Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légende

Chapitre 29

Je somnole dans ma cellule. Le froid s'insinue dans chacun de mes os. Je grelotte et claque des dents de plus en plus fort. Ce bruit fait réagir Ezra qui me lance un regard en coin. Il est là depuis une heure à peine, il a remplacé le garde précédent qui ne m'a pas regardé une fois. Ça fait de longues heures que je suis ici.

— Tu es en train de crever de froid ?

— Ouais... et malheuseusement pou' moi... tu t'en fous.

Je n'arrive même pas à prononcer une phrase aussi simple. Il lève les yeux au ciel et se détourne. Bêtement, j'essaie de faire apparaître un feu entre mes doigts. Si seulement mon petit dragon, plus si petit, était avec moi... J'essaie de sentir vainement les pouvoirs parcourir mon corps. Je force encore et encore à m'en faire mal. Mes mains ont perdu toute couleur, je suis aussi pâle que la neige qui recouvre le sol. Les frissons s'intensifient avant de s'arrêter. Je me demande si c'est un bon signe, peut-être que je me réchauffe. La douleur que je ressentais dans mes orteils et dans mes doigts s'amenuise. J'ai l'impression d'être dans du coton. Je crois qu'Ezra me parle, mais je ne comprends pas ce qu'il dit. Je tourne la tête vers lui, mais je n'arrive pas à aller assez vite, mes mouvements sont si lents. Ma respiration ralentit alors que j'aimerais inspirer plus vite. Il y a une autre voix qui hurle. Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que je fais une hypothermie ? Je suis incapable de faire quoi que ce soit, je n'arrive pas à réfléchir correctement. Tout ce que je sais c'est que quelqu'un me porte, les mains de cette personne sont beaucoup trop chaudes, elles me brûlent. J'ai envie de les retirer, mais mes bras refusent d'obéir à mes ordres. Je sombre petit à petit. Est-ce que c'est ça mourir de froid ?

 ❋ 

Je suis réveillée par la chaleur excessive de ce lieu et par des cris. Pourquoi est-ce qu'ils se disputent ? Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour qu'Ayden et Alex décident de s'engueuler dans ma chambre ? J'essaie de comprendre ce qu'ils racontent en gardant les yeux fermés. Ces voix ne sont pas celles de mes amis... Pourtant je les connais.

— Tu comptais la laisser mourir ?

— Non, la preuve étant que je t'ai appelé avant que ce ne soit le cas.

— C'était limite.

— Qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon ? On rejoint ton âme sœur dans deux jours à peine...

— Ça n'a aucun rapport. Elle est notre prisonnière et le roi veut l'avoir vivante pour je ne sais quelle raison.

C'est Éros et Ezra qui me martèlent le crâne avec leurs protestations. Je ne me sens pas très bien, j'ai la nausée. J'ai mal partout et j'en ai assez, je veux retrouver ma famille. Je veux rentrer au château de Belseau. Je veux être chez moi. J'ai déjà failli mourir deux fois depuis que j'ai été arraché à mon nouveau foyer, sans compter le nombre de fois où Éros a voulu m'arracher la tête.

— C'est ta faute si elle est dans cet état. lâche Ezra.

— Ah oui ?

— Ça fait trois jours que vous n'avez pas mangé et tu croyais qu'elle allait tenir plus de quelques heures sans bouger dans ce froid ?

Je remue légèrement le bras droit et je me rends compte qu'il n'est plus attaché au gauche... Mon mouvement fait taire les deux hommes. Ils savent, ça ne sert plus à rien de faire mine de dormir.

— Taisez-vous !

Je garde les yeux fermés en lâchant cette phrase sur un ton condescendant. Je perçois le rire d'Ezra et le son d'une claque sur un dos, je suppose.