Chapitre 45

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J'ai bien fait d'économiser l'utilisation de ma magie et de mes aptitudes durant le combat parce qu'ils me serviront sans nul doute. Le portail nous fait apparaître derrière le petit groupe de dirigeants de l'armée nostrarienne et le roi. Une demi-seconde avant qu'ils ne nous repèrent, je remarque une créature à la peau grise dans le dos du roi, elle a l'air de lui souffler quelque chose à l'oreille. Elle se retourne rapidement et je tombe sur ses yeux qui ne sont qu'un abîme de noirceur. Elle me sourit et crie avant de me désigner avec l'un de ces longs doigts griffus.

Une varas kare.

Toutes les têtes autour du roi se retournent et la bataille repart de plus belle. Ils se jettent sur Gaspard et moi. Je dégaine rapidement mon épée et commence à transpercer des peaux. Ils sont forts, l'un d'eux utilise ses aptitudes pour m'étrangler. Je me débats tant bien que mal tandis que Gaspard se précipite sur le haut gradé. Il le pourfend de son épée et la pression disparaît aussi rapidement qu'elle est arrivée.

Je compte une dizaine de haut gradés, trois femmes et sept hommes. Le prince n'est pas présent et c'est un tel soulagement que j'en arrive à oublier l'atrocité que je suis en train de commettre. Je prends des vies sans aucun remords, ils arriveront plus tard, à cet instant ils ne me serviront à rien. Tous les coups sont permis. Je me rends invisible et tranche une gorge, pour ensuite exécuter un lancer de couteau parfait dans la tête d'un des assaillants de Gaspard. Je déstabilise l'un de mes adversaires en enflammant mon épée avant de l'abattre sur lui. Gaspard me hurle d'avancer et qu'ils s'occupent des trois personnes qui l'encerclent. Entre le roi et moi, il ne reste qu'un homme qui me regarde avec une haine viscérale.

Je passe à l'offensive, mais il esquive. Je répète mon geste avec plus de force. Il esquive à nouveau et c'est à son tour de m'attaquer. Je recule rapidement, mais il atteint tout de même mon épaule et m'entaille la peau. Je me rends compte que la fatigue ralentit mes mouvements, mais ce n'est pas le moment de relâcher mon attention. J'évite un coup d'épée qui aurait fait couler mes boyaux sur le sol, si je ne m'étais bougé assez rapidement. Il lance plusieurs attaques que je bloque à chaque fois de mon épée jusqu'à ce qu'il commette une erreur et laisse son flanc à découvert. D'un coup fluide et rapide, je l'atteins et il s'écroule au sol.

J'arrive enfin face au roi qui m'applaudit avec une lenteur calculée. Je l'observe, il est vêtu du même uniforme blanc et rouge que son fils le jour ou je l'ai rencontré. Pas une tache de sang ne salit sa tenue et ce constat me révulse. Il laisse ses soldats se battre sans lever le petit doigt.

— Tu es enfin venu à moi... il me regarde de haut en bas avec dégoût. C'est que tu ferais presque peur recouverte de sang.

Je n'arrive pas à garder le regard braqué sur lui parce que la varas kare dans son dos m'observe avec une joie malsaine. Défendra-t-elle le roi si je m'avance pour le tuer ? Il sourit de toutes ses dents en remarquant mon petit manège.

— Tu es intriguée par mon amie ?

— Que vous a-t-elle offert pour que vous décidiez de vous allier à elle ?

Les textes mentionnent les varas kares pour leur place auprès des seigneurs. Elles sont caractérisées par leur soif de pouvoir et surtout les guerres qu'elles déclenchent. En contrepartie de leurs aides, elles réclament une pointe de pouvoir ainsi que la force vitale d'une personne. Qui le roi a-t-il sacrifié pour nourrir le démon ? Il me dévisage avec condescendance et se lève brusquement sans pour autant faire un pas vers moi. Il lève les bras théâtralement.

— Mais elle m'a tout donné. Ne vois-tu pas ? Je suis roi, mon frère est mort et j'ai un héritier. Il ne me manque que ton bout de terre... et ta mort pour atteindre l'objectif final.

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant