Les toiles rouges

Chapitre 30

Bob Richardson

Je dois bien avouer que mon nouveau statut n'est pas déplaisant. En échange de toutes les informations les plus banales sur Aurora, des éléments suspects que je peux observer sur mon lieu de travail et les plans détaillés du centre de détentions, je gagne un sacré pactole. Rien de plus facile. Je peux toujours me défouler sur une certaine personne, je vis toujours quasiment sur mon lieu de travail. La seule chose qui aie réellement changé et qu'Aurora a été déplacé dans le bâtiment E, situé à une centaine de mètres sous-terre.

À ma grande surprise, le lieu est très respirable grâce à toutes les installations mises en place il y a des années.

Les jours des repos que j'ai, je suis en missions avec mes nouveaux camarades, les Fratres-Sanguinum. En ce moment nous sommes sur un sacré coup que j'ai communiqué au Président. J'ai parlé à mes coéquipiers de l'ombre de notre entrevu pour le moins... intéressant et cela a permis de nombreux avancements.

Dans à peine une heure je suis en vacance et je trépigne d'impatience : je pars pour la Norlandie !

Au programme détente, bain de soleil, piscine, plage, cocotiers !

Non je plaisante, plutôt : Longue route, stress, torture, sang, torture et encore torture ! N'est-ce pas génial ?

Si seulement je pouvais m'arranger pour convier Madame Freiss à mon petit voyage... ce serait parfait ! Il a pour but de soutirer quelques informations et tendre un piège aux chefs du gang des Nigrum-Aranearum, bien affaibli à cause de la trahison de deux chefs il y a quelques semaines.

Mark a mit la main sur le meilleur moyen de pression : la grande sœur du chef soi-disant le plus puissant. Il y a quelques jours j'ai participé à la mission qui consistait à attendre le signal de Mark pour attaquer le Chalet servant de Centre au chef du Nord-Ouest. Malheureusement pour nous Layke Bremen et Keice Braus sont parvenus à s'échapper on-ne-sait où, mais ça ne saura tarder de savoir où ils se cachent. Le Centre a été totalement détruit sous les éclats de bombes et les tires, j'aurais jamais cru que cela puisse être aussi satisfaisant.

— Bob, je dois aller aux toilettes. S'il te plaît.

Je me lève de ma chaise à contre-cœur et déverrouille le loquet avant d'entrer et de refermer derrière moi.

— Je te laisse aller au petit coin à une seule condition.

Elle s'accroupit et plisse les yeux.

— Je n'ai pas d'autres choix que d'accepter...

Elle frotte son bras recouvert d'hématomes colorés, certains plus récents que d'autres, quelques-uns récents chevauchant les anciens faisant apparaître des marques de couleurs affreuses.

Comme fait-elle pour ne ni pleurer, ni gémir, ni crier, ni hurler de douleur ? Je la frappe d'une force non calculée, une force qui pourrait laisser de grandes et profondes marques dans des murs, avec une violence qu'auparavant je ne pensais pas avoir. Cette femme est un monstre à n'en pas douter ! Ce n'est pas possible qu'elle soit née dans ce monde. Certes elle a reçu des pouvoirs colossaux mais de là à ne pas sentir la souffrance...

— Bien évidemment. Tu n'as aucun droit de toute manière. Je sais très bien qu'à n'importe quel moment tu aurais pu me faire passer un de tes... contrats... Tu aurais même pu t'enfuir toute seule grâce à cela... alors pourquoi tu n'as rien fait ? Je crois savoir que tu as fait passé un contrat à une certaine Eilleen Bremen dernièrement... alors même que tu es ici, enfermée, dans le bâtiment le plus enterré, le plus bas.

— Je ne peux pas, car j'ai fait une promesse. M'explique-t-elle le visage tiré par la fatigue.

— Approfondi et je te fais la promesse de ne pas te frapper pour le reste de la semaine.