Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légende

Chapitre 38

Je me relève rapidement, crée un portail et arrive devant la porte de la chambre du prince. Sa porte s'ouvre à la volée, il fronce les sourcils en me lançant un regard acéré. Je cache mes bras dans mon dos.

— Comment as-tu fait ça ?

— Faire quoi ?

— Je viens de te sentir dans mon esprit... Je te sens toujours.

— Je ne sens rien.

Je mens comme une arracheuse de dents.

— Et qu'est-ce que tu fais dans le couloir ? Ezra ?

Il tourne la tête de gauche à droite. Je pince les lèvres.

— Désolée pour ça. Tu vas me détester.

Je crée un portail dans son dos et le pousse dedans en m'agrippant à son bras pour le traverser avec lui. La magie des portails est complexe et même si ce n'est pas nécessaire, il est préférable de maintenir la personne avec qui l'on veut le traverser surtout si je n'ai aucune idée de l'endroit où je nous envoie.

Je m'effondre sur Éros. Il est dos au sol tandis que je le dévisage. Sa colère enfle et ses yeux bleus glaciers se mettent à brûler de rage. Je me relève et m'éloigne.

— MAIS QU'EST-CE QUE TU ME FAIS LÀ ?

Je ne réponds pas trop ébahie par l'endroit dans lequel je viens de nous envoyer. Comment ? Je croyais que c'était impossible, qu'aucun portail ne pouvait mener à cet endroit.

J'observe la grotte dans laquelle je me suis liée à la rune de sanctification et mon souffle se coupe en voyant les centaines de dragons de la taille de Fëanáro voler, dormir ou jouer autour de nous. Une intuition de me souffle que je ne me suis pas seulement liée à la rune, mais également au lieu. Éros se retourne pour regarder dans la même direction que la mienne et recule sous le choc, son dos me bouscule légèrement.

— Mais c'est impossible. Ils sont beaucoup trop gros.

Le dragon le plus proche braque un regard jaune sur nous. Il renifle l'air et s'approche lentement. Sa démarche n'est pas très engageante, il a l'air de traquer une proie. Je m'apprête à créer un nouveau portail pour nous sortir de ce faux pas quand il commence à courir. Il se jette à mes pieds et roule sur le dos afin de me montrer son ventre. Éros m'observe avec insistance. Ses yeux effarés passent du dragon à moi. Je m'accroupis devant le dragon, qui n'est encore qu'un bébé, en comprenant ce qu'il réclame. Un bébé qui fait ma taille, mais un bébé quand même. Je lui gratte le ventre et il se met à ronronner comme le fait mon dragon quand je le caresse. Je ne peux m'empêcher de sourire face à cette bête adorable. Je tourne la tête vers Éros qui est assaillie par trois dragons qui se frottent contre lui en quémandant des caresses. Cette scène me tire un léger rire. Le regard du prince rencontre le mien et son visage se déride dans un vrai sourire. Il se reconcentre sur les dragons et leur offre ce qu'ils demandent. Je me relève et passe mes mains sur mon pantalon. Je m'apprête à ouvrir la bouche, mais il me devance sans même me regarder :

— Je suis déjà venu ici, n'est-ce pas ? Et c'était avec toi.

— C'est exact.

— Pourquoi ?

Il regarde la grotte en cherchant la réponse à sa question. Mes yeux imitent les siens. La végétation y est toujours luxuriante et il fait meilleur que dans le reste du pays. Je ne ressens aucunement le froid dans cet endroit, il paraît hors du temps. Je me souviens de la fournaise qui s'était réveillée sous mes pieds lorsque j'ai touché la rune.

— Je devais venir récupérer quelque chose ici... Et tu as insisté... non exigé de venir avec moi.

— Pourquoi est-ce que j'aurais voulu venir ?