Chapitre 7

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Je n'avais jamais vu les jardins du palais en hiver, ils sont presque plus beaux qu'en été. Je regarde à gauche puis à droite la surface immaculée et je me dis qu'il serait dommage que du sang tache la neige. Le garde enjambe les marches de l'entrée rapidement pour chuchoter quelques mots aux gardes qui surveillent la porte. Les hommes nous observent avec méfiance avant de nous ouvrir.

Le garde qui nous a escortés jusqu'ici entre en premier et nous le suivons. Il nous conduit dans l'antichambre où se trouve l'escalier principal du palais. Mes yeux rencontrent ceux d'Anatole qui me fait un léger clin d'œil.

— Merci, Pierre, je prends la suite. Dis le garde avec qui j'ai sympathisé durant mon séjour.

Les souvenirs affluent. La première fois que je l'ai vu, notre tournoi de tir à l'arc personnel, les dizaines de promenades dans les jardins du palais. Je n'ai pas pensé à ce qu'il avait pu ressentir quand j'ai fui et pourtant j'avais fini par le considérer comme un ami.

Le garde qui nous accompagnait jusqu'ici rebrousse chemin pour retourner à son poste. Quand nous entendons les portes d'entrée se refermer au loin, Anatole me signifie d'un geste que nous pouvons avancer. Je fais un premier pas et il se cale directement sur mon rythme, il est proche sans pour autant que nos épaules ne se touchent. J'entends Ayden émettre un petit son menaçant qui ne fait pas réagir le garde. Ignace est juste à ma droite et ne regarde absolument pas Anatole. C'est la première fois que le roi d'Edryae revient depuis la grande séparation. J'imagine difficilement tous les souvenirs dont il doit se remémorer en silence.

Nous tournons dans l'un des multiples couloirs. Je remarque qu'Anatole ralentit un peu. Je pose les yeux sur lui. Il balaie les alentours et quand il s'est assuré qu'il n'y a personne il parle :

— Tu n'aurais pas dû venir. Chuchote-t-il.

— Pardon ?

— Hestia, c'est une mauvaise idée, une très mauvaise idée.

Mes amis se sont stoppés en entendant les paroles d'Anatole. Je leur lance un regard en coin, Alex fronce tellement les sourcils qu'ils sont sur le point de se rejoindre.

— Pourquoi ? intervient Cali.

Anatole ouvre la bouche, mais des pas précipités se font entendre dans le couloir, le garde se remet droit et marche comme si de rien n'était. C'est à mon tour de me caler sur son rythme. Je suis sur le point de l'interroger, mais une voix me glace le sang.

— Anatole ? Tu es seul pour escorter nos invités ?

— Colonel Prigent.

Anatole se stoppe net et fait un salut militaire à Orso, l'homme qui est venu me prendre à ma famille. Ce dernier arrive enfin à notre hauteur et me détaille tout en répondant à Anatole :

— Repos soldat.

Orso regarde enfin Ignace. Il doit avoir le même âge et un léger sourire étire les lèvres du colonel.

— Votre Altesse... Que nous vaut l'honneur de cette présence ?

— Une réunion de famille ne me semblait pas des plus inutiles.

— En effet...

Orso prend le devant du cortège et Ignace se place à sa droite. Il échange quelques banalités sans pour autant réellement discuter. Le reste du groupe et moi-même restons silencieux et quelque peu sur nos gardes. Mes amis ne peuvent s'empêcher de lancer des regards anxieux à Anatole.

On nous mène aux doubles portes de la salle du trône. Je déteste cette pièce où le roi est dans son rôle d'être tout puissant sur son trône qui se trouve déjà sur une estrade. Il prend sa position de supériorité avec évidence. Je sais déjà qu'il va nous regarder de haut.

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant