Le Joyau de Nostraria, tome 3 : la naissance d'une légende

Chapitre 42

La nuit fut courte, mais reposante. Je sens que mes batteries sont rechargées, je pourrais utiliser mes pouvoirs faes sans problème. Ayden a poursuivi ses explications stratégiques pour aujourd'hui et les jours à venir dans une ambiance glaciale, que je n'ai pas essayé d'apaiser. Je ne suis pas fière d'avoir laissé Éros prendre encore une telle place dans ma vie... mais je n'arrive pas à passer à autre chose. J'ai senti notre lien d'âme sœur se briser et pourtant à partir du moment où je l'ai revu ce lien ne m'a jamais paru aussi réel. J'aimerais comprendre comment il a pu perdre la mémoire et que toute cette folie n'ai jamais eu lieu.

— Alooors ? me demande Alex en se plaçant à côté de moi.

Je regarde notre escouade marcher sur la plaine. Nous avons déjà dépassé Aurizieu, nous sommes encore à une journée de marche de la frontière.

— Alors quoi ?

Je tourne la tête dans sa direction. Il pince les lèvres en me sondant.

— Tu ne m'as pas encore parlé de ta connexion avec le prince.

C'est donc ça. Je reporte mon regard sur l'armée... Mon armée. Elle est composée de nombreux mages, mais pas seulement, des centaines de créatures magiques grossissent les rangs. Que ce soit des elfes, des gobelins, ou des trolls, ils ont tous répondu présents. Je regarde avec attention les différents mages ayant la capacité de se transformer en animaux. Ils évoluent sous leurs formes magiques. La meute de loups me ramène au jour où j'ai appris qu'Éros avait cette aptitude... et je ne peux ignorer plus longtemps Alex.

— Parce qu'il n'y a rien à dire.

— Ok.

Je le regarde à nouveau en fronçant les sourcils. Il ne compte pas creuser plus que ça ? Non, parce que c'est Alex et qu'il respecte mon besoin de ne pas m'étendre sur certains sujets. Il m'offre un petit sourire penaud et je place ma tête sur son épaule en guise de remerciement. Il passe son bras autour de moi et frotte légèrement mon biceps.

— Si tu veux tout savoir, cet idiot essaie de me déstabiliser plus qu'autre chose, je finis par lâcher.

— J'adore t'entendre l'appeler de la sorte, dit-il en riant. Comment essaie-t-il de te déstabiliser ?

Je me redresse pour mettre fin à ce moment de vulnérabilité.

— Il a laissé entendre qu'il était prêt à croire tout ce que je dis... qu'il me croyait quand je lui disais qu'il était tombé amoureux de moi. Qu'il était incapable de me faire du mal ou de me laisser partir. Mais ce ne sont que des mensonges pour essayer de m'atteindre et de me déstabiliser.

— Et si ce n'était pas le cas ?

Je me retourne en écarquillant les yeux vers mon ami.

— Alex, tu ne vas pas me dire que tu le crois. Tu le détestes autant qu'Ayden.

— C'est vrai, mais... il compte pour toi, j'aimerais qu'il n'essaie pas de se jouer de toi.

— Il est en route pour rejoindre l'armée de Nostraria et la mener sur nous, je me retourne en fermant les yeux... et c'est horrible, parce que je m'inquiète pour lui. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose et je ne veux pas avoir à me battre contre lui.

— Espérons qu'il n'arrive pas à temps.

— Pourquoi ?

Je regarde Alex en fronçant les sourcils.

— Parce que je ne donne pas cher de sa peau s'il croise Ayden...

— Tu dis n'importe quoi...

— Tia, ce n'est pas parce qu'il a accepté que tu ne ressentirais jamais rien pour lui, qu'il ne ressent rien pour toi. Et le fait qu'Éros te blesse un peu plus chaque jour le tue.