Chapitre 7

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Sven

Je me réveille en sursaut alors que l'aube n'est pas encore levée, alerté par les hurlements de ma mère. En bondissant de ma couche, je constate que mon corps entier me fait souffrir. Mes muscles ankylosés sont douloureux, j'ai même de la peine à respirer. Peut-être qu'une ou deux côtes sont cassées. Je coule un regard vers mon lit et découvre qu'Erik n'est plus là.

Ma mère rentre dans ma chambre, paniquée.

— Peux-tu m'expliquer, mère, pour quelle raison tu fais tout ce raffut ?

— Erik a disparu, lâche-t-elle, des trémolos dans la voix.

Je ris nerveusement en me frottant les paupières pour me réveiller.

— Allons, il n'est sans doute pas allé bien loin. Tu le connais, ce petit adore se cacher.

Un mauvais pressentiment m'envahit. Je ne sais pas si de nous deux, c'est elle, ou moi que j'essaie de rassurer.

— As-tu demandé à Astrid, si elle l'a vu ? je reprends.

— Elle aussi, est introuvable ! Des gardes sont partis à sa recherche !

Mon sang ne fait qu'un tour. Je repense à la soirée d'hier. Sa tentative de rapprochement, ses mains qui descendent le long de mon corps et moi qui la repousse. Se venge-t-elle pour mon attitude ? Cela me paraît absurde.

— Je m'en occupe. Reste ici au cas où Erik réapparaîtrait.

Ma mère porte les mains à son visage et se met à sangloter. J'essaie de la rassurer, mais le temps presse. Si mon neveu a été enlevé, il n'y a pas une minute à perdre.

Je m'habille à la hâte, prend mes armes et me dirige vers l'écurie afin de sceller mon cheval. Je croise quelques hommes, torche à la main, qui m'interrogent sur les lieux à fouiller.

— Partout, je décrète. Regardez chaque recoin, chaque cachette assez grande pour abriter Erik. Je veux que trois d'entre vous sortent de Jelling et le cherchent dans les forêts environnantes. Peut-être que c'est ma servante qui a enlevé le petit. Si c'est bien Astrid elle n'est peut-être pas très loin. Prions les dieux pour qu'il ne soit rien arrivé au petit.

Les guerriers se dispersent dans la ville meurtrie par les récents combats. Je galope à toute allure parmi les habitations des villageois et hurle à plein poumon le prénom de mon neveu. Une angoisse sourde s'insinue en moi. J'imagine le pire. Est-ce l'œuvre de mon oncle ? L'attaque surprise n'aurait-elle été qu'un cheval de Troie pour s'emparer de l'être le plus cher à mes yeux ?

Je ne sens plus mes mains engourdies sur les rennes de mon cheval. Je les serre, comme si ma vie en dépendait, et dans une certaine mesure, c'est le cas. Erik est mon point d'ancrage dans cette nouvelle vie que je déteste. Si j'ai accepté de monter sur le trône, c'est uniquement pour veiller sur lui, le protéger, comme s'il était mon propre fils.

Je baisse la cadence et passe doucement devant le temple. Des bruits étouffés me parviennent de l'intérieur de la bâtisse en bois et attirent immédiatement mon attention. Je descends de ma monture et m'approche à pas de loups de l'endroit sacré. Dans une main, je tiens mon épée, dans l'autre, ma hache.

Le sang bat à mes tempes. Je prends soin de respirer lentement, le plus silencieusement possible. Dans la pénombre, j'ai du mal à distinguer l'intérieur de la grande salle. Le feu censé brûler en permanence dans le foyer, semble avoir été éteint par quelqu'un. Les volutes de fumée du brasier dansent encore dans l'air devant l'autel consacré à la déesse Freya.

De feu et de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant