Chapitre 45 : Quand tout dérape

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J'ignore les regards qui sont toujours fixés sur moi et sors de la salle, Lekha me suivant de près.

Ce dernier ne décroche pas un mot durant le trajet qui nous ramène chez nous. Ce n'est qu'une fois la porte d'entrée franchie qu'il ose enfin demander ce qu'il s'est passé.

- Tu n'as peut-être pas envie d'en parler mais je préfère avoir ta version plutôt que celle déformée par les commérages. Tu m'expliques ?

Il n'a pas tord. Qui sait quelles idioties pourrait parvenir à ses oreilles.

- Il a proposé un jeu stupide. Nous avons un peu trop bu et il m'a embrassé.

- Oh ... je vois ... et est-ce que tu ... euh ... enfin voulais-tu qu'il t'embr...

- Non mais ça va pas la tête ! je gronde après lui en posant les poings sur les hanches. Il m'a embrassé sans mon accord, d'où la claque bien méritée !

Je suis si énervée que je réveille les crampes qui s'étaient calmées grâce au breuvage de grand-mère. La douleur dans mon bas-ventre est puissante mais je ne laisse rien paraître pour ne pas l'inquiéter davantage.

Il est bien trop tard pour réveiller Grand-mère et lui demander de me préparer un autre remède. Et je n'ai pas le courage d'en préparer une moi-même. De toute façon, elle serait moins efficace, je ne suis pas aussi douée que mon aïeule qui est de loin la meilleure guérisseuse de la cité.

- Oui bien sûr, je ne voulais pas insinuer que ... enfin tu comprends quoi fait-il embarrassé, sa main frottant nerveusement l'arrière de sa tête.

- Excuse-moi Lekha. Je me suis laissé emporter. Bon, il est temps d'aller nous coucher.

Le grand sourire que je lui adresse suffit pour rassurer mon frère. Sa large main se pose sur ma joue, réchauffant immédiatement mon cœur tout comme la douceur qui emplit son visage.

- Bonne nuit Yaya.

Il dépose un baiser léger sur mon front puis disparaît dans les escaliers qui mènent à l'étage.

Me voilà seule. Seule face à moi-même et les conséquences du chaos que j'ai provoqué.
En un instant, la promesse que je m'étais faite s'est envolée. Elle et le dernier souvenir d'Hari, notre dernier contact.

Notre dernier baiser.

Tout ça à cause de cet espèce de malade et sa foutue habitude à ne pas tenir sa parole.

Je m'en veux également d'avoir répondu au baiser d'Hisoka. Comment ai-je pu autant me laisser aller ?

Il faut dire que j'ai pas mal bu, l'alcool a fait de moi une proie fragile en altérant mes réflexes et ma concentration. Sans ça, j'aurais sûrement stoppé l'assaut du magicien avant que ses lèvres ne touchent les miennes.

Ses lèvres ... chaudes et douces ... avec un léger goût de chewing-gum...

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ! Je rêve ou je suis en train de repenser à ce baiser ! Ça va pas mieux ma grande, ressaisi-toi rapidement !

Comme pour me réveiller d'un mauvais songe, je frotte énergiquement mes joues et file à la salle d'eau pour faire un brin de toilette avant d'aller me coucher.

Une fois dans ma chambre, j'enfile la première tenue sur laquelle mes yeux se posent, la fameuse " vilaine chose ". Je m'apprête à ôter l'oreillette quand quelque chose tape contre la fenêtre de ma chambre. Ou plutôt devrai-je dire quelqu'un si j'en crois la seconde salve de petits coups réguliers.

Double je(u)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant