Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légende

Chapitre 19 - Eros

Mon regard balaie la scène. Je garde les différentes émotions qui me traversent pour moi, mais elles n'en sont pas moins présentes. Je suis déconcerté et quelque peu en colère, je dois l'avouer. Je me rends compte que mon ami m'a berné... Il s'est bien gardé de m'avouer que notre geôlière était de sa famille. Sa sœur, si j'ai bien compris. Autant la petite blonde je peux jurer qu'elle est de la même famille que Léandre, mais Hestia ... La ressemblance n'est pas frappante.

Pas un bruit ne se fait entendre dans la prison malgré le monde qui observe la scène. J'ai cru comprendre que leur père était mort de la main du mien... Sans vouloir paraître insensible, ça ne me fait aucun effet. Je préfère que ce soit cet homme plutôt que le roi Horos. Cette réflexion me fait froncer les sourcils, cette pensée sonne faux, comme si ce n'était pas la mienne. Je balaie ce sentiment du revers de la main pour revenir au moment présent. Je tourne la tête vers le garde le plus proche de ma cellule. Je l'appelle à voix basse. Il se tourne vers moi en fronçant les sourcils. Il fait quelques pas vers moi et se retrouve juste devant les barreaux.

— Oui, Votre Altesse ? me demande-t-il sur le même ton que le mien.

« Votre Altesse » ? Je suis étonné, mais dans le bon sens du terme. C'est la première personne qui utilise mon titre dans cet endroit minable. J'en perds ma question initiale de vue. À force de l'observer, une tout autre interrogation me vient.

— On se connaît ? Tu me dis quelque chose, il me sourit. Tu viens de Nostraria.

— Oh, je ne pensais pas que vous vous en souviendriez, vu que vous avez oublié...

Il fait un geste de la tête vers Hestia. Quand son regard tombe sur les trois personnes en pleurs, je lis de la culpabilité sur son visage. Je détourne son attention en prenant à nouveau la parole.

— Que fais-tu ici, si tu es nostrarien ? Tu as trahi ton pays ?

Il écarquille les yeux sous le choc. Il rentre sa lèvre inférieure comme un enfant.

— Mais c'est pour vous que je suis ici.

J'ai envie de hurler un grand OUI. C'est une victoire. Je savais que je pouvais avoir confiance en ma garde.

— Comment t'appelles-tu déjà ?

— Je suis Gaspard, Votre Altesse.

Je baisse encore d'un ton.

— Et quand comptes-tu me faire sortir d'ici, Gaspard ?

Il entrouvre la bouche et fronce les sourcils avant de regarder à nouveau Hestia.

— Je pense qu'on ne s'est pas compris, je ne vais pas vous faire sortir, même si j'en ai envie. Je suis là parce que vous m'avez demandé de m'assurer qu'elle reste en vie.

Il désigne la future reine d'Edryae, c'est à mon tour de la regarder avec une incrédulité que je n'arrive pas à garder pour moi. Léandre et ses sœurs se sont levés. Mon ami et la petite qui lui ressemble, sont blottis l'un contre l'autre hors de la cellule, alors qu'Hestia s'entretient avec Ayden. Elle a déjà repris de la contenance malgré ses yeux bouffis. La petite blonde, elle est totalement abattue. Le comportement de la future dirigeante me fait tiquer. Comment une jeune femme qui n'a jamais été éduquée pour régner peut-elle avoir une attitude si royale ? Elle est parfaite...

Elle se tourne vers nous et fronce les sourcils en voyant le garde me parler. Elle a les yeux gonflés et rouges. Le garde s'apprête à faire demi-tour. Je passe mes bras en travers des barreaux et attrape son cou avant de le rapprocher le plus possible de moi. La joue de Gaspard s'écrase contre la cellule. Le silence revient dans la prison, toutes les personnes présentes retiennent leur souffle.