Chapitre 8

21 1 0
                                    

Keice Braus

Dix minutes. Dix minutes face à un dilemme moral. Dix minutes à devoir trouver une solution inexistante. Je suis totalement perdu. Démuni. Que faire ? Je dois me reprendre, je ne dois pas lâcher. Réfléchis, putain !

Dans tous les cas, peu importe ce que je choisis, ma mort sera proche. Je ne me vois pas vivre sans ma sœur, mais si je choisis de tuer les enfants des maîtres, je ne serais plus que le reste d'une matière indescriptible retrouvée sur les lieux d'un crime.

Je ne suis pas le genre de personne à m'apitoyer sur mon sort, mais là, je ne peux m'empêcher de me contenir. Mon pouls ne cesse d'accroître en intensité, j'ai tantôt l'impression qu'il va exploser, tantôt l'impression qu'il va traverser ma poitrine.

— Tic tac, tic tac, tic tac, le temps passe Keice...

Reiner tapote son poignet du bout de son index. Il me fixe passivement.

— Reiner, ne le stresse pas, laisse-lui la possibilité de sentir cette souffrance que j'ai ressentie quand j'ai appris que le chien de mon meilleur ami avait violé mon enfant.

— Je ne l'ai pas violé, interrompt le concerné, ta fille n'est rien d'autre qu'une pute, c'est quoi que tu ne comprends pas ?

En un geste, Karl attrape son arme et la pointe sur Ewing souriant.

— Ferme ta putain de gueule ou je tire ! Ma fille n'est pas une pute !

D'un air provocateur, Ewing lève les bras innocemment.

— Alors tu m'expliques pourquoi je l'ai surpris à aller chez des mecs et repartir avec des liasses de billets le lendemain ? En fait, je crois que tu es au courant depuis bien longtemps mais que tu ne veux pas y croire. Ou alors, tu ne veux pas tuer ton enfant sur un coup de colère, alors tu veux te défouler sur nous. Keice n'y est pour rien dans cette histoire, tu peux me tuer, laisse-le partir !

— Non, Keice va mourir ce matin et rien ne pourra changer cela. Il aime trop sa sœur. Il ne voudra pas avoir sa mort sur la conscience, il a déjà celle de ses parents.

Merde. Ewing n'est pas au courant. Il se tourne vers moi faiblement étant donné qu'il est blessé.

— Comment ça ?

Karl se tourne à son tour, un sourire victorieux au coin des lèvres.

— Bah alors Keice, ça cache des choses importantes à son toutou ?

Je baisse les yeux.

— Je... c'était un accident... pas de ma faute...

Mon moi traumatisé par l'instant le plus horrible de ma vie ressurgit à cet instant.

— Ne reste pas vague comme ça... raconte-lui tout, il mérite de savoir à quel point son chef est un monstre.

— Avec ma sœur et mes parents on allait faire du camping sur un site montagneux. Des gens d'un gang ennemi au nôtre aujourd'hui nous on prit pour cible à cause de dettes non remboursées par mon père qui travaillait pour eux. Ils m'ont ordonné de tuer mon père devant eux pour laisser la vie sauve à ma mère, ma sœur et moi. Mon père me suppliait de tirer sur la gâchette. Malheureusement, au moment où j'ai tiré, ma mère s'est approchée et interposée, elle a prit la balle près du cœur, je l'ai vu se vider de son sang. La seconde d'après, j'ai voulut tirer sur la personne qui tenait mon père, mais je ne savais pas viser, il s'est pris la balle.

Mon souffle coupé, je tombe à genoux. Ewing prit de pitié me fixe tristement. Ensuite, le sang lui monte au cerveau et ses poings se serrent violemment. Une minute plus tard, d'un geste rapide et calculé, il attrape la lame qu'il cache toujours dans sa chaussette et la lance dans la tête de Reiner, qui s'écroule. Karl n'a pas le temps de tirer que sa deuxième lame s'enfonce dans son œil droit. Il hurle de douleur et entreprend de la retirer, mais le sang dégouline beaucoup trop, il ne tardera pas à s'en vider. Ewing courre au plus vite qu'il le peut avec un impact de balle dans la cuisse, vers moi, il me soulève de terre et me secoue.

Les toiles rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant