4 :Chauffeur bourré

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Anna

- On ne pourra pas la garder ici. Où est la fille qui était avec elle ? Entendais-je.

Mes yeux s'ouvrent rapidement et voulant me relever trop vite de ce canapé, ma tête se met à tourner. Je peux voir que je ne suis plus parmi la foule mais à l'arrière de la scène. Il y a encore le bruit du public qui parle entre eux même s'il est beaucoup moins fort que tout à l'heure. D'ailleurs je ne me souviens pas du reste, je sentais mes yeux se fermer mais ensuite, plus rien. Je me lève, prenant appui sur l'accoudoir. Il faut que je retrouve Daisy. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé.

- Tu vas où comme ça beauté? M'interpelle un mec un peu plus loin.

Ma vue n'est pas très nette mais je crois reconnaître le type qui était sur scène.

- Je m'en vais ça se voit pas, lui répondais-je sûrement un peu trop brusquement parce qu'il réplique aussitôt:

- Et bien je vois que tu vas mieux en tout cas.

Face à mon silence il reprend:

- On n'a pas retrouvé le gars désolé.

- Le gars ?

- Si t'étais là c'est parce que cette fille, ta pote je présume, t'a ramené. Un gars t'a injecté du GHB, m'explique-t-il.

- Mmh et c'est quoi ça ?

- Une substance, elle est aussi appelée drogue du violeur.

Je vois. La réalité m'était presque sortie de la tête.

- Ouais, je vois.

- Tu devrais enlever ça avant ?

Il pointe mon front et en le touchant je remarque la bande chaude collée dessus. Il a raison, je devrais l'enlever, mais je ne le fais pas. Je n'aime pas faire ce que les gens inconnus me conseillent alors je fais l'inverse. C'est comme ça.

- Je suis assez grande pour en décider seule, lui envoyais-je.

- Très bien c'était pour toi que je disais ça.

Alors que je crois m'éloigner sans avoir à me retourner il me lance:

- Tu feras gaffe quand tu sors, ça va te faire un choc mais on est pas en 2002.

- Haha et toi tu ferais mieux d'apprendre à accorder les couleurs ensembles.

Il baisse rapidement la tête pour regarder son t-shirt et son jean comme s'il ne savait pas que son t-shirt était d'un vert, un sacré vert. Le même vert limite fluo que ces pelouses artificielles disposées dans la cour de ma voisine.

Je trouve Daisy en train de téléphoner un peu plus loin.

- Tu me fais vraiment chier tu le sais ! Je peux vraiment pas te faire confiance t'es qu'un putain de tocard ! Crie-t-elle dans le micros de son téléphone.

- Un TOCARD! Hurle-t-elle de nouveau avant de raccrocher.

Heureusement qu'il n'y a maintenant plus personne parce qu'elle aurait sûrement attiré l'attention de toute la foule.

- Anna, tu es réveillée, tu te sens bien.

Elle se précipite vers moi et m'inspecte comme pour voir si je n'ai pas de blessures physiques.

- Je vais bien ne t'inquiètes pas.

- Anna..je suis tellement désolée mais, mon tocard de frère est..il est bourré.

- Bourré?! M'exclamais-je.

- Oui, totalement bourré.

Un silence s'installe et je sens bien qu'on va dormir dans la rue pour cette nuit.

- Je vais conduire, affirme-t-elle. En soi j'ai la conduite accompagnée c'est presque bon et puis on a une chance de ne pas croiser les flics.

- C'est hors de question.

D'habitude j'aurais été d'accord parce que c'est le seul moyen pour rentrer mais Daisy est fatiguée, je le vois. Alors c'est non.

- J'ai pris un peu d'argent, peut-être assez pour une nuit à l'hôtel.

Je suis prête à fouiller dans mon sac pour trouver mon porte monnaie seulement, il n'y a pas mon sac. Je n'ai pas mon sac! Je la laisse en plan me précipitant pour faire demi-tour. Je rentre dans un homme beaucoup plus grand que moi et sacrément baraqué, sa chemise menace presque d'éclater sous la pression de ses muscles. Je lève la tête et en voyant le petit appareil dans son oreille je comprends que c'est un agent de sécurité.

- Excusez-moi, balbutiais-je pas trop fort.

C'est lui qui m'est rentrée dedans, pas moi mais je ne préfère rien dire face à sa carrure.

- Pourquoi venez-vous ici ? Les fans ne sont pas autorisés, déclare-t-il.

- Je vous arrête tout de suite, je ne suis pas une fane.

Il me regarde un peu perplexe alors je poursuis:

- Mon sac est ici.

- Pourquoi il serait ici, cette technique est démodée cela ne marchera pas.

- Quelle technique, je vous assure que mon sac est là, répétais-je agacée

- Veuillez partir.

- Laissez-moi passer j'ai besoin de récupérer mon sac.

Je tente de passer mais il attrape mes bras et en une seconde je me retrouve dos à lui les mains liées.

- Lâchez-moi mon sac est là je vous dis!

Je tourne la tête et le mec avec son t-shirt vert fluo est là, planté à rien faire.

- Mais dis-lui au lieu de me regarder!

Il laisse apparaître un sourire narquois et dit enfin:

- Lâches là elle dit la vérité.

L'homme me lâche immédiatement et part sans même s'excuser, ce qui me donne l'extrême envie de l'insulter de tous les noms.

- Alors comme ça tu n'es pas une fane. Pourtant tu étais dans la foule.

- Si j'avais su. On s'est trompé de destination alors non je ne suis pas une fane.

- Mmh. Au fait, c'est ça que tu cherches non ?

Mon sac à main en cuir marron est dans sa main et je lui arrache.

- Exactement, répondis-je après l'avoir de nouveau en ma possession.

Je sors mon porte monnaie et constate avec déception que je n'est que quinze euros. On va donc vraiment dormir dehors cette nuit.

- Je n'ai rien volé, s'enflamme-t-il.

- Fermes-là et trouves toi une styliste au passage, lui crachais-je.

Il ne m'a rien dit de mal mais tout m'agace en cet instant.

- Alors tu le seras.

- Ma styliste, reprend-t-il.

Je me mets à rire puis dis mon visage redevenu sérieux en une fraction de seconde:

- C'est une blague?

- Pas du tout.

- C'est hors de question.

Nos âmes briséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant