ.

Les toiles rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant