Chapitre 25

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On est mardi soir et je suis au circuit de karting. Même si c'est assez différent des courses de rue et de voiture normales en général, je dois avouer que j'y ai vite pris goût. Je viens de passer une heure sur la piste et là, j'ai grand besoin d'un truc frais à boire.

Adrian : T'enchaine les tours de plus en plus vite, tu vas leur mettre une dérouillée à la course. C'est l'heure de ma pause, on prend un verre ?

Moi : Avec plaisir.

Je me rends dans les vestiaires pour retirer ma combi. Au passage, j'attrape mon sac dans le casier dans lequel je l'ai laissé. Je suis en train de remettre mes chaussures quand mon portable sonne. C'est Grant. Je prends l'appel en m'asseyant sur le banc. À chaque fois que je m'installe ici, ça me fait penser au jour où Grant m'a massé. Depuis notre double dérapage, lors de ma mini-thérapie anti-vertige, il y a une certaine distance entre nous. Une distance dont je suis en grande partie responsable, je le reconnais. Bref, mon portable sonne toujours et je décroche avant que ça bascule sur la messagerie.

Moi : Salut Grant, ça va ?

Grant : Bien et toi. Je ne te dérange pas ?

Là, la porte des vestiaires s'ouvre.

Adrian : Oups, pardon. Je voulais juste savoir tu voulais boire quoi Nicole.

Moi : Une bière s'il te plait. Merci Adrian. J'arrive.

Adrian : Pas de soucis.

Il referme la porte et le silence m'enveloppe.

Moi : T'es toujours là Grant ?

Grant : Ouais, je voulais juste savoir si tu avais pu avoir ton vendredi aprem ?

Sa voix est froide et neutre, contrairement à quand j'ai décroché. Peut-être que je me fais des films, mais j'ai l'impression que le fait que je sois avec Adrian là, tout de suite, le défrise.

Moi : Oui, c'est bon et grand seigneur mon père m'a même donné toute la journée.

Grant : Parfait. Alors, je te retrouve chez toi à 14h comme on avait dit. À vendredi Nicole.

Il ne me laisse même pas le temps de répondre et raccroche. Super... J'espère qu'il sera de meilleure humeur ce week-end ou ça promet. Je remets mon portable dans mon sac et finis de mettre mes chaussures avant de rejoindre Adrian au bar. En tout cas, merci Grant ! Il vient de me flinguer l'effet euphorisant qu'avaient eu les tours de circuits sur moi. Quand j'ai vu l'appelant, je me suis dit chouette, je vais pouvoir lui parler de la course, mais là, je me demande même si je vais lui dire.

Adrian : Eh ben, t'en fais une tête. Où est passé le si beau sourire que t'avais en sortant du kart ?

Moi : Volé par un crétin qui sait pas ce qu'il veut.

Adrian : Ah... C'est ton mec que t'avais au téléphone ?

Moi : Non, c'est... compliqué... Enfin, ça me ferait bizarre d'en parler avec toi...

Adrian : Pourquoi ? On est amis et puis autant te le dire tout de suite, je suis gay. C'est pour ça que je ne parle plus à mes parents. Je m'étais dit que si je me pliais à leur désir pour ma vie professionnelle, ils seraient plus indulgents sur ma vie personnelle, mais quand ils l'ont appris, ils m'ont renié. Mon père m'a même dit que j'étais une abomination. Crois-moi, c'est quelque chose qui marque.

Moi : Je te crois et je suis désolée.

Adrian : C'est rien, j'ai accepté le fait qu'ils ne m'aimeraient jamais tel que je suis et j'ai commencé à vivre pour moi. Allez, explique-moi ce qu'il y a de si compliqué avec ce mec.

Je serai pilote de courseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant