Je serai pilote de course

Chapitre 37

Eva vient de partir pour le centre de loisir et je débarrasse notre petit déjeuner, des questions plein la tête. Je ne cesse de me demander pourquoi Ethan voulait qu'on se retrouve à l'écurie si tôt. Normalement ma journée de boulot ne commence qu'à 9h. Bon, de toute façon, je serais vite fixée, il est temps de partir. J'attrape mon sac et quitte mon appartement.

Lorsque j'arrive à l'écurie, je vois la voiture de mon frère sur le parking, il est déjà là. J'entre et regarde autour de moi. Tout est silencieux et je ne vois mon frangin nulle part. Je monte à mon bureau et y pose mes affaires. Par la vite qui donne sur l'atelier, j'aperçois mon frère, le nez dans le moteur de son stock car. Faire un peu de mécanique ensemble, pourquoi, ça fait longtemps...

Moi : Ça faisait un bail qu'on n'avait pas eu les mains dans le cambouis ensemble. Mais bon, ça ne justifiait pas forcément qu'on se lève si tôt. J'aurais été contre une heure de plus de sommeil.

Ethan se redresse et s'essuie les mains sur un chiffon.

Ethan : L'atelier mécanique, c'est prévu pour après, une fois que tu m'auras flingué la transmission. D'ailleurs, j'espère que t'as pas trop la tête dans le pâté.

Je le regarde sans comprendre. Il ferme le capot et me lance quelque chose. Je l'attrape au vol et bugue en voyant que ce sont les clefs de la 48.

Moi : Mais... je... Ethan...

Il s'approche de moi et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Ethan : Après notre conversation au circuit de karting, j'ai beaucoup réfléchi... Ce que tu m'as dit tournait en boucle dans ma tête. Puis, de retour chez moi, j'ai regardé quelques vieilles photos. Je suis tombée sur une sur laquelle tu dois avoir 7 ans. Tu es sur les genoux de Papy au volant de la voiture. Tes yeux brillent et ton sourire...

Moi : Je me rappelle de ce jour. C'est la première fois que Papy nous emmenait avec lui sur le circuit. Maman avait râlé en disant que c'était dangereux et qu'elle pouvait faire une croix sur son rêve de me voir devenir danseuse ou chirurgienne.

Ethan : Oui, tu lui avais répondu que tu serais une grande pilote. En me souvenant de ça, je me suis dit qu'on ne pouvait pas t'empêcher de réaliser ton rêve. Mais j'étais toujours pas décidé à te laisser prendre le volant parce que presque tout de suite, j'ai pensé à ton accident et au fait que les morts n'ont pas de rêve...

Moi : Ethan...

Ethan : Laisse-moi finir s'il te plait. Quand maman est morte, ça a été très dur. Mais étrangement, je crois que ce qui le plus marqué, c'est papa. Il l'était plus que l'ombre de lui-même. Ce jour-là, il a perdu une part de lui. Quand tu étais à l'hôpital, je me suis dit qu'il ne s'en remettrait jamais si on te perdait toi aussi. Il passait ses journées auprès de toi et moi, même si je ne crois pas spécialement en dieu, je priais pour que tu survives. J'étais même allé sur la tombe de maman pour lui dire que je lui interdisais de prendre avec elle, qu'on avait encore besoin de toi. Si tu savais à quel point je t'aime petite sœur.

Moi : Je t'aime aussi mon grand frère...

Il me fait un câlin et nous pleurons tous les deux, super. Il s'écarte et secoue la tête.

Ethan : Bref... tout ça pour t'expliquer pourquoi on a voulu te mettre dans une bulle. C'était une erreur. Ça je l'ai compris en te voyant sauter de la cascade. Alors, comme tu l'as fait avec ton vertige, on va avancer un pas à la fois. Et pour commencer, si tu me montrais ce que tu as dans le ventre sur le circuit d'entrainement.

Moi : Oui ! Oui ! Oui et mille fois oui !

Je lui fais un gros bisous sonore sur la joue avant d'entamer une petite danse de la joie sous l'œil amusé de mon frère. Ensuite, j'attrape un casque et me glisse dans la voiture par la fenêtre.