24 : Brûlure

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Anna

- J'ai le vertige, je ne peux pas monter plus haut, pleure une fille qui à priori est de notre lycée.

- La pauvre n'a pas l'air bien. Elle est aussi pâle qu'un cachet d'aspirine.

- Daisy!

- Bah quoi c'est vrai, je n'ai rien dit de mal Ryler.

- On dirait une marée humaine, marmonne Connor collé à la vitre.

D'ici les gens paraissent comme de petits jouets vivants et les immeubles comme de simples échiquiers.

- Environ trois milles personnes par jour se regroupent à ce carrefour.

- Tu te rends compte c'est énorme!

Je me décolle de la vitre alors que Connor semble toujours aussi absorbé par la vue.

- On dirait avoir une vue depuis le plus haut point du ciel. C'est impressionnant.

- Madame Poubible deux élèves ne sont vraiment pas bien on devrait redescendre, affirme Monsieur Rosier.

- De toute façon je pense que nous devrions aller se poser au parc pour un quartier libre.

- Faisons ça. On va redescendre! Crie Monsieur Rosier.

- J'ai vu un truc sympa pour aller manger si vous voulez, propose Ryler alors que nous descendons pour retrouver le béton mouillé.

- Il y a des sushis?

- Bien sûr, il y a du choix.

- Alors je suis partante.

- Ouais moi aussi.

- Et toi Anna ça te va? Me demande Connor.

- Oui c'est très bien.

Avant de pouvoir aller manger les professeurs nous obligent à les suivre jusqu'au Yoyogi Park non loin d'ici.

- J'ai faim.

- Moi aussi.

- On a compris ça fait dix fois que vous nous le dites tous les deux, s'exaspère Ryler alors que je lance un regard amusé à Connor.

Nos ventres crient famine depuis dix minutes qui pour nous ressemblent vraisemblablement à au moins une heure. Nous sommes tous soulagés quand nous apercevons le parc et que Monsieur Anderson prend la parole:

- Vous avez deux heures de quartier libre, il est midi trente à quatorze heures trente on se rejoint tous à l'entrée du parc. Surtout ne vous éloignez pas trop.

- Je crois que je n'aurais pas pu tenir une minute de plus.

- Le restaurant est pourtant à trois minutes d'ici.

Connor et moi observons Ryler presque achevé par la faim.

- Alors mettons nous en route maintenant, s'exclame Daisy pleine d'énergie.

- Est ce que toi aussi ton estomac te donne l'impression de ne pas avoir mangé depuis deux jours?

- Je dirais même trois jours car j'ai sauté le déjeuner ce matin, affirmais-je avec un fort regret de ne pas au moins avoir pris une petite brique de lait dans mon sac.

- Bon dépêchez-vous si vous voulez ne pas mourir de faim sur le trottoir.

On traîne derrière eux sans un mot de plus. Parfois, quand il regarde le vide depuis ses yeux verts, j'ai l'impression qu'il est chagriné par quelque chose. Tout le monde a ses problèmes après tout et chacun a sa manière de les gérer ou même de ne rien laisser transparaître. Pourtant, quelques fois un sourire exprime bien plus la tristesse que l'on ressent que la gaieté qu'on voudrait renvoyer, en tout cas c'est ce qui se passe pour Connor.

Nos âmes briséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant