Chapitre 40

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NASH

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NASH

Le souffle court, je fixe le bitume, genoux fléchis, regard plissé. Je regarde cette balle orange comme l'objectif que je dois atteindre. En face de moi, Lucas est aussi concentré que moi. Nous sommes tous les deux dans notre élément, et lui bien plus que moi. On se dispute la possession du ballon depuis une bonne demi-heure, dix minutes de jeu nous sont encore permises. Mon équipe a pour l'instant l'avantage, nous menons de six points, mais l'équipe de Lucas est douée. À croire qu'elle est composée de joueurs pros.

— Mon pote, accorde-moi une faveur et laisse-moi marquer le prochain, articule Lucas, haletant, accompagné d'un clin d'œil.

— Dans tes rêves. Tu veux gagner, alors joue comme un pro.

Je sais qu'il en est capable, seulement mes craintes se sont confirmées. Lucas ne joue pas comme il aurait dû jouer ce soir, comme s'il s'imposait une barrière entre le plaisir de jouer et lui-même. J'ai laissé le bénéfice du doute à Holly hier, en me disant que je me faisais sûrement des idées. Mais ne plus jouer au basket en club, comme autrefois, a beaucoup impacté Lucas, dans sa façon de jouer, comme la façon dont il considère maintenant le basketball.

Comme s'il avait entendu mes pensées, et comme s'il voulait me faire taire, il tire un trois points dans une courbe parfaitement effectuée par son poignet. Le petit saut qu'il a entrepris à permis un élan au ballon, et c'est sans faute qu'il franchit l'arceau orange. Quand la balle retombe, il m'accorde un regard en biais et un sourire franc.

— Ne me dis pas de jouer comme un pro quand tu sais que je l'aurais certainement été si ma santé me le permettait !

Je souris à mon tour. Il n'est peut-être pas dans une équipe de renom, mais il est un basketteur que j'admirerai sans relâche ! Lucas a toujours été un modèle sportif pour moi. Évidement, mon ego masculin m'interdit de lui avouer.

Les applaudissements fusent partout autour du vieux terrain, autant pour notre équipe que pour celle de Lucas. Nous ne menons plus que de trois points maintenant. L'écart se resserre. Je croise le regard de Holly, assise sur les barrières qui bordent le terrain. Elle me sourit, et le temps d'une seconde, j'oublie presque que je dispute un match amical.

Je reviens sur terre quand un équipier me passe le ballon. Je feinte deux adversaires qui défendent sur moi, mais ne fait pas long feu contre Lucas qui s'impose. Il me barre l'accès au panier.

— C'est foutu Nash, tu m'as donné envie de reporter ce match !

Je souris. Au fond, tant mieux, c'est tout ce que je souhaite. Peu importe l'équipe qui gagne, s'il a retrouvé ne serait-ce que le goût de jouer le temps d'un match, alors il est possible qu'ils les rejouent tous avec plaisir.

— Encore trois points à rattraper, je te signale !

Il sourit.

— Exact. Et en quatre minutes, tout est possible, il garantit.

Je me laisse déconcentrer une microseconde par ce qu'il dit. Ni une ni deux, il s'empare de la balle dans un mouvement fluide que je n'arrive même pas à intercepter. Il saute dans une détente hallucinante et shoot. Sans surprise, il marque. C'est deux points de plus en leur faveur.

Les deux camps s'affrontent sans relâche, je marque, Lucas marque, nos équipiers défendent comme des chefs, et quand la dernière seconde sonne, signant la fin du match, c'est Lucas et son équipe qui remportent le match. À deux points de différence.

Holly saute de la barrière, souriante, et tape dans la main de Lucas pour le féliciter avant de se précipiter dans ma direction.

— C'était couru d'avance... entame-t-elle.

Je hausse un sourcil.

— Lucas est à la hauteur d'un joueur pro Nash, fait donc taire ton ego, elle ajoute.

Je rigole.

— Tu es ma petite amie ou une de ses groupies ? je la taquine, la qualifiant de petite amie pour la première fois.

Elle fait mine de réfléchir en regardant dans la direction de Lucas ou une dizaine de filles l'entoure.

— Je crois qu'on a notre réponse, conclut Holly.

Je secoue la tête, amusé, puis je pivote sa bouille vers moi avant de capturer ses lèvres.

— Défaite ou non, je suis ta supportrice la plus fidèle, elle désigne du menton une fille qui supportait notre équipe qui a finalement retourné sa veste pour aller voir l'équipe adverse.

Je rigole.

— Je dois m'estimer heureux alors !

Elle hoche vivement la tête en plissant son nez parsemé de taches de rousseur.

La soirée poursuit son court et la musique entraîne les plus fêtards au milieu du vieux terrain, dansant soit collé-serré, soit solo dans une démence assez étonnante. Holly et moi sommes assis un peu plus loin avec Lucas et quelques mecs de son équipe.

— Et donc je lui ai dit que je ne voulais plus faire partie de leur équipe... conclut l'un des types.

— Je donnerais tout pour être à ta place Lucas. Jouer en pro, c'est vraiment pas ce que j'imaginais. Il faut un mental d'acier, et une santé qui déchire, sinon t'es dans la merde, ajoute un autre.

Lucas hausse les épaules.

— Vous plaignez pas les mecs, dites-vous que pendant que vous travaillez vos jolis muscles et votre esprit d'équipe, moi, j'accumule les refus des clubs, parce que mon genou a décidé de me lâcher, lâche amèrement Lucas.

Holly, confortablement installée sur mes genoux, me lance un regard sur le côté, comprenant sûrement pourquoi je m'inquiétais pour mon ami quand je lui en ai parlé. Elle doit comprendre maintenant à quel point le basketball est important pour Lucas et des conséquences que ç'a sur lui.

— Enfin, on compense comme on peut, il ironise en montrant le joint qu'il tient entre ses deux doigts.

Je souris en coin. Malgré tout, Lucas n'a pas changé. Le basket lui manque, c'est une certitude, mais il reste le même, avec quelques défauts certes, mais qui n'en a pas ? Il a vu ses projets basculés, et ça n'a sans doute pas été facile, et ça ne l'est sûrement toujours pas, mais au-delà de ça, il se montre tel que je l'ai toujours connu.

— Au fait Holly, normalement les supportrices aiment rester avec les grands vainqueurs, je te signale que ton mec est le perdant ce soir, lance Lucas, blagueur.

Les pommettes de l'intéressée rosissent légèrement, elle n'est pas habituée que les gens autour de nous, nous considèrent en tant que couple. Moi, ça me plaît et je crois qu'elle a fini par y prendre goût, elle aussi.

— Mais bon, je peux comprendre, continue Lucas. C'est la compassion qu'est plus forte que tout. Et puis, faut avouer que le perdant a une belle gueule !

Je secoue la tête, exaspéré par sa connerie, alors que Holly a son nez plongé dans sa vodka cerise.

Crazy!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant