Chapitre 27

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Sven

Ingrid marque un temps d'arrêt, face à son lit. Nous nous dévisageons avec une gêne nouvelle, et pour cause. C'est la première fois que nous ne dormons pas ensemble par obligation, mais par envie. Pour une raison qui me dépasse, la situation m'intimide. Pire, j'angoisse à l'idée de tout gâcher comme je l'ai fait l'autre jour en me pavanant nu dans cette chambre d'hôtel allemande.

— Mont lit n'est pas très grand, on devra se serrer, chuchote Ingrid, de peur que sa mère nous entende.

— Ça me va, je la rassure. On commence à en avoir l'habitude, non ?

Un adorable sourire étire ses lèvres pleines, illuminées par lueur de sa lampe de chevet. Ces mêmes lèvres que j'ai adoré mordre un peu plus tôt dans la journée. Perdu dans mes pensées grivoises, je ferme un instant les paupières en inspirant profondément pour refreiner mes ardeurs. Je sens qu'il ne me suffit plus d'un regard posé sur son corps, sur ses seins menus, qui j'en suis certain tiendraient à la perfection dans mes mains, pour ne plus répondre de rien. Et s'il y a bien une chose que je souhaite par-dessus tout avec Ingrid, c'est de faire les choses correctement. De prendre tout mon temps pour lui donner du plaisir, et surtout lui faire oublier cette raclure à cause duquel elle a été obligée de quitter la Francie.

Je soulève les draps pour m'y allonger et grimace lorsque mes pieds cognent contre son extrémité. Ingrid n'avait pas menti en m'affirmant que son lit était petit... Je dirais même qu'il semble avoir été fait sur mesure pour sa taille. La mâchoire contractée, je grogne en essayant de trouver une position confortable. À chaque fois que je bouge, le lit émet un grincement épouvantable. Au bout de quelques minutes, j'abdique, les jambes posées en l'air au-dessus du cadre, le visage rivé vers le plafond.

— OK, je crois que je vais juste essayer de ne pas bouger. C'est pas mal comme ça, non ? lui dis-je, pétrifié tel un arbre mort.

Ingrid pouffe avant de venir se lover avec maladresse contre moi. J'étire mon bras pour qu'elle puisse reposer sa tête contre mon torse, et souffle pour dégager ses nouveaux cheveux qui chatouillent mon nez. Un petit rire cristallin s'échappe par inadvertance de sa gorge.

— Chut, je l'intime en posant la main sur sa bouche. Je te rappelle que ta mère dort dans la pièce d'à côté.

Ingrid me toise, les yeux écarquillés de surprise.

— Aurais-je dis quelque chose de mal ? je l'interroge, surpris par sa réaction.

— Non, pas du tout. Je suis juste étonnée que le grand jarl Gudriksson s'enquiert de ce genre de détail...

— Elle m'offre le gîte et le couvert, et je n'ai même rien en échange à lui donner pour la remercier de son hospitalité. La moindre des choses est de lui témoigner du respect en me tenant correctement avec sa fille.

— Et si je n'avais pas envie que tu te tiennes correctement ?

Sans crier gare, Ingrid glisse sa main sous le tee-shirt que j'utilise en guise de pyjama. J'ai jugé préférable de rester habillé pour couvrir mes cicatrices et mes nombreux tatouages. Ses doigts se promènent avec nonchalance sur le fin duvet qui recouvre une partie de mon ventre. Mon souffle s'accélère lorsqu'Ingrid se met à caresser sensuellement mes pectoraux. Quelle délicieuse torture. Le souffle court, je la fixe avant de poser ma main sur sa gorge diaphane. Son pouls bat de plus en plus vite sous ma paume. Ses yeux me conjurent de la dévorer toute cru, tout comme mon sexe qui palpite entre mes jambes.

Zeus, Odin, Freya, donnez-moi la force de ne pas lui sauter dessus comme si nous n'étions que de vulgaires animaux. Ingrid n'est pas comme les autres. Elle est tellement différente que toutes ces femmes dont je ne me rappelle même plus les visages. Je me rends compte que je ne veux pas qu'elle soit de passage dans ma courte vie sur cette terre. Je veux qu'elle y reste jusqu'à ce que je rejoigne le Valhalla. Qu'elle soit ma lune dans la noirceur de la nuit et mon soleil pendant les jours de pluie.

De feu et de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant