Chapitre 14

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Kyler Jones

Mon cœur battait à tout rompre lorsque Tate m'avait transmis le message de Layke. Je m'en veux de ne plus pouvoir assurer la protection d'Eilleen, mais je suis comblé de joie de savoir ma sœur en vie et éveillée.

Heureusement, l'hôpital n'est qu'à quelques minutes en moto, dans un des villages aux alentours de Johan-City.

Elle est enfin éveillée après sept longues années à dormir profondément. Il était tôt le matin quand je suis arrivé. Les infirmiers et médecins m'ont accompagné dans sa chambre située au troisième étage, ils m'ont expliqué qu'elle devait rester encore quelques jours le temps qu'ils lui fassent faire quelques bilans de santé.

À peine ai-je vu ses yeux bruns ouverts et son maigre sourire qui me faisait tant planer quand nous étions enfants, que je la serrai dans mes bras. Nous avons pleuré, serré l'un contre l'autre pendant la quasi-totalité de la journée, personne n'a dérangé notre étreinte.

Ce n'est que vers seize heures qu'ils reviennent pour lui faire une prise de sang et l'ausculter. Apparemment, sa vie n'est plus en danger, elle ne va pas mourir, j'en pleure de joie.

— Kyler, merci... merci de m'avoir gardée en vie durant tout ce temps... Je suis tellement désolée... je ne voulais pas te causer autant de peine.

Ses yeux sont rougis par les larmes. Je lui attrape les mains et l'embrasse.

— Je t'aime tellement Lyah... tu n'as rien à te reprocher. Tu sais, j'ai failli craquer quand Evan et moi avons découvert le corps de Clarisse, mais c'est grâce à mon ami Layke, il m'a aidé à vous retrouver Louna et toi... Si tu dois remercier quelqu'un c'est bien lui...

— Tu ne m'as pas abandonnée, même après tant d'années, tu aurais pu me débrancher, ça aurait été plus simple pour toi.

— Non, je tenais beaucoup trop à toi... je n'aurais jamais pu... je t'aime tellement...

— Moi aussi Kylou.

Je prends son visage entre mes mains avant de l'embrasser délicatement sur le nez. Elle fait un petit rire.

— Ҫa chatouille.

— Je l'ai fait exprès ha ha...!

Je lui fais un clin d'œil.

— Kylou...?

— Mmmh...?

— Euh... il est où Evan ?

Le sourire pendu à mes lèvres jusque-là s'efface soudainement. Je ne lui ai pas encore parlé de ça. Dois-je lui dire la vérité ? Va-elle lui en vouloir ? Ou est-ce qu'elle voudrait aller à sa rescousse ?

— ... Je ne sais pas comment tu vas réagir... ça m'inquiète, je ne voudrais pas que tu lui en veuilles mais...

— Crache le morceau, fait-elle, d'un ton autoritaire. J'ai bien le droit de savoir ce qu'est devenu mon frère aîné quand même.

Je hoche de la tête et lui prends les mains fermement.

— Après qu'on a découvert le corps de Clarisse, il a perdu pied, j'ai failli faire la même chose, mais j'ai reçu l'aide de quelqu'un comme je te l'ai dit tout à l'heure. Je sais qu'il boit beaucoup pour oublier, il se drogue aussi, j'ai essayé à maintes reprises d'aller le voir et de lui demander de m'accompagner te voir à l'hôpital, mais il refusait sous prétexte que ton cœur finirait par s'éteindre. Un jour que je tentais une nouvelle fois de le raisonner, on s'est disputé très fort, je l'ai traité de lâche, depuis il a disparu, je n'ai plus aucune nouvelle de sa part, je ne sais pas s'il est encore en vie ou si au contraire, il est dans un fausset en train de se faire bouffer par des insectes. J'espère qu'il va bien...

Ma petite sœur me serre contre sa poitrine.

— Ce n'est pas de ta faute, tu as fait tout ce que tu as pu, tu t'es battu de toutes tes forces. J'ai de la chance d'avoir un grand frère aussi fort mentalement que toi. Tu as du beaucoup souffrir entre le meurtre des parents, notre kidnapping, la mort de Clarisse puis de Louna, mon coma, Evan... Je suis tellement désolée pour tout ça... Tu ne mérites pas une telle chose.

Mes yeux s'embuent face à ses mots.

— Et toi tu n'as rien fait non-plus pour être kidnappée, je suis désolé de ne pas avoir su te protéger ce soir-là. Si j'avais réagi dès le début, rien de tout ça ne serait arrivé, nos parents seraient encore en vie, nos sœurs aussi et Evan ne serait pas tombé dans la dépression.

Ma sœur me fixe longuement, il est tard, nous avons parlé des heures durant de plusieurs sujets différents, et pourtant, nous n'avons pas envie de nous arrêter là, il faut rattraper toutes ces années de séparation. Je vois néanmoins que la fatigue prend raison de son être, alors tout en balayant la pièce blanche du regard, je la fais s'allonger sous la couverture avec moi. Nous nous serrons pendant de longues minutes puis nous nous endormons.

Cette nuit-là, aucun cauchemar, mes peines ont comme été englouties par le bonheur d'avoir ma sœur près de moi.

Les toiles rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant