Chapitre 37

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Ça fait maintenant une heure que je regarde le plafond dans l'obscurité de la chambre. Ezra dort dans le lit voisin. Son souffle s'est fait plus lourd il y a un moment, mais je n'ai pas osé bouger de peur qu'il ne se réveille. Des bruits de pas se font entendre dans le couloir, mais c'est fréquent, ce n'est pas la première personne alcoolisée qui rejoint sa chambre depuis le début de la soirée. Quelque chose est glissé sous l'embrasure de la porte et ce bruit de frottement me fait relever la tête. Une ombre est placée devant notre porte, elle part rapidement. Je me lève alors lentement et sans émettre un seul son. J'attrape le bout de papier et le place dans un rayon de lune. Il est simplement noté « rendez-vous maintenant dehors ». Je le tourne dans tous les sens en cherchant une signature ou une indication de la provenance de ce biais, en vain. Cette énigme me grise, il faut que j'aille dehors, mais la porte est fermée à clé. Ezra garde la clé sous son oreiller. Je regarde l'homme en train de dormir et fronce le nez.

J'enfile mes chaussures et remets ma veste sale. N'ayant pas d'autres vêtements, je me suis uniquement lavée pour remettre mes loques.

Je déteste être désarmée. Je ferme les yeux face à l'idiotie que je m'apprête à faire. Je m'approche d'Ezra, une fois assez proche, je passe ma main en dessous de son oreiller. Ma respiration se bloque. Je suis à la recherche de la clé et d'une arme. Mes doigts se referment sur un manche et je tire doucement l'arme. Une fois le poignard retiré de sa cachette, je l'observe en souriant. Je suis prête à retourner sous l'oreiller pour récupérer l'autre trésor que je convoite, mais Ezra se retourne et son visage se trouve à moins de quelques centimètres du mien. Il gémit doucement et je m'interdis de respirer face à lui. Il prononce une phrase inintelligible et je comprends qu'il parle dans son sommeil. C'est avec soulagement que je me relève doucement et m'éloigne de lui. Il parle à nouveau et je perçois seulement deux mots : « Éros » et « sentiments ». Je me détourne en me précipitant vers la fenêtre. Je l'ouvre.

— C'est pochible d'oublier des chentiments ?

Je le regarde en fronçant les sourcils, mais plus un mot ne passe à nouveau la barrière de ses lèvres. J'enjambe l'appui de fenêtre et anticipe la possible chute. Nous sommes au premier donc même si je tombe, ça ne m'inquiète pas trop. Je place ma chaussure dans un creux et commence à marcher sur le minuscule rebord qui longe le mur. Mon objectif est simple : atteindre l'arbre le plus proche et sauter dessus. Il y a du vent ce soir, il fait voler mes cheveux qui viennent me fouetter le visage. J'arrive enfin au point le plus proche de l'arbre. Je regarde mon objectif dans mon dos, expire lentement, puis me lance. Je me retourne en sautant les deux bras en l'air et attrape la branche la plus proche au vol. L'impact dans mes bras est douloureux et me coupe la respiration une demi-seconde, mais je l'ai fait. Je regarde vers le bas et lâche la branche. Mes pieds frappent le sol avec force. Je me redresse à la recherche de mon rendez-vous.

— Psssst.

Mon regard se braque tel un fauve dans la direction du bruit. La serveuse du bar émerge de l'ombre. Le clair de lune illumine son visage. Je me rends compte que la lumière de l'astre est vive ce soir. C'est la pleine lune... Mais mon couronnement a eu lieu lors de la nouvelle lune... Ça ne fait pas si longtemps. La serveuse dont j'ai déjà oublié le prénom m'offre un sourire.

— Vous êtes la reine Hestia !

Je plisse les yeux face à son affirmation, toujours sur mes gardes. Elle poursuit :

— Je vous ai reconnu quand vous avez passé la porte, mais c'est votre tatouage qui vous a trahi. J'ai regardé votre couronnement, votre majesté.

Je me force à fermer ma bouche que j'avais entrouverte sous le choc. Pourquoi a-t-elle regardé mon couronnement ?

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant