HOLLY
Debout face à Nash, je m'égare dans ses iris verts qui alternent entre mes lèvres et mes yeux. Je marque un petit mouvement de recul, il revient sur terre après un court moment d'absence.
— J'ai besoin d'un verre, déclaré-je en évitant son regard.
Je croise le regard de Dan un peu plus loin, mais l'ignore en filant vers le bar, je me serre une vodka cerise, le seul alcool qui passe sans modération. Je devine le regard de Nash dans mon dos, mais n'ose pas l'affronter, pas ce soir en tout cas. Il semblerait que mon cœur ne soit pas en harmonie avec ce que je pense. Pour la première fois, mes sentiments semblent dépasser ma raison.
J'enfile cul sec le contenant de mon gobelet, puis un second, le sourire aux lèvres, en oubliant mes tourments et bougeant sur le rythme de la musique, faisant déborder de la liqueur sur le carrelage.
Je ne cherche même plus Nash du regard, Dan n'est toujours pas très loin, à me guetter d'un œil curieux. Il s'approche, je n'ai ni aucune raison de le repousser, ni aucune raisons de le faire, alors je profite tout bonnement de ses doigts lorsqu'ils s'agrippent à mes hanches pour accompagner ma danse.
Je me moque de tout, je me trémousse, sans être de trop alcoolisée ou pas assez, maîtresse de mes gestes, maîtresse de mon corps. Le nez de Dan se glisse dans mon cou, son souffle chaud me fait frissonner, je ferme mes paupières. Diligemment, ce sont ses lèvres qui me chatouillent tendrement la jugulaire.
Lorsque mes paupières se rouvrent, un torse s'impose devant moi. Je reconnaîtrais ce sweat parmi mille, c'est celui que je lui ai offert pour l'un de ses anniversaires.
— Je te l'emprunte une seconde, avertis soudainement Nash, flegmatique.
Dan se redresse, remplaçant ses lèvres dans mon cou, par le courant d'air glacial que laisse passer la baie vitrée grande ouverte.
— La musique n'est pas terminée, déclare Dan, d'une voix étrangement calme.
Mon regard rencontre celui que j'évite depuis une bonne demi-heure, mais le sien ne s'abaisse pas une seconde vers le mien. Ses prunelles sont rivées droit devant lui, à hauteur du regard de Dan. Et quelque part, j'ai le pressentiment que l'atmosphère s'est soudainement alourdie d'une tension inquiétante.
— Je dois lui parler, souligne Nash.
Il reste placide, mais je sais qu'au fond de lui, rien qu'en apercevant son regard qui s'assombrit et ses poings qui se contractent, il n'a qu'une envie, c'est de lui débiter toutes les injures qui lui passe par la tête, pour une raison que j'ignore.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? l'interrogé-je, alors que les mains de Dan sont toujours sur mon bassin.
Nash reste silencieux, sans que ses iris me portent attention.
— Nash ? tenté-je à nouveau.
Cette fois, il me fusille du regard. Je me tourne à demi vers Dan, qui au contraire affiche un rictus.
— Je reviens dans quelques secondes, lui annoncé-je, perplexe.
Je me détache de son emprise qui devenait bien trop invasive, puis attrape l'avant-bras de mon meilleur ami, mais rien à faire : il reste sur place, dévoué à tenir tête à Dan.
— Dis-lui ce qu'il se passe Nash, le provoque Dan.
Nash reste silencieux, sans prononcer un mot, me laissant perplexe.
— Nash, que veut-il dire par là ? le questionné-je une nouvelle fois.
Mes doigts serrent un peu plus son avant-bras.
— Tu as aimé notre danse, pas vrai ? ajoute Dan. Ta meilleure amie a le rythme dans la peau !
Mon regard bondit vers lui.
— Dan, arrête.
Personne ne connaît véritablement Nash lorsque son agressivité jaillie de cette force ordinairement tranquille.
— Je n'ai pas le droit de vanter notre association presque parfaite pendant cette chanson ?
Sans pouvoir l'en empêcher, Nash fonce vers Dan. Son poing s'abat brutalement contre sa mâchoire. Dan recule de quelques pas, en essuyant le sang qui s'écoule de sa lèvre inférieure, d'un revers de sa manche.
— Ce que je dis ne te plait pas, Nash ? renchéris encore Dan.
La respiration de Nash s'intensifie plus encore, je me place devant lui, mes mains contre son torse, ne comprenant rien. Ma priorité, là maintenant, c'est que rien ne dégénère davantage.
— Une impression de déjà-vu ? continue celui que je pensais pourtant avenant.
Je me retourne vivement dans sa direction, en le fusillant du regard.
— Ferme-là Dan, ce n'est pas le moment.
Les muscles de Nash sont tendus comme la corde d'un arc. Mon regard tente d'attirer le sien, mais rien à faire. Il est gorgé d'une colère que je ne lui connais que très rarement.
— Nash, on s'en va, lui auguré-je.
Le regard de l'intéressé n'est plus vert, comme je l'aime, mais obscurci d'une hostilité sans nom.
Comme si Nash faisait preuve de tout le bon sens qu'il lui restait, il plante ses prunelles dans les miennes. Je croise mes doigts inconsciemment avec les siens, alors que sans s'en rendre compte, il est à deux doigts de me les briser.
Je l'entraîne sans plus tarder à l'extérieur, et lorsque nous sommes enfin seuls, il sépare sa main de la mienne, et abat son poing contre le mur en crépi de l'immense maison.
— Nash ! m'écrié-je en rattrapant sans attendre sa main sans doute abimée.
Il ne grimace même pas de douleur, je ne perçois chez lui qu'une colère indescriptible, et une mélancolie que je ne pense pas pouvoir comprendre pour l'instant. Quelque chose cloche, quelque chose dont je ne suis apparemment pas au courant. Nos regards se fouillent, se consultent et peine à se saisir. Ce que je sais en revanche, c'est que Nash n'aurait pas réagi comme il l'a fait, sans aucune raison.
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Crazy!
RomanceC'est un 10 mais... Il n'est pas aussi fou qu'elle. Holly est une jeune femme discrète, mais qui dès qu'une situation l'emballe, elle devient un brin folle. Reine des gaffes et une langue qu'elle devrait tourner sept fois dans sa bouche, elle ne...