Chapitre 8

26 3 6
                                    

NASH

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

NASH

— Ça fait combien de temps qu'on est assis là, à boire du soda ? m'interroge Holly.

J'affiche une moue en jetant un œil à l'heure qu'affiche mon écran de verrouillage.

— Une quarantaine de minutes.

Elle soupire. Depuis que l'on est arrivé, nous nous sommes assis sur le seul fauteuil de libre, Holly sur mes genoux, alors qu'elle enchaîne les vers de Coca Cherry en regardant les étudiants.

— Qui peut bien fournir autant de weed pour que tous ces gens soient dans le monde des Bisounours ? souffle-t-elle.

Je pouffe.

— Ils ne sont probablement pas tous dans le monde des Bisounours. Il y en a un là-bas, il côtoie plutôt l'enfer, je soumets en désignant un type du menton.

Elle le regarde en grimaçant lorsqu'il vomit ses tripes.

— On va prendre l'air ?

— En prenant le risque de perdre notre place ? la questionné-je.

Elle hausse les épaules.

— Je te suis, conclus-je alors.

Elle marche devant moi, je la suis de près pour ne pas la perdre de vue une seule seconde. L'air frais s'engouffre dans nos poumons dès que l'on franchit la baie vitrée arrière, menant au jardin. Ici, les gens se baignent dans l'immense piscine malgré le froid glacial, d'autres observent les étoiles, étalés sur le gazon.

— Holly ? interpelle une voix derrière nous.

Elle se retourne alors que je n'ai pas besoin de voir qui est-ce qui s'adresse à elle, sa voix me l'indique instantanément.

— Dan, salut !

Je croise son regard, il me salut brièvement. Je ne lui rends qu'un rapide signe de la tête.

— On a fini par se croiser ! sourit-il à Holly.

— Oui, tu es ici depuis longtemps ?

Je fronce les sourcils, demeurant silencieux.

— Non, je viens d'arriver. L'ambiance n'est jamais folle en début de soirée.

Je décroche de leur discussion, en me focalisant sur tout ce qui m'entoure, sauf cette gueule que je rêverai de défigurer. En jetant un coup d'œil au gobelet vide d'Holly, je trouve là l'occasion de m'éclipser quelques minutes.

— Je vais te chercher un autre verre, lui dis-je en me penchant vers son oreille, m'attirant le regard envieux de Dan.

Rêve pas, enflure.

Holly me sourit puis plante ses lèvres sur ma joue. Je pars sans plus tarder vers le bar, où tous les fêtards ont décidé de se rassembler pour se resservir, au même moment. Je commence sérieusement à détester cette putain de soirée.

Je tapote frénétiquement mes doigts contre le gobelet, manquant cruellement de patience.

Dix minutes que j'attends un accès à une bouteille de soda à la cerise. Je parviens enfin à l'atteindre, quand je constate sans tarder qu'elle est vide.

— Bordel, juré-je.

Je verse alors une autre boisson, sans cerise, en sachant pertinemment qu'Holly ne le boira qu'à moitié. Le seul soda qu'elle s'enfile verre après verre, c'est lorsque c'est du Coca Cherry, ou bien tout ce qui est à base de cerise.

Quand je reviens vers elle, elle a déjà un verre en main. Je fronce les sourcils, le regard de Dan se plante fièrement dans le mien. J'interroge Holly du regard.

— Dan m'a fait gouter une gorgée de son cocktail, me sourit-elle innocemment.

Je lui tends son verre.

— Je n'ai pas trouvé de Coca Cherry.

— Ce n'est pas grave, me rassure-t-elle.

Un slow raisonne soudainement dans la maison. Automatiquement, mon regard glisse vers le petit bout de femme à mes côtés, mais Dan accapare toute son attention.

— Tu m'accordes cette danse ? lui propose-t-il doucereux.

Ma mâchoire se contracte, la tension monte. Holly fronce les sourcils en m'observant.

— Vas-y, déclaré-je en désignant la piste de danse d'un signe de la tête.

Dan attrape sa petite main entre ses doigts.

Doigts que je rêverai de briser, eux aussi.

Holly m'accorde son regard une dernière fois avant qu'elle disparaisse dans la maison.

Je reste un instant à l'extérieur, en terminant, cul sec, le soda transparent dans le gobelet qu'elle m'a refilé avant de partir. Mais je ne résiste pas plus longtemps avant de rentrer à mon tour, afin d'avoir un œil sur lui.

Ses mains sont sur ses hanches, ses yeux rivés dans les siens. Je boue de l'intérieur. Le bémol, c'est que je ne peux pas intervenir, sans avoir de raison valable. Le sourire qu'affiche Dan me tord les tripes, Holly le lui rend, comme elle a tendance à le faire si souvent.

Cette fois, le slow est remplacé par une musique complètement opposée à celle qui vient de passer. Lorsque "Gimme More" de Britney Spears retentit, le regard d'Holly serpente dans toute la pièce à la recherche du mien. Je n'ai pas besoin de comprendre plus longtemps, je sais immédiatement, que sa folie est prête à surgir d'un moment à l'autre.

Pauvre Dan, ta petite bulle vient d'éclater. Je te présente Holly, la vraie, l'unique !

Une amie que semble connaitre Holly se joint à elle, mais le constat est sans appel : Holly est la seule qui rayonne dans cette pièce. Elle chante, et danse en pointant son amie du doigt, faisant mine de tenir un micro. Dan s'éloigne de la piste de danse.

Quand le refrain approche, Holly ondule son bassin. Elle est son amie, dos contre dos, se lancent dans un spectacle sans fin. Elles ont toutes les deux rapidement entourées par les autres étudiants qui se défoulent, eux aussi, admiratifs de leur danse presque en concordance. Holly s'avance soudainement dans ma direction, je sais déjà que je suis la prochaine victime de sa démence.

Elle m'attrape par le bras puis tourne sur elle-même. Elle imite les gestes de Britney dans le clip qu'elle doit sans doute connaitre par cœur. Elle me sourit de toutes ses dents, étirant les deux coins de mes lèvres automatiquement. Son dos contre mon torse, elle cale parfaitement ses mouvements sur le rythme. La musique est sur le point de se terminer lorsqu'elle se retourne subitement vers moi, ses iris ancrés dans les miens, les dernières notes retentissent.

Sa respiration est saccadée, son sourire demeure sur son visage rougit et ses cheveux vénitiens sont complètement désordonnés.

Et tout ce que je voudrais, là maintenant, c'est pouvoir l'embrasser.

Crazy!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant