Chapitre 4 : Le dîner

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Ne soit pas en retard ou Grand-mère sera déçue !

Cette phrase lancée par Lekha raisonne dans ma tête depuis que j'ai fuit la maison et les préparatifs du dîner. L'envie de rater "malencontreusement" cette soirée me démange mais je ne veux pas décevoir ma famille, et surtout pas grand-mère.

Comme tous les soirs, je me dirige vers la maison d'Asha. La pauvre petite souffre depuis six mois d'un mal qui l'empêche de quitter le lit : le moindre effort lui provoque une douleur atroce dans la poitrine et la sensation de manquer d'air.

Penser qu'avant l'apparition des symptômes Asha était une enfant si vive me brise le cœur. Elle est toujours aussi loquace par contre ! Du coup, à chacune de mes visites, nous passons des heures à parler. Elle écoute toujours mes récits de chasse et d'expéditions avec le plus grand intérêt et m'inonde de questions à leur sujet.

Nos échanges sont bénéfiques autant pour elle que pour moi. Partager mes histoires lui permet de s'évader quelques heures de sa maladie et j'apprécie ne pas retrouver cette once de pitié que je peux parfois lire dans le regard des autres. Depuis la mort tragique de nos parents il y a de cela un an, les gens ont tendance à prendre des pincettes quand ils s'adressent à mon frère et moi, ce qui a le don de m'exaspérer.

Lorsque Asha se met à bailler, je réalise qu'il est grand temps de partir. La nuit est déjà tombée, je dois me dépêcher si je ne veux pas m'attirer les foudres de grand-mère.

Après avoir déposé un baiser affectueux sur le front de la petite malade, je me précipite à l'extérieur et marche d'un bon pas jusqu'à la maison afin de ne pas être plus en retard que je ne le suis déjà.

Une fois arrivée, j'ouvre timidement la porte d'entrée et avance à pas feutrés jusqu'à la salle où se tient le repas. Je constate qu'ils sont déjà assis autour de la table et s'apprêtent à manger.

Je franchis à peine le seuil de la salle que Grand-mère se lève brusquement de sa chaise, causant l'arrêt de toute activité dans la salle.

Cela ne présage rien de bon pour moi ...

- Keya ! C'est à cette heure-ci que tu arrives ! lance-t-elle si fort que certains humains en ont un sursaut de surprise.

S'avançant vers moi les poings sur les hanches, je ressens à travers sa voix et son expression faciale son agacement. À présent, tous les regards sont tournés vers moi, me mettant ainsi mal à l'aise. Je sens mes joues légèrement rosir et trahir mon embarras face à cette arrivée que je n'avais pas prévue.

Heureusement, Grand-père vient vite à ma rescousse.

- Calme toi Meera, tu sais bien que notre petite Keya était auprès d'Asha. Ces paroles prononcées avec douceur calment immédiatement Grand-mère. Je suis sûre que nos invités ne nous tiendront pas rigueur de ce retard ! adresse-t-il aux étrangers.

- .tnemmedivé neib drater tnos snosucxe suoN lui réponds le jeune garçon blond qui était entré en communication avec moi dans la clairière.

- Tu vois Meera ! Je te l'avais bien dit ! s'exclame-t-il joyeusement.

QUOI ? Attends un peu ... Grand-père a compris ce qu'il a dit ? Comment est-ce possible ?

Mon regard interloqué ne cesse de faire des va-et-vient entre le visage du blond et celui de Grand-père. Ce dernier semble amusé par la situation, ce qui me déroute totalement.

S'approchant de moi, il ôte un étrange objet qui semblait être placé dans son oreille et me le tend, l'air ravi. Je me saisi de l'objet et l'observe de près. Il est à peine plus gros qu'une fève.

Double je(u)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant