Nos âmes brisées

Chapitre 33: Toute vie est un champ de bataille

Anna

 La musique cogne contre mes tempes et les lumières changeantes me donnent mal au yeux. Cela fait trois heures que nous sommes arrivés et j'en ai affreusement marre. Ce genre de chose n'est de toute évidence pas pour moi. Le seul point positif est que ma robe rend comme je le voulais. La chaleur de la salle m'est de moins en moins supportable alors je m'assois sur une des chaises placée dans un coin. Daisy et Ryler dansent tous les deux parmi les autres, ils sont magnifiques. Daisy porte une robe verte sapin qui lui va parfaitement au teint quant à Ryler il porte une chemise blanche avec un pantalon noir.

- J'ai toujours remarqué à quel point tu es belle.

Je tourne les yeux vers la voix grave qui provient de la chaise d'à côté. Aaron y est assis les avants bras posés sur ses cuisses.

- Ta proie t'a mis un plan? Demandais-je froidement.

- Ce soir c'est toi ma proie nana.

Je déglutis surprise. Ce surnom, je ne l'avais pas entendu depuis le collège. Je connais Aaron depuis la primaire et aussi loin que je me souvienne il a toujours été du genre à rater aucune occasion avec la gente féminine. Il a été le premier à se moquer de moi face à mes absences qui se multipliaient mais il a été aussi le premier à m'apporter les devoirs quand Ryler n'était pas encore dans ma classe.

- Ne m'appelles plus comme ça.

- Moi j'aime bien ce surnom, affirme-t-il en souriant, ça me rappelle les vieux souvenirs.

- Justement.

- Tu sais, je suis désolé de t'avoir fait subir ça, je me suis moqué sans même chercher à comprendre.

- Tu es sûr que ça va? Tu me fais peur de parler de cette façon.

- Je suis sérieux.

- C'est oublié, ne t'en fait plus pour ça c'est du passé.

- Je tenais quand même à te le dire.

Je me lève soudainement dans le but d'aller prendre un peu l'air.

- Je vais un peu dehors, surtout ne me suis pas, le mettais-je en garde.

- Au fait, sympa la robe nana.

Je trace mon chemin après son clin d'œil qui était la chose de trop. Il n'y a pas grand monde à l'extérieur, seuls trois ou quatre personnes dispersées dont Connor assis sur un rebord en pierre. Je le rejoins finalement après un instant d'hésitation.

- Anna? Qu'est ce que tu fais là?

- Je te retourne la question.

- Les lumières m'ont donné un mal de crâne.

- Moi aussi en plus de la chaleur insupportable à l'intérieur.

Il ne répond rien. Il n'y a rien à répondre en même temps. Je ne dis rien non plus pendant un instant.

- En tout cas c'est réussi, tu as vraiment bien bossé.

- Merci mais il y a aussi les autres délégués qui m'ont aidé.

- Connor, est ce que tu m'en veux? Lâchais-je.

- Bien sûr que non. Je ne veux pas que tu penses ça. En réalité j'essaye de travailler sur moi même, de retirer tous ses souvenirs qui me font encore sourire.

- Moi je les garde. Ce sont des souvenirs, rien que des précieux souvenirs ancrés dans nos mémoires, alors je les garde.

- Anna, est ce que tu es heureuse? Me demande-t-il le regard flottant devant lui.