C'est un 10 mais... Il n'est pas aussi fou qu'elle.
Holly est une jeune femme discrète, mais qui dès qu'une situation l'emballe, elle devient un brin folle. Reine des gaffes et une langue qu'elle devrait tourner sept fois dans sa bouche, elle ne...
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HOLLY
J'ai perdu. Pire encore, j'ai perdu et je vais devoir réaliser le gage que les autres vont choisir pour nous. Je n'ai jamais vu Nash aussi tendu. Tous les gages précédents étaient relativement simples, bien que la proximité soit l'un des premiers principes du jeu. Lors des deux manches précédentes, les joueurs ont dû déposer un baiser sur la joue de l'autre, voire s'embrasser. Je frémis.
Je rejoins Dan malgré moi, en attendant notre sentence. Mon regard capte tout de suite celui de Nash un peu plus loin. Son regard n'annonce rien de bon, je sais désormais de quoi il est capable quand il s'agit de Dan.
— Après avoir délibéré, nous vous donnons le gage de vous dévorer des yeux, le but étant qu'il faut que vous soyez proche l'un de l'autre, nous apprend celle qui a lancé le jeu.
Je déglutis tandis que Dan me sourit fièrement.
— Aucun de vous deux n'a le droit de craquer. Il est interdit de vous embrasser ou de montrer toute autre marque d'affection, si ce n'est à travers votre regard, rajoute-t-elle.
Dan hausse un sourcil dans ma direction.
Ça ne risque pas d'arriver... Ordure.
Il se met dos à Nash, moi, je suis juste en face de lui, il me suffit de regarder par-dessus l'épaule de Dan pour l'apercevoir. Son regard me brise le cœur, il fronce les sourcils et semble replonger dans de vieux souvenirs. Je culpabilise immédiatement de l'avoir entraîné dans ce jeu stupide.
— Le défi peut commencer !
Dan se rapproche de moi, son regard se plante dans le mien. Je ne cesse de penser à ce que Nash ressent en ce moment même, et je n'ai qu'une envie, c'est d'aller le retrouver, le prendre dans mes bras et le rassurer. Je ne ferai pas comme celle qu'il a aimée avant moi. Je ne le remplacerai pas. Jamais.
Mon regard dérive un tout petit instant sur mon meilleur ami, ses iris se plantent dans les miens, et je ressens toute la tristesse qu'il éprouve. Dan attrape furtivement mon menton, comme pour ramener à nouveau mon attention vers lui, je grimace en dégageant mon menton de son emprise.
Lorsque la fin de notre défi approche enfin, il tente d'approcher ses lèvres des miennes. Je recule précipitamment et manque de trébucher. Une joueuse me rattrape de justesse, en souriant, compatissante. Il me faut un petit moment avant de réaliser ce qu'il se passe. Des hoquets de surprise retentissent autour de moi, je ne comprends que lorsque mon attention se pose sur Nash. Il plaque Dan contre l'un des murs de la pièce, son visage exprime toute la rage qu'il a pu contenir jusqu'ici. Je me précipite dans sa direction, en lui demandant de se calmer, d'arrêter et de sortir, mais ça ne l'arrête pas.
Lucas est même venu me rejoindre pour raisonner son ami, mais rien ne fonctionne. Ce n'est que de lui-même qu'il décide de nous planter là, quelques secondes après, la rage inscrite sur son visage.
— Tu devrais aller le rejoindre, m'intime Lucas, tout en gardant un œil prudent sur Dan.
Je hoche la tête puis pars sans plus tarder sur les traces de mon meilleur ami. Je fais toutes les pièces de la maison, sans le trouver, même sur la terrasse à l'extérieur, il n'est nulle part. Je réfléchis aux endroits où je n'ai pas fouillé. Je pense immédiatement à la rue qui borde la maison, cachée par les buissons qui font la devanture. Je m'aventure dans l'allée et rejoins la petite route. Il est là, sur le trottoir, les sourcils froncés, tendu comme un arc, poing serré le long de sa silhouette qui se dessine dans la faible clarté des lampadaires.
— Nash ? l'appelais-je.
Dès qu'il m'entend, il semble sortir de sa transe, il ne dit rien pour autant. Dès lors que je m'approche de lui, il fait un pas en arrière comme pour m'éviter. Je fronce les sourcils, inquiète.
— Nash, il ne s'est rien passé...
— Rien ? ironise-t-il.
Une telle colère l'anime que j'ai l'impression que ce n'est pas à lui que je fais face. C'est à son tour de franchir le pas qui nous sépare.
— Un peu plus et cet enfoiré t'embrassait, Holly. Et devant moi.
Je déglutis, bien qu'il soit en colère, je sens la tension qui émane de son corps dû à notre proximité soudaine.
— Il t'a regardée comme... Comme quand moi, je te regarde... laisse-t-il échapper avec regret.
Je fronce les sourcils, alors que son regard évite le mien, rivé sur le sol, la mâchoire contractée.
— Personne ne me regarde comme toi, tu me regardes Nash, je souffle.
Rien ne semble le raisonner. Je place une main délicate sur sa joue, comme pour le forcer à affronter mon regard.
— Tu m'entends ?
Il fronce les sourcils pour seule réponse.
— Personne ne pourra me regarder comme toi, tu le fais, parce que personne n'en est capable.
Sans intercepter son geste, il se penche sur mes lèvres et les happe avec fougue. Je ne saurai décrire ce qu'il se passe. C'est délicat, c'est agréable, mais j'y ressens aussi toute la douleur qu'il déverse dans ce baiser. Ses mains agrippent ma taille, comme s'il craignait que je lui échappe. Je laisse un souffle m'échapper, tandis qu'il me pousse contre le petit muret. Il se penche encore un peu plus sur moi, je me cambre. Il est obligé de se stopper avant que nous n'explosions de désir, tous les deux. Ses prunelles se plantent dans les miennes, et c'est de ce regard dont je parlais. Ce regard que je ne lui ai jamais vu, ce regard qu'il ne m'adresse qu'à moi, ce regard que je pourrais contempler à longueur de temps. Je passe la pulpe de mon pouce sur sa lèvre inférieure, il me serre davantage contre lui. Mes mains remontent sur sa nuque, se perdent dans ses cheveux bruns que je tire délicatement. Je ne sais toujours pas ce qui se passe concrètement entre nous. Tout ce que je sais, c'est que je le désire plus que n'importe qui, et qu'il m'a fallu un moment avant de le réaliser pleinement.
— Je t'aime, Holly. Putain, je t'aime tellement, souffle-t-il en laissant son front retomber sur mon épaule.
Et je sais que ce qu'il dit est vrai, car ce qu'il ressent, je le ressens aussi. Sa respiration s'est quelque peu apaisée, mais ses doigts me tiennent toujours prisonnière contre lui, nos corps sont si proches qu'ils ne font plus qu'un.
— On y retourne ? je murmure dans son oreille.
Il hoche la tête alors que ma main glisse pour attraper la sienne. Il se redresse, son regard scrute le mien, et cette fois, il m'embrasse avec toute la douceur du monde. Il effleure mes lèvres, son index écarte l'une de mes mèches rebelles. Et je sais en cet instant que même si ça ne fonctionne pas entre nous, j'aurai vécu l'un des amours les plus forts que je n'aurais jamais connus.