Chapitre 23

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Sarah Foster

Nuit de merde. Véritable nuit de merde. Je n'ai pas dormi, j'ai été en proie, comme tous les soirs, à de nombreux cauchemars.

Des souvenirs s'emparant de mon crâne pour me détruire de l'intérieur. J'en suis presque à supplier Aurora Freiss de me rendre une nouvelle visite nocturne, car pendant qu'elle est là, aucun souvenir ne s'approche de moi pour m'enchaîner.

Aurora par je ne sais quel miracle a réussi à me guérir totalement de ma blessure qui aurait dû se réparer en plus de six mois, c'est déjà ça en moins, seul l'hématome est resté.

Malheureusement pour moi, elle m'a prévenu qu'elle ne me donnerait plus d'information tant que je n'aurais pas avancé moi-même sur l'enquête. Elle m'a déjà envoyé un flot de ses propres souvenirs de son enfance, lorsqu'elle a hérité des pouvoirs du démon Thanoras et lorsqu'elle a décidé de faire passer des contrats à tous les membres de sa famille, qui ont fini par mourir. Ses souvenirs m'ont donné des frissons, mais j'ai tout fait pour le cacher, je ne sais pas exactement ce que je peux révéler aux autres ou non. Je ne sais même pas réellement pourquoi elle me raconte tout ça. J'ai l'impression qu'elle a décidé de se livrer corps et âme à moi, parfaite inconnue.

"Tu es spéciale Eilleen, je le ressens fortement". Ces mots ne me laissent malheureusement pas indifférente. Mais d'un côté j'ai toujours su que je l'étais, je suis trop différente. Si ça se trouve, elle se confit à d'autres membres pour mieux les avoir sous son emprise. Je ne sais pas, mais une voix dans ma tête me dit de l'écouter alors que ma raison me conseille de rester sur mes gardes. Cette femme est une tueuse. Ces phrases qu'elle me dit ne sont rien d'autre que de la manipulation, comme lui... comme mon géniteur me faisait.

***

Eilleen, viens voir papa. Je vais t'emmener voir quelque chose de cool, tu vas voir.

Je déglutis. Mon pouls s'accélère. Je sais très bien où il veut m'emmener. Je n'aime pas cet endroit. Cet endroit me terrorise. J'ai peur.

Non, je... je ne veux pas y aller.

Papa fronce les sourcils. Ses poings se serrent. Il veut déjà me frapper, je le sais, mais je ne veux pas aller dans cette pièce... même s'il me frappe jusqu'à ce que mon corps soit marqué par la violence de ses gestes, ça ne l'a jamais empêché de m'y emmener mais malgré ça, j'ai l'espoir que ça fonctionne un jour. Tout comme j'ai l'espoir qu'il m'aime comme je crois qu'un père le devrait.

Ne sois pas capricieuse, Princesse. Viens.

Il garde son calme, sa voix reste apaisante, il veut que je prenne confiance. Ce calme ne va pas durer.

Non, s'il te plaît papa, je t'en prie, je ne veux pas y aller.

Je le supplie en m'accroupissant et en m'appuyant encore plus au fond de mon armoire, celle où je me cache pour échapper à sa colère.

Princesse, je vais compter jusqu'à trois. Si à trois tu n'es pas sortie de ce placard, tu vas le regretter.

Il me tend la main. Je ne veux vraiment pas sortir.

Un, commence-t-il en souriant nerveusement, un sourire de psychopathe.

J'ai appris ce mot en lisant un des livres que ma mère cache dans la bibliothèque, ça parle d'enlèvement. Je n'ai pas le droit de les lire, mais je l'ai quand même fait, ce qui m'a valu son ignorance totale une semaine durant. Pas un bonjour. Pas un bonsoir. Rien. Son ignorance m'est encore plus douloureuse que les coups de mon père.

Les toiles rougesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant