Épilogue

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Les cris me vrillent les oreilles et je suis sur le point de hurler à mon tour. Je ferme les yeux en priant pour que ça cesse. Je tends le petit paquet qui se trouve dans mes bras à Eryk qui l'attrape rapidement.

- Je te jure qu'on ne célébrera plus rien ce soir, s'il ne se tait pas.

Je me précipite au-dessus du berceau et observe mon fils se tortiller comme un beau loir. Il est rougeot et gonflé. Je l'attrape en priant pour qu'il se calme. Alors qu'il continue de pleurer dans mes bras, mon regard se porte vers la petite chose qui dort paisiblement dans les bras d'Eryk. Comment un frère et une sœur, des jumeaux, peuvent-ils déjà être aussi diamétralement opposés, alors qu'ils n'ont même pas 1 an ? Ma fille, la future reine de ce royaume replace sa tête sur le torse d'Eryk sans que les cris de son frère ne la dérangent. Ses cheveux blancs comme neige ne laissent aucun doute quant à sa qualité d'héritière, ils ne viennent pas de moi, mais ces yeux... quand je les vois, j'entraperçois pendant un bref instant le regard de mon père. Je m'apprête à parler, mais je suis surprise par le calme. Tandis que je détaillais ma fille, Espen a enfin décidé d'arrêter ses hurlements. Mon regard se porte alors sur lui et ses grands yeux bleus glaciers m'analysent. Je recoiffe ses mèches châtaines et lui offre un léger baiser sur le front.

- Où est leur père ?

Je me tourne vers Alex qui est nonchalamment installé sur le rockincher de la chambre des jumeaux. Il était censé revenir avec mon mari, mais ce dernier ne l'accompagne pas.

- Eh bien... Il a accueilli Cali et ton frère...

Son demi-sourire ne me dit rien qui vaille.

- Et tu n'es pas resté avec eux ?

- Je n'avais pas spécialement envie de me manger un coup.

- Te manger un c...

C'est à ce moment précis que j'entends un énorme fracas dans le couloir. Mes sourcils se froncent par automatisme et j'ouvre la porte à la volée. Je me retrouve face à une scène épique. Éros maintient mon frère par le col contre un mur avec les restes d'une console en bois de chêne à leur pied. Je comprends que le grand roi vient d'écraser Léandre contre cette console, qui n'a pas résisté. Cali se trouve à quelques pas des deux hommes et tient fermement son fils de trois ans par les épaules pour qu'il ne tente pas de se rapprocher, tout en lui cachant les yeux. Espen émet un rire sonore qui fait tourner la tête des deux hommes dans ma direction. Éros lâche mon frère et s'éloigne de quelques pas avant de marcher droit vers moi en me souriant.

C'est l'un de ces vrais sourires qui me retourne l'estomac et me fait tomber à nouveau amoureuse de lui. Un de ces sourires qui me rappellent que la guerre est finie depuis bien longtemps et qu'on peut enfin être heureux. Un de ces sourires qui me prouvent qu'il est enfin à sa place et moi à la mienne.

- Ma magnifique femme et l'un des plus beaux bébés de ce pays.

Il embrasse notre fils sur le front avant de m'attraper par la taille et de m'embrasser à mon tour. Ce baiser est passionné, mais pas pressé. Il prend son temps comme pour me redécouvrir. Je mets fin à notre étreinte et place Espen dans ses bras. Il ne se fait pas prier et accepte le paquet avec joie.

Dès que je m'éloigne un peu de mon mari, j'entends les pas précipités, mais légers d'un enfant courant à vive allure. Je m'accroupis et ouvre les bras une seconde avant l'impact de mon neveu contre mon torse. Je me relève avec l'enfant de trois ans dans les bras et le fais tourner une ou deux fois alors qu'il part en fou rire, ce qui déclenche le mien. Je me stoppe et repose mon neveu lentement en lui demandant comment il va. Il me répond rapidement que ça va avant de se jeter vers ses oncles qui se trouvent encore dans la chambre des jumeaux. Alex l'embête en le chatouillant et le petit Élis recule dans les jambes d'Eryk, mort de rire.

Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant