Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légende

Chapitre 41

— Ce n'est pas très sympathique...

C'est la quatrième fois qu'il essaie de me parler. Je lui ai claqué la porte de mon esprit à chaque fois. Je ne comprends pas pourquoi il revient encore à la charge.

— Comptes-tu me répondre ? me demande-t-il.

Je souffle ostensiblement en me pinçant l'arête du nez. Je rouvre les yeux pour observer mes amis parler autour de la carte. Dès que Léandre a été informé que j'étais de retour, il a déboulé dans la tente comme une furie. Il était torse nu et ne ressentait clairement aucune pudeur.

Maintenant que je regarde mon frère et ma sœur, la culpabilité liée à la mort de mon père m'assaille comme des milliers de coups de couteau. La tristesse ne m'a pas quitté depuis que le roi Horos l'a fait exécuter, mais c'est pire aujourd'hui. C'est ma faute si nous avons perdu notre père et que notre mère est encore enfermée.

— Tu devrais aller dormir, Hestia, me lance Ayden.

— Non, j'écoute...

— Je pourrais te faire le débriefing demain... Je ne pense pas que nous rencontrerons l'armée de Nostraria demain.

— Mais si ça arrive, je veux être préparée.

Ce serait idiot de laisser traîner, je n'ai qu'à tenir encore une petite heure avant d'aller dormir. Mon interlocuteur hoche la tête alors qu'Alex, Eryk et mon frère me dévisagent avec inquiétude.

Eryk se rapproche doucement de moi. Il est évident que quelqu'un allait le réveiller dès mon arrivée. Et ce quelqu'un a été Alex avec un entrain de petit garçon.

— Tu as quand même l'air fatigué.

— Et je dis que ça ira...

— Tu n'as pas encore coupé le lien. Je suis étonné. je perçois le rire d'Éros à travers notre connexion.

— La ferme.

— Tu es mauvaise. Tu m'as abandonné dans mon palais alors que je t'ouvrais mon cœur.

— Moi je suis étonnée que tu sois venu me parler si tard... Et je n'appelle pas ça ouvrir son cœur quand on essaie de manipuler l'ennemie...

— Je croyais qu'on n'était pas ennemis.

— Tu m'as assez contredit pour que j'opte pour ton point de vue.

Je décroche complètement de ce que dit Ayden à cause des paroles incessantes d'Éros. De quoi vient-il de parler ? L'emplacement estimé du camp de Nostrariens ? Je n'en sais rien.

— C'est pour ça que tu m'as envoyé aussi loin du champ de bataille ? Parce que tu ne voulais pas avoir à te battre contre l'ennemi ?

— Ça n'a rien à voir. Je n'ai que faire de toi.

— Menteuse !

Je perçois un sourire dans ce simple mot et sans savoir pourquoi il arrive à relever la commissure de mes lèvres. Oui, je suis une menteuse et c'est difficile de le nier puisque j'ai déjà exprimé plus d'une fois ce que je ressentais pour lui.

— Qu'est-ce qui te fait sourire ? me demande Ayden.

Je relève brusquement la tête vers lui et mes coins de lèvres s'affaissent, alors que je le regarde avec attention.

— Quoi ?

— Je te demande ce qui te fait sourire dans ce que je raconte.

Je passe ma langue sur mes lèvres.