Ingrid
J'observe avec défiance le maillot de bain que je viens de découvrir dans mon sac. Je n'ai pas acheté ce bout de tissu, ça, j'en suis certaine. Le sourcil arqué, je me tourne vers Lucas, déjà en short de bain, serviette sur l'épaule, prêt pour se prélasser au spa de l'hôtel.
— Tu veux bien m'expliquer ? je bafouille, essayant du mieux que je peux de cacher ma rage.
— Oh ça ? J'étais en intervention hier à Strasbourg, et j'ai vu ce maillot dans la vitrine d'un magasin de lingerie. J'ai flashé dessus, j'étais certain qu'il t'irait à la perfection. J'espère que mon cadeau te fait plaisir. Bon, on y va ? s'impatiente-t-il.
Je crois rêver, ou plutôt vivre un cauchemar. De quel droit se permet-il de me dicter ma façon de m'habiller ? Au rythme où ça va, je devrais bientôt lui demander sa permission avant de mettre une culotte.
— Pourquoi n'as-tu pas emmené les affaires que j'avais préparé ? Il n'est pas à ma taille, je lui montre en brandissant le maillot une pièce aux froufrous rouge carmin. Je croyais que tu n'aimais pas que d'autres hommes me reluquent ?
La veine dans son cou se met à palpiter et je comprends dès l'instant ou les derniers mots franchissent la barrière de mes lèvres qu'il est trop tard. Lucas se rapproche dangereusement de moi et je jure comme à chaque fois qu'il s'énerve que ses prunelles marrons s'assombrissent jusqu'à devenir noires.
Il me surplombe de sa hauteur et saisit mon poignet pour le serrer de toutes ses forces. Les larmes me montent aux yeux mais je me retiens de crier. Lucas se penche à mon oreille pour me chuchoter d'un air sévère :
— Ingrid, si j'étais toi, j'irais dans cette salle de bain pour mettre ce putain de maillot de bain pour afin puisse aller à la piscine. Je crois que tu as déjà oublié que je ne suis pas quelqu'un de patient. Alors sois mignonne et fais ce que je te dis, OK ?
Au même moment, Odin se met à grogner et montrer les crocs en voyant que Lucas ne me lâche pas. Il n'en faut pas plus à mon bourreau pour relâcher sa prise. Je recule vivement jusqu'à sentir le mur froid contre dos. Acculée, j'expire un grand coup avant de poser mes doigts autour de la trace rouge qui vient d'apparaitre sur ma peau.
— Assis, j'ordonne à Odin d'une voix chevrotante.
Mon chien m'observe un instant avant de pencher la tête sur le côté. Son regard fait la navette entre Lucas et moi. Je sais exactement à quoi il pense à cet instant précis. Laisse-moi m'occuper de lui. Si seulement...Pendant quelques secondes, j'y songe sérieusement.
— Je t'attends là-bas, marmonne Lucas, en se dirigeant vers la sortie.
Je suis sa silhouette du regard jusqu'à ce qu'il s'arrête devant le chambranle. Sans un mot, il se retourne pour lancer un regard mauvais à Odin avant de claquer la porte.
Mon cœur rate un battement et des étoiles dansent dans mon champ de vision lorsqu'il disparait. Mes mains tremblent lorsque j'active le verrou. J'ai tout juste le temps de m'asseoir sur le lit pour reprendre mes esprits. Mon chien s'approche de moi et pose sa truffe humide sur ma jambe. Mes yeux bleus se noient dans ses prunelles en forme d'amande quand je souris tristement en le caressant.
— Bientôt, on s'échappera tous les deux. Il faudra qu'on recommence tout à zéro, mais je suis sûre que la Suède te plaira. Ensemble on y arrivera, n'est-ce pas ?
Tout est prêt. Ce n'est plus qu'une question de temps avant de m'enfuir.
Odin remue la queue comme s'il comprenait le sens de mes paroles. Ragaillardie par le réconfort de sa présence, je me force à enfiler la tenue que Lucas m'a offerte. Lorsque je réussis enfin à nouer correctement toutes les lanières du maillot, j'observe mon reflet dans le miroir. J'ai l'air si ridicule qu'un rire nerveux m'échappe. Je ressemble à une lolita dont la poitrine vient de gagner deux bonnets grâce aux coussins en mousse dissimulés dans le tissu.
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De feu et de glace
RomansaIngrid aurait dû se méfier de Lucas. Elle savait que les hommes manient avec dextérité le langage de l'amour. Pourtant, jamais elle n'aurait cru qu'en acceptant le verre de Lucas ce soir-là dans ce bar, sa vie volerait en éclat. Deux ans plus tard...