Chapitre 26

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NASH

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NASH

Elle a senti que quelque chose n'allait plus entre nous, et je dois avouer être rassuré qu'elle s'en rende enfin compte.

Ça fait trois semaines que j'essaie de me dissuader de lui dire que je n'y arrive pas. Que je n'arrive pas à oublier ce que je ressens pour elle. Alors, j'essaie de prendre mes distances, comme pour m'assurer que ce que j'éprouve, se taise. Je prends mes distances même si ça me tord les tripes de ne plus avoir nos petites habitudes. Tout ça n'a pas l'air de trop l'impacter, elle me raconte toujours ses journées, même si j'ai l'impression qu'elle cherche davantage le contact : dès qu'elle le peut, elle entrecroise ses doigts aux miens, ou bien, elle m'entoure de ses petits bras, et je la laisse faire parce que la repousser est tout bonnement impossible à concevoir.

Confortablement assis sur mon siège rouge, devant le grand écran de cinéma, où les bandes-annonces des films à paraître défilent, je rumine. Je la sais tout juste à quelques pas de moi, je la devine tourmentée, comme elle a l'air de l'être ces derniers temps. Je ne suis pas con, je sais que ce qu'il se passe entre nous l'atteint malgré ce qu'elle essaie de montrer, ça m'atteint moi aussi. Mais c'est impossible pour moi d'être proche d'elle, comme nous l'étions avant, sans que mes sentiments en fassent qu'à leur tête.

Je suis comme ça, je ne peux pas simplement passer un coup d'éponge sur ce que je ressens. Je ne peux pas juste croiser son regard et m'interdire d'imaginer qu'elle peut être bien plus que ma meilleure amie.

Et pourtant, j'ai sans cesse ce besoin de la sentir près de moi, de temps en temps.

— Ça manque de pop-corn, déclare Lucas.

J'y vois là, l'occasion d'aller la voir.

— J'y vais, je propose immédiatement.

Je me lève en m'excusant lorsque je traverse la rangée de sièges occupés. Je sors de la salle, puis me rend à l'accueil où Holly est en train de se rattacher les cheveux.

Toby lui donne un coup de coude dans les côtes, indiscrète. Elle se tourne dans ma direction, et baisse immédiatement le regard sur ses chaussures, en remettant sa queue de cheval correctement, signe que les choses vont bien plus mal que je ne le pensais.

Je m'avance dans sa direction, elle croise mon regard, je le soutiens.

— Il vous reste du pop-corn ? On a zappé d'en prendre tout à l'heure.

Elle hoche la tête et se colle à la tâche.

— Combien de cornet ? m'interroge-t-elle sans me regarder.

— Trois, s'il te plaît.

Elle remplit trois récipients avant de me les tendres.

— Merci, Ly'.

À l'annonce de son diminutif, elle relève le nez vers moi, puis elle affiche un petit sourire en coin, si mince que moi seul pourrait savoir que c'en est un.

— Si tu restes plus longtemps ici, tu vas louper le début du film, me prévient-elle.

J'ai l'impression que chaque mot qu'elle prononce est comme un supplice pendu au bout de ses lèvres.

— Je l'ai déjà vu.

— Je sais, souffle-t-elle. Plusieurs fois avec moi.

Je souris lorsque je comprends qu'elle reprend la phrase que je lui ai dite tout à l'heure.

— Je ne voulais pas t'obliger à le regarder une fois de plus, alors je—

— Tu t'es dit que tu allais le regarder sans moi, me coupe-t-elle, accompagnée d'un faux sourire.

Je hoche la tête, même si ce n'est pas la véritable raison. Pour être exact, je ne lui ai pas proposé, pour les mêmes raisons qui me poussent à ne plus passer tout mon temps avec elle : mes sentiments. Je ne tarde pas plus longtemps avant de m'approcher de la caisse pour lui tendre les quelques pièces nécessaires pour régler le pop-corn.

Je suis à peu près sûr de louper le début de film, mais je reste planté là, comme un con, devant elle. Du coin de l'œil, je vois Toby s'éclipser dans la petite pièce juste à côté, réservé au personnel.

— Écoute Holly...

Elle relève son joli minois dans ma direction. J'aimerais lui dire que je comprends l'espace qui s'instaure entre nous, que j'en suis responsable, parce que je suis fou amoureux d'elle. Mais je n'y arrive pas.

— Est-ce que ça te dirait qu'on se retrouve demain sur le terrain ? je lui demande à la place.

C'est ici que nous nous retrouvons tout le temps quand nous avons besoin de nous retrouver à deux. Le vieux terrain de basket, et ça, ça ne changera sans doute jamais. Cette fois, elle arrête de triturer ses doigts, puis mordille sa lèvre inférieure, chose qu'elle fait tout le temps quand elle a envie de pleurer, ou quand elle est nerveuse. Je n'ai qu'une envie, c'est de passer par-dessus ce comptoir pour la prendre dans mes bras, la serrer tout contre moi, sentir son parfum...

— À quelle heure ? m'interroge-t-elle, me faisant revenir sur terre.

— Fin d'aprèm ?

Elle hoche la tête pour me confirmer que c'est bon pour elle. Je lui adresse mon plus beau sourire avant de partir rejoindre les gars. Je n'ai pas le choix. Je dois tout lui dire demain, ou bien tout ne fera qu'empirer, et ce n'est pas ce que je veux. Au contraire...

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