Chapitre 5

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Eilleen Bremen

—Jake... ne... pas... tue !

Mes sens sont brouillés, je n'arrive pas à ouvrir les yeux. Je n'entends que de faibles murmures, des voix inconnues. Je tente de lever mes bras pour frotter mes yeux brûlés de fatigue, mais quelque chose m'en empêche. Je relève ma jambe droite faiblement, car mon corps est douloureux. Ma tête tourne. Où suis-je ? Que m'arrive-t-il ? Qu'est-ce que je fais ici ? Suis-je en train de cauchemarder ? Ce cauchemar est anormalement réaliste comparé à ceux que je fais à l'accoutumée. Je fronce les sourcils, mais un râle quitte mes lèvres quand je sens ma tête me faire souffrir plus qu'il y a quelques secondes.

—Elle... réveillée... manger !

Je sens deux présences masculines, non loin de moi, ce qui me fait trembler douloureusement. L'un des deux hommes s'éloigne puis revient, l'autre se rapproche ensuite de moi, je détestais déjà avant cette sensation d'avoir quelqu'un d'inconnu trop près de moi, mais là encore pire, comme je réalise que j'ai été kidnappée. Je me savais détestée mais pas à ce point.

L'homme tout près effleure ma joue et je tressaille. Je n'arrive toujours pas à ouvrir les yeux, enfin, je ne vois rien, je ne suis pas si sûre de les avoir fermés, tout est noir autour de moi. J'ouvre la bouche pour crier, mais il glisse sa main sur ma bouche, la même main qui m'avait bloqué un tissu contre les lèvres, aucun doute là-dessus. Je sens un corps s'asseoir tout près, certainement mon autre kidnappeur. Soudainement, on retire quelque chose de mon visage, quelque chose qui était devant mes yeux. Je comprends alors que j'avais à la fois les yeux fermés et la vue masquée. Je peine à ouvrir les yeux, mais j'y parviens finalement au bout de quelques secondes. Mes yeux larmoyant dévisagent ce qui se trouve autour de moi. Les deux hommes, un à la peau claire et l'autre à la peau foncée ; mon corps tout près des deux enfoirés qui m'ont enlevé ; la sombre pièce où je me trouve, et surtout, je cherche du regard une issue de secours. Il s'en doute, alors en retirant sa main de ma bouche, il m'avertit :

— N'y pense même pas, tu es encore attachée au lit.

Mon regard se baisse vers mes poignets endoloris. Je suis en effet accrochée au lit à l'aide de deux paires de menottes. Couchée sur un matelas confortable et propre, une couverture qui sent bon la lessive aux fleurs de cerisiers est même posée sur mes jambes toujours recouvertes du jean que je portais plus tôt. Quelle heure est-il ? Dormais-je depuis longtemps ?

— Pou..., je galère à parler, pourquoi ?

— Tu veux savoir pourquoi tu es là, n'est-ce pas ?

— Ou... i... oui...

Mon cœur bat fort et vite dans ma poitrine. Mes membres tremblent. L'autre homme remonte la couverture plus haut vers ma taille en me fixant froidement. Comment un homme ayant la générosité de couvrir mon corps meurtri par le froid de la pièce, peut-il avoir un regard aussi effrayant et déstabilisant. Je ne regarde d'habitude que le côté positif des choses, mais là ce n'est pas possible.

— Tu es là parce que quelqu'un en a décidé ainsi.

Mon rythme cardiaque ne cesse d'augmenter au fur et à mesure du temps. Je veux plus d'informations. Mon frère me cherche-t-il ? Depuis combien de temps suis-je ici, enfermée ? J'ai énormément de question à poser, mais reste trop faible pour parler.

— Tu es là depuis quatre jours, m'informe l'homme à la peau plus claire. Tu as dormi comme un bébé. Tu dois avoir très faim, on a pu te donner à boire mais pas à manger.

L'homme à la peau foncée se lève et se dirige vers le fond de la pièce où il y a une grande porte métallique, il l'ouvre et sort. Quand il revient, il tient un verre d'eau dans sa main gauche et une boite de feuille de mentalo contre le mal de tête dans l'autre.

Les toiles rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant