C'est un 10 mais... Il n'est pas aussi fou qu'elle.
Holly est une jeune femme discrète, mais qui dès qu'une situation l'emballe, elle devient un brin folle. Reine des gaffes et une langue qu'elle devrait tourner sept fois dans sa bouche, elle ne...
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HOLLY
La séance de ciné ou Nash se trouve est sur le point de se terminer. Toby m'a gentiment permis de rentrer chez moi en avance, en me convaincant qu'elle ferait la fermeture, mais j'ai refusé. Pour la simple et unique raison de croiser une dernière fois le regard de mon meilleur ami. Finalement, c'est elle qui s'en va en première.
— Merci Holly, à demain ! me sourit elle en m'adressant un signe de la main.
Je souris, me retrouvant seule derrière le comptoir, le hall est silencieux. J'attrape un Dragibus bleu dans une des réserves de bonbons, qui me fait de l'œil depuis quelques minutes. Le brouhaha des clients qui s'en vont s'élève désormais alors que je pique une seconde sucrerie. Ces dômes de gélatine sont bourrés de cochonneries, mais ce qu'ils sont bons !
— Ce ne sont pas les meilleurs... me surprend la voix que j'attendais.
Je relève mon attention dans sa direction.
— Les bleus, précise-t-il, ce ne sont pas les meilleurs.
Un mince sourire étire mes lèvres, je pioche un bonbon rose et lui tends.
— Voilà qui est mieux, m'octroie-t-il d'un clin d'œil.
Je le regarde enfourner son bonbon préféré puis le mâchouiller, contractant les muscles de sa mâchoire. Son regard est rivé dans le mien.
— Tu as fini ton service ? reprend-il.
Je hoche silencieusement la tête.
— Finalement, ça te dirait qu'on se retrouve ce soir ? hésite-t-il.
Étonnée, mon cœur rate un battement.
— Enfin, si tu es fatiguée, je comprends.
— Non. Non, ça me va, accepté-je précipitamment, le cœur menaçant de faire second looping. J'en ai encore pour vingt minutes à peu près, j'ajoute.
Il me sourit et acquiesce, m'octroyant un clin d'œil avant de rejoindre la sortie. Je ferme la caisse à double tour après avoir fait le compte. Je m'assure que chacune des séances sont belles et bien terminées puis éteint les machines,
— Bonsoir, Holly ! me surprend la chargée d'entretien.
— Bonsoir, Marie, je fais la fermeture ce soir. Tu sors par la porte de service ?
Elle hoche la tête, de bonne humeur.
— Comme toujours ! C'est ma collègue qui est chargée de fermer derrière elle.
— Parfait, bon courage !
Elle m'adresse un rapide signe de la main, tandis que je m'active à fermer les présentoirs de sucreries. Je verrouille à double tours les portes principale, et sort par la porte de service à l'arrière du cinéma. Le bruit de la pluie et le vent frais lèche ma peau dès lors que je mets un pied dehors. Lorsque je rejoins Nash, il a le regard perdu devant lui, sa capuche de sweat rabattu sur ses cheveux. Il ne me remarque pas tout de suite, c'est lorsque je lui frôle la main qu'il se rende compte de ma présence.
— Ça fait vingt-trois minutes, me taquine-t-il.
Je souris tendrement, mais éloigne toutefois mes doigts des siens, avant qu'il se rende compte de notre proximité qui n'a plus lieu d'être entre nous, du moins depuis trois semaines en tout cas. Je crois apercevoir l'ombre d'un regret traverser son regard.
— Avec ce temps, on a plus qu'une option, me sourit-il finalement.
Immédiatement, je sais où il veut en venir.
— L'ancien préau, le devancé-je
Il hoche la tête et attrape ma main. La pluie s'abat sur nos têtes, le froid glisse sur nos peaux lorsqu'il se met à courir, m'entraînant dans sa course. Il me guide durant les quelques mètres qui nous séparent du lieu où nous allons nous réfugier avant que le temps ne se dégrade encore plus.
— Nash, ne court pas trop vite ! je lui crie afin qu'il m'entende malgré le trafic et nos pas clapotants dans les flaques.
Il ralentit alors que nous sommes désormais tout proches du préau, puis se stoppe soudainement.
— Pourquoi tu t'arrêtes ? le questionné-je en observant les gouttes de pluie ruisseler sur son visage lorsqu'il se retourne pour me faire face.
Il baisse sa capuche, ses iris détaillent les miens, puis mon nez, mes pommettes, mes lèvres, et de nouveau mes yeux.
— Nash ? je le relance.
— Trois semaines, Holly... affirme-t-il.
Mon palpitant s'accélère, ses doigts sont désormais ancrés à mes hanches.
— Trois putain de semaines où je t'évite et où je me force à essayer de te voir autrement.
Je le laisse parler, je n'ose rien dire, je ne sais même pas si je suis capable de dire quoi que ce soit...
— Trois semaines que j'ai envie de retrouver ce qu'on avait, mais que je sais que ça ne me conviendra plus.
Les larmes aux yeux, j'ai le cœur qui bat la chamade, sûrement de craintes, d'appréhension, de souhaits... Nous sommes sous la pluie, tout proche du préau que nous devions initialement rejoindre, mais nous restons immobiles, trempés jusqu'aux os, nous ne bougeons pas.
Nash écarte une de mes mèches de cheveux mouillée et la coince derrière mon oreille.
— Je t'aime Ly', souffle-t-il.
Et là,
j'arrête
de
respirer...
Nash se rapproche, son nez frôle le mien, ses cheveux gouttent sur mon visage se mêlant à l'eau recouvrant déjà mes pommettes.
— Tu me fais perdre la tête, Holly Paige. Je ne sais pas pourquoi je me suis mis à ressentir ce que je ressens pour toi, maintenant. Mais j'y peux rien, c'est plus fort que moi.
Bien que ses sentiments ne m'étaient pas inconnus, ses mots me font chavirer. Ses doigts glissent sur mes joues, et je me laisse faire. Je le laisse faire parce que je sais que cette fois, après avoir été trop longtemps sans son contact, j'ai compris que j'avais un irrépressible besoin de lui.
— Laisse-moi t'embrasser, susurre-t-il presque d'une voix emprise de désir, que je ne lui connaissais pas.
Je ne bouge pas, je ne dis rien.
Mon palpitant est sur le point de rompre.
— Embrasse-moi, ou je t'embrasse, Ly', concède-t-il, espérant mon approbation.
Je sens mes jambes défaillir, ses mains me maintiennent contre lui, comme s'il avait peur que je prenne la fuite. Mais je ne le fais pas. À la place, je laisse mes lèvres fondre sur les siennes et je permets enfin à nos sentiments de s'accorder, surtout les siens, contraint de rester secrets depuis bien trop longtemps.