- J'en ai assez de marcher, se plaint Anna-Livia. Et je ne veux plus dormir sur le sol...
Je lui lance un regard dédaigneux sans émettre de commentaire.
- Ça ne fait que deux jours, Anna, lui répond Ezra.
- Je veux dormir dans un lit.
Il est vrai qu'il n'est pas agréable de dormir en forêt, mais son ton enfantin m'exaspère. Je lève les yeux au ciel.
- Tout ça, c'est ta faute !
Sans que je ne m'y prépare, elle me pousse fort. N'ayant pas anticipé son geste, je tombe et me retrouve sur les fesses avec la jeune femme au-dessus de moi. Avec un regard meurtrier, je lui lance :
- C'est une plaisanterie ?
Je tends la jambe et la balaie. En une seconde, elle se retrouve dans la même position que moi et me rend mon regard mauvais. Les deux hommes soufflent d'exaspération. Ezra se place devant moi et me tend une main que je repousse avec véhémence. Je me relèverai seule. Je n'ai aucunement besoin d'aide. Une fois debout, je remarque qu'Anna, elle, a accepté l'aide du prince... Elle lui lance un regard de chien battu, comme si elle souffrait. Je me détourne et continue de marcher.
Je ne suis pas rassurée, nous avons atteint une route commerciale sur laquelle j'anticipe de croiser des marchands ou même des soldats. Au vu de la route que nous avons déjà effectuée vers le nord, je suis quasiment certaine que nous sommes en Nostraria. J'entends encore la jeune femme se plaindre pour un oui ou pour un non dans mon dos. Je rêve de lui hurler de se taire, mais je ravale cette remarque.
- On trouvera peut-être une auberge pour ce soir. Sur ce genre de route, il y en a souvent, lui assure Éros avec une gentillesse qu'elle ne mérite pas.
Son commentaire me fait rire et ça a le mérite d'attirer leur attention.
- Quoi ? me demande le prince.
Je secoue la tête à la négative en les observant.
- Vas-y, dis le fond de ta pensée, continue Ezra.
- Non rien... Allons dans une auberge. La princesse sera ravie.
- Tu parles de qui ?
Je hausse un sourcil à l'adresse d'Ezra, puis le regarde de haut en bas.
- Pas de moi, en tout cas. Mais allons-y, faisons plaisir à Anna et arrêtons-nous dans la première auberge.
- Ce n'est pas uniquement pour lui faire plaisir, affirme Éros.
- Bien sûr que ça l'est, mais ça n'a aucune importance.
J'espère juste du plus profond de mon cœur que nous sommes encore en Edryae et qu'ils s'en mordront les doigts. Tout le pays connaît mon visage, Ignace y a veillé. Je lance un regard en coin à Ezra. N'ont-ils pas conscience qu'il porte encore sa tenue de soldat nostrarien ? Ou bien, ont-ils des informations que je n'ai pas ? Le prince reconnaitrait-il les terres que nous foulons ? Je lui lance alors un regard suspicieux auquel il me répond par un froncement de sourcils.
❋
Il le savait... Il savait pertinemment où nous étions. J'ai vainement espéré. Je le regarde plaisanter avec l'aubergiste et je m'en veux pour ma bêtise. Le prince est beaucoup trop futé pour marcher sur une route marchande dans un pays ennemi. Ezra en est déjà à sa deuxième bière et je le dévisage avec mépris. Anna-Livia est à côté du prince et essaie d'attirer son attention sans succès, il est trop pris dans sa conversation avec l'aubergiste.
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Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légende
FantasyAttention, ceci est le tome 3 du Joyau de Nostraria. Hestia plongée dans le deuil de son âme sœur Éros depuis plusieurs mois, lutte pour trouver un sens à sa vie. Déterminée à ne pas laisser son chagrin la consumer entièrement, elle se prépare à af...