Anna
Nous avons donc passé la nuit chez ce chanteur, sans pression. Je suis restée stupéfaite en voyant la taille immense de son apparte et l'écran de cinéma accroché à son mur au lieu d'une télé de taille normale.
- Franchement, t'abuses. Je te fais plus confiance.
- Je suis désolé, s'excuse Ali au volant en train de conduire sur la route du retour.
- Tu imagines si on aurait dormi dehors par ta faute ! Continue de le réprimander Daisy.
- C'est bon Daisy, dis-je assise à
l'arrière.
J'ai bien fait de faire cette proposition, Daisy n'a jamais dormi dehors et je ne veux pas qu'elle connaisse cet enfer. Entre le froid, les rats, le bruit, c'est affreux. C'est une expérience que je n'espère pas revivre, pourtant, je sais que je vais devoir de nouveau m'y confronter dans pas longtemps. Ali me dépose devant chez moi et je regrette que le trajet n'ait pas perduré plus longtemps. Mon sac en main, je les salue sur le seuil de la porte en bois. Je pousse celle-ci et en entrant l'atmosphère pesante se colle à moi comme si elle n'avait fait qu'attendre mon retour.
- Ma chérie !
Sophie m'enlace en pleurant et j'ai la forte impression de m'enfoncer dans le parquet du salon. Marc aussi me prend dans ses bras recouvert d'un fin pull bleu marine.
-Ali avait bu on a passé la nuit à l'hôtel, mentais-je.
Ils ne me demandèrent pas plus de détails. Tant que je vais bien, c'est tout ce qu'ils leurs important. Je monte dans ma chambre et je me demande ce qu'il se passerait si je fuguais. Loin d'ici peut-être que tout serait plus simple. En attendant, je suis là à aller me doucher et me changer pour affronter la journée de lycée qui va bientôt commencer. Le miroir mural reflète mon visage marqué par les cernes prononcé sous mes yeux. On dirait presque que je suis défoncée. Il manquerait juste que mes pupilles soient dilatées dans mes iris marrons. Je pourrais sécher aujourd'hui, comme toutes ces fois.
Je finis par y aller debout dans le bus me tenant à la barre en métal. Je sens le regard lourd de cet homme. Chaque jour c'est la même rengaine. Voir une jeune fille en uniforme est sûrement plus plaisant que de voir sa femme à moitié nu. La pluie bat contre le carreau et le bus s'arrête à mon arrêt pile au moment où l'homme au regard insistant se rapproche lentement. J'arrive au lycée les cheveux trempés collant à mon front. Le mascara est éparpillé sous mes paupières laissant de grosses marques noires.
- Tu t'es prise la pluie ? Me demande un mec de ma classe.
Non jure, ai-je envie de lui répondre et c'est ce que je lui réponds d'ailleurs.
- Perspicace t'as vu, me répond-t-il avec cette ironie qui m'agace.
Je ne lui réponds rien et me casse vers les toilettes avant que les cours commencent. J'essuis, le mascara étalé sur ma peau, mais maintenant j'ai juste l'impression d'être encore plus cerné. La sonnerie retentit résonnant dans les couloirs bondés de monde. Je regrette déjà d'être venu.
- Mademoiselle Walter Anna, quel honneur vous nous avez fait de votre présence.
Je lève les yeux au ciel et elle continue de faire l'appelle correctement.
- Ça fait longtemps Walter, me chuchote Aaron derrière moi.
- Pourtant, j'ai toujours envie de vomir en voyant ta sale gueule.
Ce mec me dégoûte. C'est le style à parler à quatre meufs en même temps, toute éperdument amoureuse de lui, pourtant lui n'en aime aucune. Je trouve ça répugnant.
- Tu y vas fort Walter.
- Tu trouves ? Je croyais pourtant avoir été convenable.
Il ricane bêtement alors que mon but n'était absolument pas de le faire rire.
*
La pause méridienne arrive rapidement. Je crois bien que j'ai dormi toute la matinée. J'ai une bonne excuse, nous nous sommes levés tôt pour justement pas louper les cours alors je rattrape mon sommeil ici.
Daisy débarque de la salle d'en face avec Ryler autour du cou.
- Alors comment s'est passé la rentrée, me lance-t-elle alors que Ryler la dévore de ses yeux verts.
- Je suis venu presque tout le mois de septembre, me vantais-je.
- Ho excuse moi, rit-elle, non sérieusement c'est cool que tu reviennes ça fait plaisir.
- Oui, tu as meilleure mine, réplique Ryler à son tour.
Daisy hésite un instant avant de répondre. Je sais ce qu'elle pense, que rien à changer, mon jeu d'acteur s'est juste amélioré.
- Tu manges ici ? Change-t-elle de discussion.
- Je n'allais quand même pas raté les délices de la cantine.
- C'est vrai que c'est mieux que le kebab qui se trouve juste devant le lycée.
- Tu m'étonnes, dit-elle pleine d'ironie.
- Je dois te taxer Daisy à la pause excuse moi, reprend Ryler.
- Depuis quand tu t'excuses toi ?
- Je suis désolée Anna mais promets moi que si tu as n'importe quel problème tu m'appelles, mon téléphone reste allumé.
- Ne t'inquiètes pas, profite, je suis assez grande.
Elle me sourit et m'enlace. Ryler me sourit aussi et ils s'éloignent main dans la main.Un couteau pourrait me transpercer le ventre je ne l'appellerais pas quand même. Je n'ai pas envie d'être l'enfant qu'ils doivent garder. Je n'ai clairement pas envie de manger des épinards en bouillie froide, on dirait la bouillie donnée aux prisonniers. J'insère donc une pièce dans le distributeur. Deux secondes après, la brique de jus de pomme tombe est je la prends avant de m'enfermer dans les toilettes. Le carrelage qui recouvre les murs est sali par les écritures au stylo indélébile. Je sens mon cœur se serrer et ma nuque devenir moite quand j'entends des filles entrer. Je me replie sur moi-même, les jambes replier dans mes bras sur les toilettes. Je n'ai pas peur, c'est juste une mauvaise idée de rester seule ici. Je sort donc en trombe en claquant la porte derrière moi.
- Qu'est ce qui se passe Walter, me lance Aaron accoudé par la fenêtre grande ouverte du couloir. Je veux l'ignorer mais je lui réponds avec distance :
- Va te changer à part si tu préfères vraiment rester dans ton bain de boue.
Je ne comprends pas pourquoi les clubs du midi ne ferment pas en cette saison horrible. Les joueurs de baseball se trouvent plein de terre à force de glisser sur le sol humide.
- C'est pas un peu de bou qui va me tuer.
Je ne sais pas quoi répondre alors je trace mon chemin agrippant la lanières de mon sac. Dehors le vent passe dans mes cheveux encore en bataille. Les semelles de mes converses noir sont vite remplis de terre mouillé.
J'aperçois une voiture blanche garée devant le lycée. Je la contourne mais j'entends crier depuis la fenêtre de celle-ci :
- La blondasse !
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Nos âmes brisées
Romance⚠️TW: drogue, suicide. Je n'aurais jamais pensé que le jour de mes huit ans tout allait devenir si dur. J'ai accepté pensant guérir mais vivre dans l'ombre d'une morte est trop pesant pour moi. Voilà que maintenant ma plaie est encore plus ouverte...