Nos âmes brisées

26:Un coeur pour deux

Anna

- Anna, je m'en veux tellement de ce que je m'apprête à te dire. Je te jure j'ai essayé de refouler toutes ces pensées, toutes ces sensations, mais mon coeur en a décidé autrement. Le problème c'est que je sais, je sais que tu es déjà amoureuse de quelqu'un et ce n'est pas de moi, je suis désolé, j'ai besoin de te le dire. Je t'aime Anna. Les battements irréguliers dans ma poitrine dès que tu es à mes côtés, c'est incontrôlable.

La neige recouvre son pull d'uniforme bleu marine et quelques flocons se posent sur sa peau lisse avant de mourir par sa chaleur.

- Connor..

- Je suis désolé Anna. Tu occupes mes pensées quand je suis censé dormir, ton sourire me fait des papillons dans le ventre, je ne veux pas te perdre par des sentiments non réciproques mais je voulais te le dire, j'avais besoin que tu comprennes l'effet que tu as sur moi.

Je ne sais pas quoi répondre. Pendant trois jours je redoutais ce moment et voilà que notre dernier jour avant de retourner à Londres, quand je n'y pensais plus, il m'avoue tout ce qui l'a sur le cœur en emmêlant ses doigts entre eux.

- Connor, je ne sais pas quoi répondre. Je ne comprends pas pourquoi moi alors que tu aurais pû avoir bien mieux je..

- Tu es bien mieux que les autres, tu es Anna Walter, la courageuse et sensible Anna Walter. Tu es tout ce que j'aime, tu es toi.

Ses yeux verts sont plantés dans les miens. Ses lèvres sont serrées comme pour refouler toute émotion voulant s'installer. Ses cheveux blonds foncés sont parsemés de flocons et certaines mèches sont humides car ils ont déjà fondu.

- Rejette moi maintenant, que je passe à autre chose, que j'arrête d'imaginer celui que tu aimes.

- Je ne suis pas...enfin je...je suis désolée, finis-je par lâcher.

Il s'approche d'un pas et me serre dans ses bras.

- Pardon, murmurais-je.

- Ne dis pas ça.

La chaleur de son corps me réchauffe lentement. Mes mains serrent ses épaules jusqu'à ce que Connor soit tout à coup projeté au sol. Je tourne la tête lentement mes autres membres paralysés. Son odeur poivrée, ses cils noirs, sa mâchoire contractée, cette étoile sur le haut de sa pommette, Eden était en face de moi, ici à mes côtés. Eden est là. Ce n'est pas juste une image que fabriquaient mes pensées. De l'autre côté, Connor peine à se relever. J'aimerais crier, hurler mais je n'y arrive pas.

- Eden? Bafouillais-je pour m'assurer qu'il me réponde, qu'il soit réel.

Il me serre contre son torse mais je reste les bras ballants. Tout se mélange, que ce soit nos parfums comme mes multiples questions qui se bousculent dans ma tête.

- Connor?

Eden se décolle subitement laissant le froid me glacer, laissant la plaie se rouvrir. Quand je parviens à tourner les yeux vers Connor, je découvre qu'il nous regarde la joue rouge. Je ne peux pas me mettre dans un état comme ça. Je ne me le permets pas.

- Connor est ce que ça va, m'inquiétais-je en m'approchant de lui.

Je me force à ne pas jeter un coup d'œil derrière moi pour vérifier qu'il est encore là, qu'il n'a pas disparu entre les arbres du parc.

- Alors c'est lui.

- Connor tu saignes.

- Je comprends mieux ta réaction quand Daisy a lu l'article au restaurant. Tu aurais dû me la dire.