Chapitre 32 : L'échange

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- Tu m'écoutes Keya ? Tu comptes manger ce fruit ou simplement le regarder ?

M'observant avec curiosité, je n'ai pas entendu Grand-mère entrer dans la pièce, trop happée par les questions qui tournent inlassablement dans ma tête. La tête appuyée sur mes bras croisés, je fixe le fruit offert par Naveen depuis si longtemps que j'en ai perdu toute notion du temps.

- Quelque chose te tracasse ? ajoute t-elle en s'asseyant de l'autre côté de la table massive.

- As-tu ... as-tu déjà pris un chemin dangereux en sachant pertinemment qu'il ne mènerait nulle part ?

- Tu as des ennuis ma chérie?

- Non, ne t'en fais pas je rassure.

- Regrettes-tu d'avoir pris ce chemin ?

- Pas encore j'admets, les yeux perdus dans le vide.

- Et ce chemin, est-il au moins agréable à parcourir ?

- Plutôt oui. Mais il est parfois tortueux et sombre. Arrrggh ! Dans quoi je me suis embarquée ! je me lamente en laissant tomber lourdement ma tête sur mes bras.

- Keya, les désirs sont des lumières qui illuminent notre chemin et donnent une direction à notre vie. Suis ton cœur, il te mènera toujours dans le droit chemin.

Je relève brusquement la tête et la regarde me sourire affectueusement.

- C'est beau mais ça ne m'aide pas du tout Grand-mère.

- Il faut parfois suivre un étranger sans connaître sa destination pour se retrouver.

Suivre un étranger ? Fait-elle référence à un humain ? À Naveen que je ne connais pas si bien finalement ?

Je tente de cacher le trouble suscité par ses mots avec une pointe de dérision et d'humour.

- Grand-mère, n'aurais-tu pas un peu forcé sur la boisson ? moqué-je, un regard suspicieux posé sur elle.

- Écoute moi bien ! Aussi surprenant soit-il, je vais te demander de faire comme ton frère et ne pas trop réfléchir. Profite de ta jeunesse ma grande !

- Aucun doute, tu as trop bu Grand-mère !

Riant sans retenue, je me lève, attrape le fruit devant les yeux surpris de ma grand-mère et le glisse dans la poche de mon pantalon.

- Pas si vite jeune fille ! Il est hors de question que tu arpentes les rues de la cité avec le ventre vide !

- Je n'ai pas très faim ce soir fais-je avant de déposer un baiser sur sa joue. À demain !

- Aussi jolie soit ta tenue, fais-moi au moins le plaisir de te couvrir un peu plus chaudement Keya elle crie alors que je me dirige vers la porte d'entrée.

Hum ... c'est vrai qu'une couche supplémentaire ne serait pas inutile ... à quoi je pensais en choisissant une telle tenue !

Observant mes habits, je me retrouve prise d'un doute. Est-ce bien raisonnable d'avoir choisi un haut si moulant qui me fait passer pour une petite aguicheuse ? Et les boucles d'oreilles ne sont-elles pas de trop ?

Une chose dont je suis sûre avec ma tenue, c'est de l'utilité du col qui cache les traces laissées par les doigts d'Hisoka lorsqu'il m'a étranglé. Ma gorge ne me fait plus souffrir mais la peau de mon cou reste sensible, surtout à l'endroit où il avait posé ses doigts.

Un bref instant, je me sens terriblement mal. Comment puis-je continuer à le voir alors qu'il a tenté de me tuer ? Même s'il prétend le contraire, je suis persuadée qu'une part de lui aurait bien aimé mettre fin à mon existence. Et pourquoi parle t-il toujours de façon si étrange ? Que voulait-il dire par "ton heure n'est pas encore arrivée" ?

Double je(u)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant