Chapitre 7 : Entre méfiance et défiance

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Une fois dehors, je fais quelques pas puis contemple la cité en repensant aux termes de l'accord passé.

À coup sûr je vais faire partie des personnes désignées pour entraîner les humains et leur apprendre les rudiments de la survie. À moins que ma volonté d'être présente auprès d'Asha m'en dispense, ce qui m'arrangerais énormément.

Ma réflexion est brusquement interrompue par une porte qui s'ouvre et des bruits de pas se rapprochant.
L'individu semble s'être arrêté à un mètre de moi. Je peux sentir son aura pesante envahir l'espace et venir s'écraser contre la mienne.

- Alors, on s'est encore esquivée discrètement ? ~ chante la voix mielleuse dans mon dos.

Je me retourne et me retrouve face à Hisoka, un sourire malicieux étirant ses lèvres.

- Tout comme toi apparemment répondis-je en copiant cyniquement son sourire.

Ma répartie semble lui plaire d'après la mine amusée qui se dessine sur son visage.

- Dis-moi Keya, tu ne sembles pas apprécier notre présence souffle t-il tout en plissant ses yeux ambrés,

- Quelle impressionnante perspicacité répliqué-je d'un rictus sardonique. Je me méfie simplement de ceux que je connais peu.

- Apprenons à nous connaître alors ~ lance-t-il en se rapprochant trop près de moi à mon goût.

- Hum ! je lâche avec mépris. Je n'en vois aucun intérêt.

- Et bien, voilà une réponse des plus déplaisante !

Hisoka avance d'un pas, réduisant considérablement l'espace vide entre nos deux corps. Il reste silencieux durant quelques secondes, son regard planté dans le mien.

- C'est ton attitude qui est déplaisante. Je te conseille de reculer si tu ne veux pas mourir asphyxié menacé-je.

Il abaisse son visage au niveau du mien et affiche une expression légèrement rieuse.

- J'avoue être tenté de rester là où je suis pour revoir ton nen en action.

Il ne manque pas d'assurance pour oser cette réponse ! Pour un humain, il doit posséder de grandes aptitudes.

C'est pourquoi je décide de ne rien faire et recule d'un pas. La déception se lit sur son visage.

Le fou ! Il aurait réellement voulu que je l'asphyxie !

- Fmh ! Quelle déception ! il lance en fermant ses yeux et croisant ses bras sur sa poitrine. Tu aboies beaucoup mais ne mord pas, petite sauvageonne raille-t-il.

À l'évocation de ce surnom, je vois rouge. Soit il m'infantilise volontairement pour me rendre inférieure à lui, soit il veut me faire sortir de mes gonds. Dans les deux cas, sa stratégie fonctionne.

- Ne te méprends pas Hisoka. Ce n'est pas l'envie qui me manque d'effacer ce sourire suffisant de ton visage l'avertis-je en le fusillant du regard.

La lueur meurtrière qui apparaît subitement dans son regard me paralyse d'effroi. En une fraction de seconde, il se retrouve dans mon dos et m'emprisonne dans ses bras. Sa force est incroyable. J'ai beau me débattre, je n'arrive pas à me défaire de son emprise et cela l'amuse beaucoup.

La peur m'envahit peu à peu et mon corps entier frissonne. Il s'en aperçoit et s'en délecte ouvertement. Il effleure ma joue avec la sienne avant de venir poster sa bouche contre mon oreille droite.

- Et maintenant ? Vas-tu rester impassible ou agir ? me susurre-t-il langoureusement. Je te laisse cinq secondes pour faire un choix. Passé ce délai, je broierai ton corps.

Je suis persuadée qu'il ment. Jamais il n'oserai me tuer, cela signerai son arrêt de mort.

Non, il veut seulement me pousser à utiliser mes pouvoirs. Il est en train de me tester, mais à quelles fins ?

Son étreinte se veut plus forte, je commence à manquer de souffle. La douleur devient insupportable et m'oblige à agir. Heureusement, mes mains sont libres. Après avoir recouvert mon corps d'une fine barrière protectrice, je remue doucement mes doigts afin d'agiter les molécules d'air.

Rapidement, l'air surchauffe considérablement autour de mon corps. Je ne sens rien grâce à ma barrière mais mon agresseur commence à tressaillir légèrement et son rythme cardiaque augmente fortement. Il résiste quelques secondes avant d'abdiquer et me lâcher.

Je me dégage et me tourne hâtivement face à lui au cas ou il lui prendrait l'envie de renouveler son attaque. En le regardant, je comprends que ce ne sera pas le cas.

Son visage rougi par la chaleur, la fine coulée de sang sous son nez et son corps luisant de transpiration témoignent de ce qu'il vient de subir.

À ma grande stupéfaction, il se met à rire en regardant ses mains rouges, passe furtivement sa langue sur sa lèvre supérieure et me dévisage. Son regard fiévreux reflète toute sa folie.

- OOhh Keya ! Je ne m'étais pas trompé sur toi. Ton potentiel est des plus prometteur. Je suis déjà excité rien qu'à l'idée de pouvoir me mesurer à toi.

- T...tu es complètement fou ! Ne t'approche plus de moi à l'avenir ! l'avertis-je, le regard empli de fureur.

Je le quitte sans demander mon reste, me moquant complètement de savoir comment il réagi face à mes paroles. Une fois arrivée chez moi, je ferme la porte puis m'adosse contre elle. Mes jambes ne me supportent plus. Je me laisse tomber au sol, me prenant la tête dans les mains.

Des frissons parcourent mon corps, contrecoup de la peur ressentie plus tôt. Les larmes ne tardent pas à couler sur mes joues.

Il me faut bien cinq minutes pour retrouver mon calme. Une fois remise de mes émotions, je me relève et file vers ma chambre. Je ne veux pas que ma famille me voit dans cet état. Ils voudraient savoir ce qu'il c'est passé et je ne veux pas que Lekha se mette en danger en voulant me protéger.

Lors du dîner, ils ne remarquèrent rien. Lekha était trop excité à l'idée de s'entraîner aux cotés des humains tandis que grand-père recensait tous les ouvrages rassemblant des informations sur les créatures et espèces du continent. Enfin, Grand-mère craignait manquer de temps pour préparer à bien la fête d'Arad Rîn.

- Keya, demain matin tu ira auprès d'Asha fit Grand-père. Cheadle souhaite l'examiner au plus vite.

- Elle a compris qu'elle ne doit rien faire sans ma présence ? demandé-je.

- Ne t'en fais pas, elle t'attendra pour commencer.

Sur cette bonne nouvelle, je décide d'aller directement me coucher. Une fois de plus, la journée fut rude pour mes nerfs.

J'ai du mal à trouver le sommeil. Les yeux grands ouverts rivés sur le plafond de ma chambre, je ressasse ce qu'il s'est passé avec Hisoka.

C'est la dernière fois que je montre un signe de faiblesse à Hisoka. Si jamais il m'approche à nouveau, je serai sans pitié.

Double je(u)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant