Chapitre 30: Quatre étoiles

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 Anna

 Le lycée organise un bal d'hiver demain juste avant les vacances de noël. Je trouve ça tellement barbant. Pour moi il n'y a même pas à réfléchir je n'irai pas, seulement Ryler, Daisy et Connor m'ont forcé, m'ont menacé de venir si je ne voulais pas avoir des problèmes. C'est donc pour ça que je me retrouve à coudre une robe à minuit dans la pièce de mes rêves. Eden m'a fait la surprise, il m'avait caché l'existence de cet endroit. Celle-ci est spacieuse. Elle est meublée d'un bureau d'angle blanc sur lequel se trouve un panel de crayons de couleur , de feutres et crayons de base . Il y a aussi un mannequin pour que je puisse faire les mesures de mes créations accompagné d'une étagère avec de nombreux tissus tous différents. J'ai fini mes patrons à vingt-heure et je n'ai réalisé que le bustier de ma future robe à dentelle noire. Pour éviter la transparence j'ai utilisé un tissu couleur chair que je vais recouvrir d'un tissu en dentelle à fleurs noir qui, lui, est complétement transparent.

- Alors tu avances?

Je sursaute en voyant Eden la tête penchée à côté de la mienne.

- Lentement. Il me manque encore le jupon et la dentelle. Tu peux aller te coucher si tu veux j'en ai encore pour au moins trois heures.

- Non je vais attendre.

Il replace une mèche rebelle derrière mon oreille.

- Tu veux boire quelque chose?

- Je veux bien.

- Alors je reviens tout de suite, dit-il en sortant rapidement de la pièce.

Les détails de mon bustier sont enfin finis alors je vais pouvoir m'attaquer à la jupe. D'abord je découpe le tissu à la couleur claire avec l'aide de mon patron puis le place avec quelques aiguilles sur le mannequin.

- Et voilà un chocolat chaud avec de la guimauve mademoiselle.

Je prends la tasse chaude que me tend Eden qui est de retour.

- Attention c'est la recette exclusive du chef.

- Exclusive?

- Tout à fait.

- Alors je vais goûter pour vous dire si cela vaut un cinq étoiles.

- Allez y.

Son expression est si concentrée que cela me fait rire.

- Allez goûtez mademoiselle, s'impatiente-t-il.

Je prends une gorgée de chocolat chaud avec une des petites guimauves qui flottent dans la tasse.

- Alors? Qu'en pensez vous?

- Mmh c'est très bon mais je dirais qu'un quatre étoiles serait amplement suffisant.

- Un quatre étoiles?

Il prend ma tasse avant de la poser sur la petite table en verre. Il se rapproche de moi malicieusement alors que je recule jusqu'au canapé présent contre le mur.

- Non monsieur laissez moi! Criais-je lors de son attaque de guilis.

Je me tortille dans tous les sens allongée sur le canapé.

- Alors toujours quatre étoiles? Me demande-t-il au-dessus de moi.

Sans vraiment savoir pourquoi, je pose ma main sur sa joue. Je ne me lasserais jamais de son odeur familière, de ses yeux, de lui en entier.

- J'abandonne, quatre étoiles c'est déjà bien.

Il penche sa tête vers la mienne avant d'embrasser mon front.

- Je t'aime Anna, je t'aime dans ma tête et dans mon cœur.

Cette phrase, sa phrase, elle est gravée en moi. Je le serre contre moi et ferme les yeux un instant.

- Et toi est ce que tu m'aimes?

Je n'arrive pas à répondre. Je sais que c'est le cas et pourtant je n'arrive pas à lui dire que moi aussi je l'aime. Depuis le suicide de mes parents je n'ai plus énoncé ses mots qui pour moi étaient maudits. J'ai beau vouloir les dire, je n'y arrive pas. Ils sont coincés à travers ma gorge.

- Ce n'est pas grave Anna, tu es là contre moi et cela est une preuve d'amour.

- Je suis désolée, je dois finir ma robe et mon chocolat chaud, ajoutais-je amusée.

- Et bien moi je vais rester ici à vous regarder mademoiselle.

Je me lève, rompant la chaleur qu'il propageait en moi.

- Au fait, tu es au courant pour la photo?

- Oui je l'ai vu ce matin après t'avoir déposé au lycée.

- Qu'est ce que je dois faire?

- Mais enfin tu n'as rien a faire. J'en ai rien à foutre qu'une photo de nous circule sur les médias ou dans les journaux. En plus je la trouve sympa moi la photo, sourit-il en tendant son téléphone vers moi pour que je puisse voir la photo qui a été prise.

Eden a un bras autour de ma taille alors que nous parlions à celui qu'il surnomme Godzilla. Elle a été sans doute prise hier. Après avoir dormi dans sa voiture couverte de cette couverture à étoiles nous avons été voir son garde du corps, Adam, à qui il m'a présenté.

- Ouais c'est vrai qu'elle n'est pas moche.

Un sourire jusqu'aux oreilles, il passe une main derrière sa tête quant à l'autre tient le bout de papier sur lequel est inscrit le début de son texte. Je ne le dérange pas plus et me mets au travail. Etrangement, je suis à nouveau pleine d'énergie. Demain c'est le bal d'hiver, après demain c'est les vacances et encore après c'est le réveillon de noël. Je suis si impatiente de passer noël avec lui. Il faut encore que je lui achète un cadeau mais vu les quelques euros qui restent dans mon porte monnaie ce sera sûrement quelque chose de médiocre.

- Aïe, gémis-je.

- Est ce que ça va? Se précipite Eden.

- Oui ce n'est rien je me suis juste piquée avec une aiguille.

- Fait attention tu pourrais tomber dans un profond sommeil et je serais malheureusement dans l'obligation de t'embrasser.

- Heureusement que celle-ci n'était pas empoisonnée.

Il se lève du petit canapé moelleux pour venir jusqu'à moi.

- Oui, heureusement, murmure-t-il soudain sérieux, limite inquiet.

Il prend mon visage dans ses mains avant de m'embrasser tendrement.

- Eden?

Je suis surprise de le voir me serrer dans ses bras, il se cramponne à moi comme si j'allais m'envoler au premier coup de vent.

- Eden, je ne suis plus éphémère, tu n'as plus à t'inquiéter.

Il passe rapidement une main dans ses cheveux noirs avant de reprendre:

- Aller finis cette robe que je puisse m'endormir près de toi.

- Tu vois c'est toi qui est fou de moi, rétorquais-je.

- Mmh peut-être bien.

Ne m'attendant pas à cette réponse, je me retourne brusquement pour masquer la couleur pourpre qui s'installe sur mes joues. J'aimerais lui dire quelque chose de froid et insolent mais je n'ai aucune idée qui me vient alors je me contente d'attraper mon mètre ruban. Le bal n'est qu'à vingt heures mais nous devons aller acheter un sapin ainsi que des décorations l'après-midi alors je dois terminer cette robe ce soir. De toute façon maintenant que je l'ai commencé je compte bien la finir.

- Rassures moi tu n'es pas le type de personne qui met des guirlandes bleues sur son sapin pour noël?

Je tourne les yeux de mon tissu noir pour voir ce qu'il en est de lui.

- Eden?

Quand j'aurais cousu la dentelle sur ma robe pour l'instant nue, là seulement je m'autoriserai à aller le voir. Pourtant, vu à son souffle régulier et à ses membres immobiles je me doute qu'il s'est endormi profondément. 

Nos âmes briséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant