Cody Wilson
— J'ai comme un mauvais pressentiment...
— Qu'y a-t-il, William ?
— Je ne sais pas trop... J'ai l'impression qu'Eilleen et Tate ont eu un problème.
— C'est impossible d'avoir ce genre d'impression, William. Ne te fais pas de soucis, elle est entre de bonnes mains.
Le jeune homme se caresse les cheveux. Willa jusqu'alors accrochée à la taille de son frère s'éloigne pour s'installer dans le canapé et regarder la télévision.
— On peut avoir ce genre de ressenti quand on est l'un des enfants de Jacob et Aurora Freiss, me rappelle-t-il sans en dire davantage.
— Tu vas me dire que ta sœur et toi avez hérité de dons spécifiques ?
— C'est différent... mais je ne veux pas en parler, c'est un secret entre Eilleen et nous.
On me cache des choses... bah tiens...
— Tu n'es pas triste de la mort de Kyler, me demande William Freiss, le front plissé.
Il est vrai que mon copain de manque terriblement, je ne dors plus la nuit depuis son suicide. Pour autant, faisant partie du gang le plus puissant de ce monde, je ne dois pas laisser paraître mais sentiments. Pour la toute première fois de ma vie, m'empêcher de pleurer est pour moi un défi hyper compliqué à gérer.
— S'il me manque. Mais il en va de l'honneur de l'empire noir créé par vos parents de ne pas m'attarder sur un sentiment de tristesse.
Après avoir montré ma nuque tatouée du signe, je lui adresse un sourire charmeur et m'éloigne légèrement. Les deux adolescents ont l'air de bien s'acclimater à leur vie en dehors d'une prison de verre, ils possèdent le sang de leurs parents. Leurs parents les personnes les plus impressionnantes et intimidantes que personne n'ait jamais connu. Pas étonnant que la jeune Willa évoque régulièrement son envie de contrôle. Pourquoi Aurora ne l'a-t-elle pas choisi elle au lieu d'Eilleen pour la succéder ?
— Bon, les jeunes, on va aller se promener, vous avez besoin de prendre l'air.
William trépigne tant d'impatience qu'il saute au cou de sa sœur qui sursaute, manquant de peu faire tomber la télécommande qu'elle galère à manipuler.
— Par contre, même s'il ne fait pas froid, je vous ordonne de vous couvrir. Surtout vous Mademoiselle, vous sortez tout juste d'un gros rhume.
Elle acquiesce en fronçant les sourcils.
— Le moment rêvé, glissa-t-elle à l'oreille de son frère.
— Le moment rêvé pour ?
William s'interpose.
— Willa, je te l'interdis ! Tu vas me tenir la main tout le long en ne pas faire de sottises !
— Labi, es piekrītu jums paklausīt pagaidām. Bet, tiklīdz radīsies iespēja, es jums apliecinu, ka mēs šķirsimies, ja jūs nevēlaties man sekot, mans brāli.
— Bien. J'ai espoir que tu choisisses le bon côté, Willa...
— L'espoir fait vivre mon frère.
Un rictus mauvais étire le coin de ses lèvres et disparaît aussitôt.
— Ou là là, vous me faites peur tous les deux avec votre langue secrète ! M'époumoné-je. Vous l'avez créé quand vous étiez retenus par le Président ?
— Absolument pas. Cette langue est la langue du Créateur Suprême.
Son ton est tellement agressif qu'il me fait frémir. Une onde entoure le corps de Willa, mais celle-ci n'est pas ce qu'on pourrait décrire comme "agréable". Cela doit être de gêne de ses parents qui transmettaient leur haine dans leur art.
— Où allons-nous ?
— Quelque part.
— Allez, s'il te plaît, me supplie la sœur jumelle, on veut savoir.
— On va dans un parc.
Ils explosent de joie avant de me fixer avec grand intérêt.
— Attends, Cody, c'est l'endroit où les enfants jouent dans les livres que nous lisions, n'est-ce pas ?
— Effectivement.
— J'ai trop hâte d'y être.
Les deux adolescents me suivent en dehors de la maison.
Mais alors que je démarre le moteur en posant un œil dans le rétroviseur, quelque chose de suspect attire mon regard. Une voiture dissimulée au coin de la rue. Une voiture aux vitres teintées. À moins que l'un de mes coéquipiers et voisins ait acheté cet engin... mais impossible qu'elle soit apparue comme ça. Nos voitures sont toutes, sans exception, marquées par notre signe au-devant mais là pas du tout.
Peut-être Billy n'a-t-il tout simplement pas eu le temps de la faire marquer... Non. Impensable.
Une fois, Kyler a acheté une moto et pourtant, elle a été imprégnée dès le début. De plus, à travers la vitre teintée, j'ai l'impression de voir une silhouette drapée de noir ce qui me rappelle vaguement quelque chose...
— Les jeunes, je crois que nous avons un problème...
J'attrape mon téléphone et compose le numéro de mon ami qui ne répond pas. Un deuxième puis un troisième appel sans réponse.
OK, maintenant, je comprends la sensation de Will. Il s'est passé quelque chose. Quelque chose de grave c'est certain.
— Comment fais-tu pour ne pas paniquer, argue Willa d'un air espiègle.
— Je suis médecin. Un médecin garde son calme dans toute situation aussi désobligeante soit-elle ! Vous êtes sous ma sécurité intensive alors je compte sur vous pour m'obéir. Quand je vous dis de vous baisser vous le faites. OK ?
Les deux ne pipent mot.
— OK. Maintenant, vous vous allongez sur la banquette arrière et vous vous attachez comme vous pouvez, il risque d'y avoir du grabuge !
Après avoir téléphoné à Jake pour qu'il nous communique un endroit sûr, je démarre en trombe.
Génial ! Moi qui rêvais d'action je suis servi !
VOUS LISEZ
Les toiles rouges
Teen FictionEilleen Bremen, une jeune enquêtrice talentueuse de 22 ans, est confrontée à une affaire non résolue depuis six ans, avec seulement six mois pour la résoudre. Sa mission la plonge au cœur d'un gang notoire, étroitement lié à l'histoire trouble de sa...